KARIM WADE DOIT JUSTIFIER AUSSI L'ORIGINE DE PLUS DE 150 M D'EUROS A MONACO
DAKAR, 14 sept 2013 (AFP) - Le fils de l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade et ancien ministre, Karim Wade, détenu pour enrichissement illicite présumé, doit justifier aussi l'origine de plus de 150 millions d'euros à la banque Julius Baër de Monaco, ont affirmé samedi ses avocats à l'AFP.
Le procureur d'une Cour spéciale sénégalaise en charge de l'enquête pour enrichissement illicite, Alioune Ndao, a lancé vendredi "une nouvelle mise en demeure à Karim Wade en lui attribuant 98,6 milliards de FCFA" (plus de 150 millions d'euros), a affirmé à l'AFP Me Amadou Sall, un des avocats de Karim Wade.
"On lui a donné un mois (jusqu'au 14 octobre) pour justifier l'origine" de cet argent déposé, selon l'accusation, dans des comptes d'une banque à Monaco, a ajouté Me Sall.
Il s'agit de la Julius Baër de Monaco, selon des documents consultés samedi par l'AFP.
Ce nouveau montant de plus de 150 millions d'euros, selon Me Sall, "porte le patrimoine qui est attribué à Karim Wade à environ 800 milliards de FCFA" (plus de 1,2 milliard d'euros). "Ils sont allés chercher n'importe quoi pour le maintenir en prison", a-t-il indiqué.
Karim Wade, 44 ans, ancien conseiller spécial et "super ministre" de son père sous sa présidence de 2000 à 2012, a été inculpé et placé en détention préventive le 17 avril à Dakar par un juge de la commission d'instruction de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), une juridiction spéciale sénégalaise.
La durée de l'instruction est au maximum de six mois au terme desquels il doit bénéficier d'un non-lieu ou être renvoyé devant une juridiction pour un procès.
Le procureur de la CREI, Alioune Ndao accuse Karim Wade d'avoir acquis de manière illicite divers biens et sociétés d'une valeur totale estimée à 694 milliards FCFA (plus d'un milliard d'euros), ce qu'il nie.
"Les faits visés (dans la nouvelle mise en demeure) ne sont pas nouveaux. Ils étaient déjà dans la première", délivrée à Karim Wade en mars, un mois avant son inculpation et son placement sous mandat de dépôt, a dit Me Mohamed Seydou Diagne, un autre avocat de Karim Wade.
Le dernier montant attribué à l'ex-ministre sénégalais "est le total de tous les versements et virements effectués sur 30 comptes bancaires différents, sur une période de onze ans (de 2002 à 2013, appartenant à des propriétaires différents, des personnes physiques et morales, et considérés comme des complices et/ou prête-noms de Karim Wade", a ajouté Me Diagne.
Il a estimé que son client n'était pas propriétaire de ces fonds qui lui sont attribués.
Dans un communiqué parvenu samedi à l'AFP, les avocats de Karim Wade indiquent que les documents ayant servi à la nouvelle mise en demeure faite à M. Wade "sont constitués de pièces transmises par les autorités monégasques".
"Au lieu de demander la clôture de l'information et un non lieu que les faits imposent, l'accusation tente d'obtenir une nouvelle inculpation (...) dans le seul dessein de maintenir en prison Karim Wade qui, après cinq mois d'enquête, n'est toujours pas entendu sur le fond par les juges de la commission d'instruction" de la CREI, estiment-ils.
Karim Wade est également visé par une enquête en France à la suite d'une plainte de l'Etat du Sénégal pour recel de détournement de fonds publics, recel d'abus de biens sociaux et corruption.
Plusieurs anciens barons du régime de l'ex-président Abdoulaye Wade, dont d'anciens directeurs de sociétés, ont été emprisonnés ces derniers mois dans le cadre des enquêtes sur l'enrichissement illicite déclenchées par l'administration de Macky Sall, élu en mars 2012, face à Abdoulaye Wade.
L'ancienne formation au pouvoir, le Parti démocratique sénégalais (PDS) a dénoncé "une chasse aux sorcières".