JAMMEH JOUE LA CARTE DE L'AMNISTIE
Le Président gambien Yahya Jammeh est décidément un leader imprévisible aux aptitudes certaines pour dérouter ses adversaires.
Entre samedi dernier quand il annonçait la reprise des exécutions de personnes condamnées à mort en Gambie et ce mercredi au moment de célébrer les 21 ans de sa prise de pouvoir, Babili Mansa Jammeh s'est offert un virage à 180 degrés. Il a annoncé qu'il accorde l'amnistie à toutes les personnes condamnées à mort entre 1994 et 2013 pour meurtre, tentative de coup d'État et autres délits assimilables à des actes de trahison.
Applaudi par la foule de supporters venus écouter un discours généralement anti occidental, comme il le fait à chaque anniversaire de son coup d'État, Yahya Jammeh a dérouté tout le monde.
Tant son discours, en général très long, a été bref et son contenu se révélant une très bonne nouvelle pour les familles de Lang Tombong Tamba, ancien chef d'État-Major de l'armée gambienne, ou encore Mamadou Bo Badjie, ancien patron des renseignements, le capitaine Bunja Darboe de l'armée, Essa Badjie, ancien directeur de la Sûreté nationale, ainsi que plusieurs militaires, agents des renseignements et autres policiers qui remplissent les cellules de prison de haute sécurité de Gambie.
Car non seulement le président gambien dit leur accorder son pardon, mais il précise que toutes ces personnes devront rejoindre leurs familles avant la prière de demain vendredi après-midi. Jammeh ajoute que les meurtriers reconnus et condamnés comme tels et ayant vécu pendant plus de dix dans le couloir de la mort sont aussi pardonnés. Idem pour les trafiquants de drogue et les exilés gambiens fuyant la répression de son régime.
Pour justifier son amnistie, Babili Mansa dit se référer aux exigences du Saint Coran et de la Bible en matière de pardon. "Si je ne pardonne pas, pourquoi le Bon Dieu me pardonnerait-il ?" s'exclame Jammeh.
Le président gambien exclut toutefois une certaine catégorie de meurtriers de son amnistie. Il s'agit de personnes condamnés dans trois affaires dont l'une pour cannibalisme, une autre où un marabout que Jammeh appelle "Ayatollah" a tué son épouse et un autre cas concernant les assassins d'un ressortissant britannique poignardé plusieurs fois et dont le corps a été brûlé par ses meurtriers.
L'homme fort de Banjul indique aussi que les femmes coupables d'infanticide, les violeurs, les pédophiles et toutes les personnes condamnées pour actes de violences sur des femmes ou des enfants ne sont pas concernées par son élargissement.
En terminant son discours, Le natif de Kanilai a affirmé que toutes les personnes pardonnées devront s'évertuer à être du bon côté de la loi gambienne pendant les dix prochaines années au risque de subir le pire.
A noter que les personnes condamnées à mort à la suite du coup d'État manqué le 30 décembre 2014 sont exclus de l'amnistie de Jammeh puisque la période concernée par le pardon présidentiel se situe entre 1994 et 2013.