J’AI DISPUTE 137 COMBATS DONT 134 VICTOIRES, 2 NULS ET 1 DÉFAITE
ENTRETIEN À TITRE POSTHUME - FALAYE BALDÉ, LE 27 OCTOBRE 2011
Cet entretien de feu Falaye Baldé, que Sunu Lamb sort a titre posthume, a été réalisé le mercredi 27 octobre 2010, au lieu d’entraînement de son fils Ama Baldé, à quelques semaines du combat de ce dernier contre Balla Diouf, le 8 janvier 2011. Dans cette interview dont une partie a été volontairement enlevée, le champion du Gabou revient sur bien de sujets. Entretien.
Malgré votre âge assez avancé, vous venez assister aux entrainements des lutteurs de votre école de lutte. Pourquoi ?
C’est vrai que j’ai pris de l’âge mais, même si je me déplace difficilement, je viens de temps en temps assister aux entrainements. Si l’un d’entre eux commet une erreur, je le corrige. Aussi, je viens les bénir et prier pour qu’ils aient des combats et qu’ils les remportent.
Vous venez alors souvent les regarder?
Je suis presque toujours là. Tant que je n’ai pas de problèmes pour me déplacer, je viens toujours. Et je reste jusqu’à ce qu’ils terminent leurs séances. Quand je vois que quelqu’un frappe mal ou qu’il ne sait pas éviter des coups, je l’appelle pour le rectifier. En effet, si un lutteur qui n’a pas de garde fait face à un adversaire qui est bon en boxe, il risque d’avoir des problèmes.
Que ressentez-vous en regardant les garçons s’entrainer ?
J’avoue que ça me rappelle plein de choses dans ma carrière. Parfois, il m’arrive de n’avoir envie que de me déshabiller pour aller me frotter à eux. J’ai souvent la chair de poule.
L’ANPS a récemment établi une liste des meilleurs lutteurs du cinquantenaire dont vous faites partie du trio de tête avec Yékini et Manga 2. Quel commentaire en faites-vous ?
Nonou lawaré démé (c’est ce qui est normal). Je ne suis pas de la même génération que Manga 2 qui, lui-même n’est pas de la même génération que Yékini. Mais chacun de nous a joué sa partition dans l’arène. Manga 2 est allé jusqu’à être roi des arènes et Yékini lui a succédé. Il est difficile d’enchainer dix combats sans défaite (il interrompt momentanément l’entretien pour suivre une action d’Ama Baldé, sourit avant de continuer avec nous). Moi, j’ai été champion international de l’AOF et suis actuellement ancienne gloire. Entre 1961 et 1963, soit en trois ans, j’ai disputé 137 combats dont 134 victoires, 2 nuls et une seule défaite. J’ai arrêté la lutte en 1976. Actuellement, il est rare de voir des lutteurs se rencontrer trois fois alors qu’il y a des lutteurs que j’ai battus 4 ; 5 voire 7 fois.
Peut-on savoir le combat le plus difficile de votre carrière ?
(Sans hésiter) Mes combats contre Landing Diamé. Il n’avait pas peur de moi, moi non plus. Il savait se bagarrer, maitrisait la lutte et était très courageux. Il ne reculait devant personne ni devant rien. Pourtant, il y avait beaucoup de poids lourds mais il ne reculait jamais. Nous avons lutté 13 fois. J’ai eu 7 victoires contre 4 défaites. Le reste (2 combats), c’étaient des nuls. Si on voulait sortir les plus grandes gloires de la lutte sénégalaise, Landing Diamé et moi occuperions les deux premières places.