VIDEOINCENDIE DE SANDAGA, UN ACCIDENT PAS TRES ACCIDENTEL
Décidément, les marchés brûlent toujours au bon moment ! Chaque fois qu’un projet de déguerpissement définitif ou temporaire d’un marché est agité, un «accident tombe à pic» pour consumer ledit marché, facilitant du coup l’opération envisagée. Ainsi, d’aucuns ont vite fait de croire que l’incendie nocturne du marché Sandaga, vendredi dernier, ne serait pas si accidentel que cela. On peut bien le croire, même s’il faut d’emblée circonscrire les pistes. En effet, devant un crime, le premier réflexe est de s’interroger sur qui a intérêt au crime. Dans le cas d’espèce, ce ne seront sans doute pas les autorités publiques que ce sont la mairie de Dakar, encore moins les autorités de l’Etat. L’opération de déguerpissement des marchands qui occupaient l’immeuble centenaire de Sandaga qui menace ruine, avait déjà été réalisée.
L’absence des commerçants durant la période de Tabaski avait été mise à profit pour fermer le marché. Cette astuce avait provoqué l’ire des commerçants qui estimaient avoir été bernés. En agissant ainsi, c’est-à-dire en mettant les commerçants devant le fait accompli, les autorités publiques (maire et préfet de Dakar) avaient réussi à déjouer toute possibilité d’opposition de la part des déguerpis mécontents. Il s’y ajoute que les lieux étaient dès lors protégés par les Forces de l’ordre dont le dispositif empêchait aux commerçants de pouvoir se réinstaller sur les lieux. Le maire Khalifa Sall et le préfet de Dakar, Alioune Badara Diop, avaient donc obtenu, sans encombre, le résultat recherché. Pourquoi se mettraient-ils à tenter le diable en commanditant par exemple un incendie criminel ? Encore qu’on ne leur a jamais connu des penchants ou des attitudes ou comportements criminels.
Seulement, on avait bien entendu des commerçants vitupérer à travers les médias, menaçant de se faire entendre par les autorités qui leur auraient porté un coup de Jarnac. Ces commerçants n’ont-ils pas intérêt, dans un acte de vengeance par exemple, de brûler le marché et d’en faire porter le chapeau aux «déguerpisseurs» ? Cette piste ne devrait pas être négligée par l’enquête qui est ouverte, car tout le monde se rappelle les réactions violentes de commerçants de Dakar suite à des opérations de désencombrement de la voie publique et de déguerpissements menées par les autorités municipales, appuyées par la force publique. Peut-être que l’absence de punitions sévères contre les auteurs des casses et autres violences à Dakar, a pu encourager des pyromanes à mettre le feu, cette fois-ci, au marché Sandaga. En tout cas, l’incendie violent du marché Sandaga peut bien être une façon de se faire entendre.
Par ailleurs, cet incendie est survenu dans un contexte politique qui pourrait pousser des adversaires politiques à fomenter un tel incendie dans une perspective de gêner le gouvernement et de susciter des troubles et remous politiques et sociaux. Certains milieux politiques de l’opposition sont déjà bien connus pour leur culture et leurs pratiques de violences de toutes sortes. Qui peut le plus peut le moins ! Quand on peut commanditer la mort d’un juge constitutionnel (Affaire Me Babacar Sèye), brûler le véhicule d’un journaliste étranger (Nicolas Balique de Radio France Internationale), massacrer des policiers (Affaire du 16 février 1994), perpétrer des attentats en faisant sauter des véhicules piégés à la bombe (attentats aux voitures piégés en novembre et décembre 1988) - et on en oublie- force est de dire que brûler nuitamment un marché serait un jeu d’enfant pour des criminels de cet acabit.
Qui ne se rappelle pas aussi les incendies des marchés de Kara et de Lomé au Togo, cette année même, des actes criminels pour lesquels des responsables politiques avaient été identifiés comme des commanditaires. Un tel forfait pourrait bien donner des idées. On ne le dira jamais assez, le régime du Président Macky Sall est menacé de déstabilisation par les responsables du Parti démocratique sénégalais. Déjà, lors de leur réunion du Comité directeur de leur parti du mercredi 13 mars 2013, les responsables du Pds, avec Oumar Sarr et Ibra Diouf Niokhobaye en tête, avaient menacé ouvertement de faire vivre l’enfer aux Sénégalais. Ainsi, dans un article en date du 15 mars 2013, nous mettions en garde en ces termes :
«Les menaces proférées sont à prendre très au sérieux, car le pouvoir de Macky Sall est menacé de déstabilisation par des opposants milliardaires qui ont amassé leurs fortunes par un pillage en règle des ressources publiques. L’Etat a le devoir de faire face à ces milliardaires du Pds qui entretiennent des nervis. Chaque citoyen doit se sentir concerné et se dresser en bouclier d’un régime démocratiquement installé et qui traduit l’aspiration profonde des citoyens qui l’ont plébiscité, il y a juste un an avec plus de 65% des suffrages. Va-t-on accepter que nos milliards volés servent à déstabiliser le Sénégal ? ». Cette question reste encore actuelle, plus que jamais. Et puis, qui était sur les lieux du crime ( ?) pour improviser une marche pour la libération de Karim Wade ? C’étaient notamment Farba Senghor et Bachir Diawara.
Les sapeurs-pompiers et les enquêteurs de la police, dès les premières constatations, considèrent qu’il y a une main criminelle derrière cet incendie du marché Sandaga. Nul ne peut comprendre la propagation aussi fulgurante du feu dans un endroit clos, donc non exposé aux vents, sur une superficie de 7 000 m2 et qui aura embrasé plus de 200 cantines. La présence «d’accélérants» du feu est très fortement soupçonnée. Reste à savoir si les enquêteurs sont bien outillés pour élucider les causes réelles d’un tel incendie, car il est de notoriété publique que la police scientifique du Sénégal ou le Groupement national des sapeurs pompiers manquent de spécialistes en enquêtes incendies. A chaque sinistre du genre, il revient aux compagnies d’assurances concernées de trouver des experts pour conduire les investigations. A propos d’assurances, il est aussi curieux que l’incendie de Sandaga tombe à un moment où une grande campagne pour inciter les commerçants à souscrire aux assurances-incendies est menée tambour battant.