INDE: DE GROS MOYENS ET DE L'EXOTISME POUR LES FOOTBALLEURS FRANÇAIS
Mikaël Silvestre a roulé sa bosse dans les plus grands championnats européens mais l'ancien international joue désormais les pionniers en Inde, où il profite des gros moyens de son club pour tenter de transmettre une culture du foot inexistante.
"Les moyens sont là, les franchises ont recruté des stars et on joue dans des stades de grande capacité, avec feu d'artifice et show à la manière des matchs de cricket", raconte à l'AFP le défenseur français, recruté par le Chennaiyin FC (sud).
Silvestre, après avoir commenté la Coupe du monde pour une chaîne de télévision indienne depuis Bombay, a rejoint la franchise de Chennai pour disputer l'Indian Super League (ISL), le nouveau championnat de football qui met aux prises huit équipes pendant plus de deux mois.
Une dizaine d'autres Français (Pirès, Trezeguet, Bernard Mendy...) participent à l'aventure d'un tournoi financé par une poignée de milliardaires et censé donner à l'Inde le goût du foot, dans un pays entièrement voué au cricket.
Pour Pirès, l'expérience va rapporter près de 600.000 euros. Ce sera 80.000 euros pour Mendy et quelques dizaines de milliers d'euros pour les moins connus.
"Les conditions sont bonnes, nous sommes logés dans d'excellents hôtels. En revanche, l'entraînement se fait sur un terrain en terre battue et la cadence des matchs, tous les trois jours avec de longs déplacements, est assez infernale. Du coup, nous avons des baisses d'intensité en fin de match", explique Silvestre.
Après la Suisse, la Grèce et la Bulgarie, Youness Bengelloun a lui rejoint la franchise du FC Goa, station balnéaire connue de l'est de l'Inde, aux côtés de Pirès et d'un autre Français, Grégory Arnolin.
Il y goûte l'ambiance "passionnée et bon enfant" d'une des rares villes ayant une culture du foot en Inde, et la "bonne affluence" dans les stades. Les organisateurs revendiquent une moyenne d'environ 24.000 spectateurs par match avec des tribunes parfois bien remplies, comme à Goa ou Calcutta, mais qui sonnent creux à Delhi.
Autre intérêt de l'expérience pour Bengelloun, "être entraîné par Zico, une légende, c'est un vrai bonheur".
Aucune culture tactique
Un brin d'exotisme et d'inattendu vient parfois surprendre des joueurs habitués aux conditions ultra-professionnelles de l'Europe.
"Il y a un peu d'improvisation ou de surprise. On a eu une longue coupure d'électricité en plein match et on a joué sur un terrain de cricket converti en terrain de foot", raconte Bengelloun.
Sur le terrain, les Français découvrent aussi la réalité d'un pays classé au 170ème rang du classement FIFA.
"La culture tactique de nos coéquipiers indiens est absente, on voit des buts qui sortent de nulle part", explique Silvestre, fort de ses 40 matchs avec les Bleus. "Ils ne savent pas forcément quand monter ou décrocher sur le porteur du ballon", ajoute-t-il.
Pour Grégory Arnolin, "techniquement, leur niveau est correct mais au niveau tactique, ils doivent apprendre des choses basiques. Ils écoutent nos conseils mais il leur faut un peu de temps pour les appliquer".
Silvestre donne ainsi l'exemple d'un de ses coéquipiers, devenu professionnel à 23 ans, pour qui "ce n'est pas facile d'apprendre si vite". Mais, dit-il, "le choix des organisateurs d'autoriser six étrangers sur la feuille de match est le bon".
Si pour l'ancien international, "l'ISL est installée et va perdurer", implanter le football en profondeur en Inde sera bien plus compliqué. "Les clubs vont devoir créer des infrastructures car ils manquent de terrains. Or, "dans les grandes villes, ce ne sera pas évident", souligne-t-il.
Après l'ISL, Silvestre rentrera aux Etats-Unis où l'attend un programme chargé, entre cours de management, licence d'entraineur et son poste de consultant TV pour la chaine Fox. "Je ne sais pas si je reviendrai, cela nécessite que je m'entretienne".
Quant à Bengelloun et Arnolin, l'horizon se limite pour l'instant à la fin de l'expérience indienne avant de rebondir éventuellement dans un autre pays.