Karim Wade envoie ses avocats à la Crei, Alioune Ndao le fait cueillir chez lui
Le délai qui a été fixé à Karim Wade pour prouver l’origine licite de ses biens a pris fin hier. Et c’est un document d’une cinquantaine de pages, concernant plus de 3000 points que ses avocats ont remis au Procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao.
En effet, le fils de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, n’a pas jugé nécessaire de se présenter devant cette juridiction spéciale. Il a juste envoyé trois de ses avocats, Mes Demba Ciré Bathily, Ciré Clédor Ly et Seydou Diagne, qui, accompagnés de la garde rapprochée de Karim Wade, ont remis le document entre les mains du Procureur spécial près la Crei.
Mais c’est comme si le dépôt de ce document n’a pas suffi au Procureur Alioune Ndao. Car, quelques minutes après leur départ, vers 16 heures 30 minutes, il a envoyé des éléments de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale pour cueillir Karim Wade à son domicile sis au Point E. Un acte qui a fait sortir ses avocats de leurs gonds.
En effet, pour Me Ciré Clédor Ly, un des avocats de Karim Wade, ce sont «des contrevérités qui ont été savamment planifiées par des officines du pouvoir, dont l’unique but est d’écorner l’image de marque de Karim Wade en le considérant comme un délinquant économique, histoire d’entacher son image et de réduire ses chances en politique. Voilà le mobile fondamental de l’activité de ce pouvoir qui a fini de fouler au pied les principes fondamentaux du droit».
Et déterminés à ne pas rester les bras croisés face à ce qu’ils appellent «une forfaiture», ces avocats promettent d’user de tous les moyens que leur confère la loi pour que «justice soit faite, pour qu’il y ait rectification historique de la justice sénégalaise». Au plan politique, l’avocat a invité tous les patriotes à se mobiliser pour dire non à «la forfaiture de l’Etat. Nous n’accepterons pas que les acquis démocratiques soient remises en cause pour des considérations politiques».
Un combat qui se justifie par le fait que, selon l’avocat, «Karim Wade est aujourd’hui victime d’acharnement, de persécution, de bousculassions étatiques du siècle. L’Etat du Sénégal a pris la lourde responsabilité, pour des considérations éminemment politiques, de mettre en branle des procédures judiciaires».
«Karim Wade serait considéré par le président de la République comme son potentiel challenger en 2017. Et comme il est conscient qu’il est en train de plonger le pays dans une mauvaise vie sociale, il veut faire de la diversion, car tous les clignotants de l’économie sont au rouge», dira l’avocat visiblement dans tous ses états.
Allant dans le même sens que Me Ly, Bachir Diawara, l’ancien directeur de cabinet de Karim Wade a lui aussi dénoncé cette arrestation de l’ancien ministre de l’Energie, des Infrastructures et des Transports : «Au plan juridique, ils ne peuvent pas l’arrêter. Il est clair que c’est sur instruction, et le Procureur spécial sait qu’il viole la loi. Ils ne peuvent pas le mettre en garde-à-vue aujourd’hui. Il appartenait au juge de le convoquer, après réception du document que nous avons remis au procureur aujourd’hui».