KEDOUGOU : Les compagnies minières priées de se ravitailler sur le marché local
La chambre de commerce d’industrie et d’agriculture de Kédougou a voté son budget de 2013, le samedi dernier. Ses membres ont profité de l’occasion pour demander aux sociétés minières de s’approvisionner sur le marché local afin de booster l’économie de la région, qui est au point mort.
Cinquante et un millions quatre cent quatre vingt-dix mille francs Cfa, c’est le montant du budget de la chambre de commerce d’industrie et d’agriculture de Kédougou pour l’année en cours. Il a connu une baisse de onze millions sept cent soixante mille francs par rapport au budget de l’an passé. Pour justifier cette baisse, le président de la chambre, El Hadji Mamadou Cissé explique : «On a voté un budget plus réaliste», tout en ajoutant que «c’est une sincérité budgétaire». Pour lui, c’est une manière d’être plus proche de la réalité. Un programme de développement économique a été mis en branle pour la période de 2013 à 2015.
Le programme va s’articuler autour de trois axes prioritaires, selon le président de la chambre de commerce. Il s’agit de la formation des entreprises locales, de la création d’un pôle économique tel qu’un port sec et le développement des relations entre les sociétés minières et les opérateurs économiques locaux. Il faut dire que les compagnies minières qui opèrent dans la région ne participent pas au développement économique de cette contrée. C’est pourquoi, les membres de la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture se sont élevés contre le fait que ces compagnies préfèrent faire leur marché ailleurs et même hors de nos frontières pour leur popote, laissant sur place les opérateurs locaux.
Ainsi, pour inverser cette donne et faire bénéficier les opérateurs locaux des retombées de l’exploitation des mines notamment de Sabodala, la chambre consulaire compte mettre sur pied une commission qui permettra de raffermir les liens entre les sociétés minières et les opérateurs économiques de la région. Ce, à l’instar de ce qui se fait ailleurs comme au Canada qui a été pris en exemple par le président de la chambre de commerce. Selon lui, ce n’est pas de l’aumône qu’ils demandent aux sociétés minières. Juste qu’elles s’approvisionnent sur le marché local pour booster l’économie de la région. Il s’est de même indigné du fait que les sociétés minières ne participent pas au fonctionnement de la chambre de commerce de Kédougou, en n’y cotisant pas du tout.
Le marché local peut il ravitailler les sociétés minières ?
Toutefois, la capacité des opérateurs locaux à pouvoir satisfaire cette demande prête à controverse. Interpellé sur cette question, Dr Mohamed Guiro opérateur économique, membre de la chambre de commerce explique : «Quand je demande un produit, je veux qu’il soit de qualité, un produit sûr et qu’on peut me livrer». Il indique que les sociétés minières «pensent de la même manière» mais sur une échelle plus large. «Elles se disent : Est-ce que je peux avoir des produits de qualité d’une part, et d’autre part est-ce que la quantité dont j’ai besoin peut m’être fournie et dans quel délai ?». En atteste d’ailleurs les propos du chef de service régional du commerce qui lance : «Non seulement, on ne produit pas assez à Kédougou, mais, l’orpaillage traditionnel est en train de tuer l’agriculture».
Cependant, pour que les commerçants de Kédougou en particulier et les opérateurs économiques sénégalais en général puissent bénéficier desdites sociétés, Dr Guiro pense qu’il faut qu’ils «se regroupent». Cela permettra selon lui d’amener lesdites sociétés à s’approvisionner sur le marché local surtout si les produits sont disponibles sur ce marché.