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EXCLUSIF SENEPLUS TV - PREMIÈRE PARTIE : BOUBACAR BORIS DIOP, CO-AUTEUR DE "LA GLOIRE DES IMPOSTEURS"
Dans la première partie de l’entretien exclusif accordé à SenePlus TV, Boubacar Boris Diop estime que la France ne méritait pas les applaudissements qui ont accueilli son intervention militaire au Mali, il y a dix-sept mois. Pour le co-auteur de La gloire des imposteurs, l’opération Serval pose question. Et aux Africains et à l’opinion publique française.
Boubacar Boris Diop avait vu juste. Dans cet entretien exclusif accordé à SenePlus TV, il y a quatre mois, dans le cadre de la promotion de La gloire des imposteurs, son livre co-signé avec la Malienne Aminata Dramane Traoré, il martelait que «l’opération Serval (n’)a apporté (qu’)une relative stabilité au Mali». Ce n’était pas des propos rabat-joie ou un simple accès de colère anti-français. C’était plutôt une lecture de la situation qui se voulait froide et lucide.
L’écrivain sénégalais était d’accord que l’intervention de la France a permis de faire face à l’urgence, freiner la marche vers Bamako des Jihadistes. Mais, précisait-il, elle n’est pas synonyme de résolution définitive de la crise dans un pays profondément miné par les velléités guerrières des indépendantistes Touareg (Mnla), des islamistes d’Ansar Dine et des Jihadistes d’Aqmi.
La suite des événements lui a donné raison. Chassé par la porte, le mal est revenu par la fenêtre. En effet, un peu plus d’un an après Serval, le Nord du Mali a renoué avec la violence. C'était vers la fin du mois de mai dernier. Les rebelles du Mnla ont repris les armes à Kidal, tuant des militaires maliens et réinstallant une psychose que les populations croyaient éteinte avec l’intervention de l’armée française, en janvier 2013.
Si Bamako a connu un répit en ce moment, c’est grâce à l’intervention du président de la Mauritanie qui, il y a quelques jours, a réussi à convaincre les belligérants d’observer un cessez-le-feu.
Les Maliens, la plupart des Africains avec eux, auraient-ils trop tôt félicité la France ? Avaient-ils d’ailleurs de bonnes raisons de le faire ? Boubacar Boris Diop pense que non. À l’en croire, l’Hexagone ne méritait pas d’être applaudie lorsque ses forces ont repoussé les rebelles du Nord.
«Comment ça se fait qu’après 50 ans de Françafrique et 50 interventions militaires en Afrique (depuis les indépendances), nous nous retrouvions à applaudir les soldats français ?» se demande l’auteur de La Gloire des imposteurs. Qui estime que cette interrogation interpelle aussi bien les Africains que l’opinion française.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, dans cet entretien avec SenePlus TV, Boris a tenu à apporter une précision à propos des motivations de son livre : «Ce n’était pas un coup de colère (contre l’intervention française). Aminata et moi, on devait parler d’autre chose. On devait parler de la place de l’Afrique dans le monde contemporain.»
Ils ont été rattrapés par les événements au Mali. Et pour les analyser et y poser un regard critique, les décrypter et les mettre en perspective, ils ont choisi la voie épistolaire. Les deux auteurs se sont échangé des «vraies et fausses lettres» car par-delà leurs personnes, ils s’adressaient «à un public plus large», à l’Afrique et au monde.
Suivez la première partie de l’entretien de Boubacar Boris Diop avec SenePlus TV. Trois autres suivront.