IMAM FANSOU BODIAN, L'INFATIGABLE COMBATTANT DE L'ISLAM
Ziguinchor, 3 mai (APS) - L’imam ratib de Bignona (Sud), Fansou Bodian, fait figure de grand combattant de l’islam dans la zone méridionale, en particulier dans la région de Ziguinchor où son action dans le domaine de l’éducation est visible avec la construction d'infrastructures pour la promotion de l’enseignement de l’arabe.
Vêtu d’une jellaba, une chéchia rouge sur la tête, les yeux cachés derrière des lunettes, le guide religieux dont la barbe a blanchi est entouré de ses disciples et de membres de familles pour les besoins des préparatifs du Gamou qui lui est dédié.
Il manie avec aisance l’arabe, signe de son passage dans les universités et instituts de formation des pays maghrébins.
Fansou Bodian qui naquit en 1942 à Diégoune, dans le département de Bignona, a très tôt été initié à la lecture du Coran sous l’égide de son père, Arfang Mamadou Kyang Bodian.
Déjà l’âge de 14 ans, il maîtrise des œuvres telles que le lakhdari, asmamiya, moukadamatou al izyah et Ibnou Mouhaibi, renseigne un document retraçant sa vie et son œuvre, remis à la presse par les membres du comité d’organisation du Gamou.
Encore tout jeune, il quitte son village natal pour Bignona, puis Sédhiou pour parfaire ses humanités. Sa quête du savoir le conduit ensuite en Mauritanie où, sous l’encadrement de l’éminent Chérif Mohamed Al Hafize Ben Harech Allawi Aïdara, il achève le Rissala, en 1961.
Il revient dans son village natal pour s’imprégner profondément auprès de ses aînés des réalités culturelles mais aussi des mœurs locales.
Puis, il part à Dakar où il s’inscrit à l’école franco-arabe de la rue Thiers. Les trois années qu’il a passé dans cet établissement sont sanctionnées par le baccalauréat en 1964. Son diplôme en poche, Fansou Bodian part enseigner l’arabe de 1964 à 1966 à Kathiang, puis à Bakau, en Gambie. Il fréquente ensuite successivement des instituts et universités de la Mauritanie, de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie où il obtint sa licence en 1970.
‘’De retour dans son pays, il entreprit d’entrer en contact avec des hommes de culture islamiques et les chefs religieux de l’époque pour s’enrichir de leurs conseils’’, note le document de presse.
Le marabout se lance ensuite dans une campagne de sensibilisation pour la promotion de l’enseignement de l’arabe. Selon lui, la meilleure pratique de l’islam passe par une meilleure connaissance de cette langue.
Selon le document remis à la presse, le marabout a construit 300 écoles avec des effectifs de 350 enseignants et 12 650 élèves, sans compter les réalisations dans le domaine de l’éducation à Bignona.
Il aide, à travers cette contribution, au relèvement du taux de scolarisation, et participe ainsi à la promotion de l’enseignement religieux, et au développement du civisme et de la solidarité.
Fansou Bodian a séjourné par la suite dans de nombreux villages de la Casamance, de la Gambie et de la Guinée-Bissau pour partager avec les populations et les marabouts sur l’importance de créer des écoles arabes et de former des enseignants pour une meilleure vulgarisation de l’islam.
C’est ainsi qu’il a implanté de nombreux dahiras dans la sous-région, en Europe et Amérique. Et c’est à partir de 1971 que les enseignants en arabe qu’il a formés, ont commencé à organiser des conférences religieuses à Bignona.
Le Gamou de Bignona, organisé pour la première fois en 1990, est devenu grâce à son aura et sa notoriété un événement international de très haute facture.
Pour couronner ses œuvres dans le domaine de la promotion de la langue arabe, la Syrie lui a décerné en 1999 le diplôme de prêcheur international.
Et il a acquis très vite le titre de chef religieux, et est devenu, en 2000, l’imam ratib de Bignona, après avoir été adjoint pendant de nombreuses années.
Acteur incontournable du dialogue islamo-chrétien, l’imam Fansou Bodian s’est engagé dans la recherche de la paix en Casamance, en proie depuis 1982 à une crise liée à la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC).
Sa notoriété a fait de lui, le médiateur incontournable de la crise casamançaise. Et son engagement, il le considère comme un sacerdoce dans la mesure où l’islam est, dit-il, une religion de paix.