KARIM WADE BLANCHI
PLAINTE DU SÉNÉGAL EN FRANCE
Les conclusions des investigations menées pendant des mois par le brigadier-chef de Police Grégory Basset, en fonction à l’Office Central pour la Répression de la Grande délinquance Financière - Plate-forme d’Identification des Avoirs Criminels (Ocrgdf-Piac) à Paris, sur la base de la célébrissime plainte de l’Etat du Sénégal contre une dizaine d’anciens dignitaires sont connues.
Les résultats ont certainement fait l’effet d’une douche froide au sein du Parquet spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), parce que Grégory Basset écrit textuellement : "A l’état actuel, la plainte déposée par l’Etat du Sénégal ne comprend aucun élément matérialisant les infractions reprochées à Karim Meïssa Wade."
Les conseils de l’Etat du Sénégal à Paris, Mes Papa Khaly Niang, Simon Ndiaye, Papa Moussa Felix Sow, avaient organisé un point de presse en grande pompe, à la "ville lumière" pour faire état d’"une première dans l’histoire judiciaire du Sénégal" : une plainte déposée par l’Etat du Sénégal contre une dizaine de personnalités de l’ancien régime, avec Karim Wade en tête de liste. Les robes noires, par ce face à face avec les journalistes, avaient pour objectif d’informer l’opinion nationale et internationale sur la procédure qui évoluait "positivement".
Que non. A propos de cette plainte déposée le 27 novembre 2012 auprès du procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Paris, le brigadier-chef de Police, Grégory Basset, en fonction à l’Office Central pour la Répression de la Grande délinquance Financière-Plate-forme d’Identification des Avoirs Criminels (Ocrgdf-Piac) conclut qu’"à l’état actuel, la plainte déposée par l’Etat du Sénégal ne comprend aucun élément matérialisant les infractions reprochées à Karim Meïssa Wade".
Karim, Jaber, Benichou, Syndiely, Bourgi
L’enquête préliminaire a donc été clôturée. Les autorités judiciaires ne pouvaient pas ne pas être au courant. Cette procédure visait des infractions gravissimes qui sont tombées comme un château de cartes. Elle concernait Karim Wade, Abbas Jaber, Paul Bénichou et Ibrahima Aboukhalil dit Bibo Bourgi "ainsi que toute autre personne que l’enquête serait amenée à identifier".
Blanchiment aggravé commis en bande organisée
La kyrielle d’infractions visées sont : recel de détournement de fonds publics, recel d’abus de biens sociaux, recel d’abus de confiance, recel de corruption, corruption d’agents publics et de personnes privées, blanchiment aggravé commis en bande organisée du produit des infractions de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, corruption et abus de confiance, recel de produit du blanchiment, complicité.
Ouf ! Selon la plainte soumise au brigadier- chef de police Basset, Karim Wade, riche comme Crésus, serait propriétaire d’un appartement luxueux Avenue Foch à Paris 16ème, d’un Falcon 50 immatriculé F-Guaj, acquis sous le prête-nom Abass Jaber. Cet avion, note-t-on dans le document, serait utilisé pour les déplacements personnels de l’ancien ministre de la Coopération internationale et de l’Energie, mais facturés à l’Etat pour un montant de 12,5 milliards de Fcfa entre 2005 et 2010.
Toujours à en croire les "informateurs" de Paris, Karim Wade occuperait avec ses enfants, un appartement Rue Victor Hugo à Paris 16ème, qui appartiendrait à Abass Jaber. Le même Karim Wade aurait aussi un bien situé à Saint Tropez. De même, il a ouvert divers comptes bancaires en France.
Caractère fantaisiste des sources de la plainte
Après avoir cité tous ces biens, le brigadier-chef de Police précise que la source provient d’éléments communiqués par l’Etat du Sénégal. Il s’agit du site www.capital.fr/enquêtes/revelations/lesfabuleux-pieds-a-terre-desdictateurs-etrangers... Parole d’Evangile? Le mieux est à venir.
Se référant au livre de l’actuel ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance Abdou Latif Coulibaly, "Contes et mécomptes de l’Anoci", le document note que Karim Wade, nommé Président du Conseil de surveillance de l’Anoci, est soupçonné d’avoir perçu d’importants pots de vin à l’occasion des appels d’offres lancés par l’Anoci. Interdit de rire.
les autres personnalités visées puis éludées de l’enquête
La plainte de l’Etat du Sénégal concernait également Oumar Sarr, Madické Niang, Ousmane Ngom, Thierno Ousmane Sy, Abdoulaye Baldé, Farba Senghor, Abdou Thiam dit Abdoulaye Thiam, homme d’affaires, dirigeant de Computer Land. N’ayant pas assez d’éléments permettant l’identification de ces derniers, Basset a éludé ces pontes de l’ancien régime dans l’enquête préliminaire.
Pour ce qui est des autres, à savoir Karim, Syndiély, Jaber, Bourgi, Bénichou, l’Officier de Police judiciaire (Opj) Basset qui clôt l’enquête préliminaire ordonne l’identification du patrimoine détenu. Depuis la date de clôture, il n’y a pas eu de saisine ni d’un tribunal à Paris, ni d’un juge d’instruction. Ce qui balise la voie pour un classement sans suite, selon nos sources.
La seule intervention faite par un juge français concerne l’exécution d’une commission rogatoire internationale (Cri) demandée par le Président Cheikh Ahmet Tidiane Bèye de la Commission d’instruction (Ci) de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), sur la saisine des bijoux de la défunte épouse de Karim Wade : une boîte violette et son emballage de marque Boucheron, contenant un bracelet serti de pierres.
Dans son édition de samedi, "L’as" avait écrit qu’il s’agit :
-d’un étui bleu contenant une paire de boucles d’oreilles serties de pierres.
-d’un étui cylindrique en cuir marron contenant une montre femme de marque Jaeger ainsi qu’une parure bracelet et boucles d’oreilles en métal blanc.
-d’un étui cylindrique en cuir marron contenant une montre homme de marque Patek Philipe et une montre homme de marque Van Der Bauwede.
-d’une boîte de marque Patek Philipe contenant une montre homme Patek Philipe.
-d’un étui cylindrique en cuir noir contenant une montre homme de marque Radiomir Panerai, une montre homme de marque Luminor Automatic Panerai Automatic, une montre homme de marque Franck Muller.
-d’une boîte Cartier rouge contenant une montre femme Rolex en métal jaune, une montre femme Vacheron Constantin en métal blanc, une bague en métal argenté sertie de pierres, une bague de marque Dinh Van et son étui, en métal argenté sertie de pierres, représentant deux anneaux entrelacés.
Le clou de cette procédure retentissante, c’est que les centres des impôts fonciers de Paris n’ont pu identifier qu’un seul appartement immatriculé au nom de Karim Meissa Wade. Il s’agit de celui de la rue Faisanderie dans le 16 ième, qu’il avait déjà déclaré dans ses réponses à la première mise en demeure.