Juventus Turin: le temps n'a pas de prise sur Buffon et Pirlo
Le temps n'a pas d'emprise sur Gianluigi Buffon, 37 ans, et Andrea Pirlo, 35 ans, décisifs à l'aller contre Monaco (1-0), leaders attendus de la Juventus Turin mercredi en quart de finale retour de Ligue des champions.
- Buffon, le mur de Berlin -
Héros de la finale du Mondial-2006 à Berlin, Buffon s'entend souvent raconter cette manchette pour sortir une tête de Zidane qui filait sous la barre. Neuf ans plus tard, il figure toujours parmi les meilleurs portiers de la planète.
Contre Monaco, à l'aller, il a sorti les parades nécessaires face à Yannick Ferreira-Carrasco ou Geoffrey Kondogbia. Il commande encore la meilleure - de très loin - défense d'Italie, avec 15 buts encaissés, et encore: deux de ces buts sont au passif de Marco Storari, son remplaçant.
Le recordman de sélections en équipe d'Italie (145 capes) rêve même d'une sixième Coupe du monde, en 2018, pour battre le record qu'il partage avec le gardien mexicain Antonio Carbajal (1950-1966) et le milieu allemand Lothar Matthäus (1982-1998), même si "Gigi" n'était que remplaçant en 1998.
Leader charismatique à la Juve comme en Nazionale, idole de tous les stades d'Italie, Buffon n'a qu'un seul regret dans sa carrière, n'avoir jamais remporté la Ligue des champions.
"Je donnerais volontiers trois ou quatre ans de carrière pour la gagner, confie-t-il, arriver au bout ne me suffit pas, je suis déjà arrivé en finale une fois et ça ne m'a vraiment pas plu de la perdre comme ça". En 2003 avec la Juventus, il avait été battu par l'AC Milan aux tirs au but (0-0, 3 t.a.b. à 2), à Manchester.
S'il n'était pas du précédent duel ASM-Juve en C1, en demi-finale de l'édition 1998, ce n'est parce qu'il était trop jeune: il était titulaire à 17 ans, mais à Parme...
- 'Imhotep' Pirlo -
Surnommé "l'architecte", Andrea Pirlo dessine toujours des trajectoires géniales, même fatigué. Son oeuvre connaîtra sans doute une place aussi importante, dans les annales du foot, que celle d'Imhotep, architecte du pharaon Djeser au IIIème millénaire avant JC, dans les livres d'histoire.
Mardi dernier à Turin, au match aller contre Monaco, il n'avait pas joué depuis 50 matches, victime d'une vilaine déchirure au mollet droit, une blessure qui se soigne plus lentement à 35 ans. Emprunté, le barbu a manqué des passes faciles et perdu des ballons, mais ses compas étaient précis au moment d'envoyer Alvaro Morata vers l'action décisive, qui allait conduire au penalty du premier but.
A nouveau aligné samedi en championnat, Massimiliano Allegri voulant chauffer son vieux moteur diesel, il s'est montré un peu plus affûté, et a lancé d'un oeil sûr Leonardo Chiellini, son défenseur central, vers le but du 2-0 contre la Lazio Rome, celui qui écartait le dernier lointain concurrent pour le titre de champion.
S'il n'a plus le punch d'un milieu fougueux, Pirlo a toujours dans ses cahiers le geste qui va décider d'un match. Le sélectionneur Antonio Conte, son ex-entraîneur à la Juve, l'a convaincu de revenir en équipe nationale.
Pirlo a aussi la sagesse du trentenaire boucané (un des sens du nom d'Imhotep est d'ailleurs "le sage qui entre dans la paix"): il a su se réconcilier dès le début de la saison avec Allegri, qui l'avait pourtant laissé partir de l'AC Milan faute de lui promettre la place de son choix dans son système.
Quant à la Ligue des champions, il l'a déjà gagnée deux fois avec les "Rossoneri" (2003, 2007). Mais "Imhotep" Pirlo dessinerait volontiers une pyramide avec un troisième trophée.