KARIM SERA FIXÉ LUNDI
DEMANDE DE LIBERTÉ D’OFFICE POUR DÉTENTION ARBITRAIRE
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), présidée par Henri Grégoire Diop, a écouté hier les conseils de Karim Wade, les avocats de l’Etat et le parquet spécial sur la demande de liberté d’office pour détention arbitraire formulée par l’inculpé. L’ancien ministre sera fixé sur cette requête lundi. Mais tout porte à croire que le Cour va dire niet, comme elle l’a déjà fait pour Pape Mamadou Pouye. L’audience s’est déroulée de 11 h 30 à 16 h.
L’ancien ministre d’Etat Karim Wade, en détention pour enrichissement illicite présumé à hauteur de 117 milliards, va croiser les doigts jusqu’à lundi prochain, date à laquelle la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) va rendre son verdict sur sa demande. Joint au téléphone, un des conseils de l’inculpé précise qu’il ne s’agit pas d’une demande de liberté provisoire, mais d’une demande de liberté d’office pour détention arbitraire. Car, ont-ils estimé hier devant la barre, «en dehors de tout motif et notamment de l’incompétence de la Crei de connaître de l’affaire Karim Wade tel qu’en a déjà décidé la Cour de justice de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, sa détention ne devait en aucun cas aller au delà de 6 mois».
Or, a précisé la défense du fils de l’ancien Président de la République, leur client est en détention depuis 14 mois. Pourtant, ont plaidé les conseils, la loi sur la Crei et le Code de procédure pénale disent bel et bien que passé les six mois, le détenu doit être jugé ou libéré. « Mais notre client n’a été ni jugé ni libéré le 15 octobre 2013». Ce qui a fait dire à Mes Ciré Clédor Ly, El hadji Amadou Sall, Demba Ciré Bathily et Seydou Diagne que le second mandat de dépôt décerné à Karim Wade est un simple artifice, puisqu’il est resté six mois sans être entendu. Ces 6 mois écoulés, le parquet a pris encore deux mois, avant que la date d’audience ne soit fixée au 31 juillet.
La défense se dit convaincue que son client est un détenu politique. Dans son réquisitoire, le Parquet spécial, qui a bien évidemment dit niet à cette demande, a estimé qu’après les six premiers mois de détention, l’ancien ministre d’Etat était libre d’office et qu’il n’y avait nul besoin de lever son mandat de dépôt. C’est donc le second mandat de dépôt qui est actuellement en cours. S’ils n’ont pas programmé son jugement plus tôt c’est que, a argumenté le parquet spécial, il y a plusieurs témoins à l’extérieur du Sénégal à entendre et des mandats d’arrêt ont aussi été lancés.
La défense qui s’est opposée à l’intervention des avocats de l’Etat n’a pas obtenu gain de cause. Ces derniers, entre autres, ont soutenu que le Cour ne devait pas accorder une liberté d’office à Karim Wade parce qu’il a planqué des milliards à travers le monde.
Bénéficiant d’une double nationalité, il pourrait se réfugier en France une fois libéré et ce n’est pas ce pays qui a récemment prononcé un classement sans suite de la plainte déposée par l’Etat du Sénégal qui va extrader Karim Wade, ont plaidé les avocats de l’Etat.