KHAAF’, COMBIEN DE DIVISIONS ?
PREMIER DE LA CLASSE MALGRE LUI…
Les locales viennent de rendre leur verdict, qui scelle bien des destins pour la prochaine décennie. Le grand vainqueur de cette consultation, sans nul doute, reste Khalifa Sall, Khaaf pour les initiés. Qui vient de défaire les troupes de Macky Sall à Dakar, là où tout se décide et, du coup, se voit propulsé au rang de présidentiable pour 2017.
Aux signes extérieurs du pouvoir, Khalifa Sall préfère définitivement le véritable pouvoir qui est celui de l’influence. Au parti des pétroliers socialistes, c’est désormais l’homme fort qui fore bien profond : il a mis tout son monde d’accord en élisant à lui tout seul comme premier sectaire Tanor Dieng, qu’il soutient comme la corde le pendu, après avoir éjecté Aissata Tall Sall de la course.
Après celle de son chef de parti, Khalifa Sall s’est aussi payé la tête du chef de la patrie. Pour ce qui est des locales, la balkanisation de la ville de Dakar, via la modification du statut des communes d’arrondissement n’y a rien fait : les listes de Khalifa Sall démolissent l’armada truculente que Macky Sall lui envoie, histoire de lui faire payer son outrecuidance…
Le refus d’allégeance du Maire de Dakar, auquel Sa Rondeur Macky propose son soutien aux locales en contrepartie d’une alliance pour la prochaine présidentielle. Pour punir l’insolent, Dakar est compartimentée en communes qu’attaquent les inconditionnels de Sa Rondeur. Mimi Touré, dont les crocs rayent le parquet, choisit de se payer la tête de l’arrogant premier magistrat de la ville : c’est à Grand-Yoff, dans son fief, qu’elle le défie.
Petit couac, y’a Adama Faye, le beauf’ de Sa Rondeur et frérot de la toute puissante Marième Faye-Sall, qui rêve de gloire tout autant qu’elle. Lui au moins, sauf divorce au sommet, ne peut pas lorgner sur le fauteuil présidentiel. Tandis que Mimi Touré, qui a déjà à son tableau de chasse un Premier ministre, Abdoul Mbaye, si elle se paye la tête de Khalifa Sall, peut être tentée de regarder plus haut.
Après tout, elle n’est qu’à une marche de la magistrature suprême… L’appétit vient en mangeant. Au fond, pour Macky Sall, quel que soit le résultat de la confrontation entre Mimi Touré et Khalifa Sall, l’ennemi viendra de Grand-Yoff !
En virant Mimi Touré de la Primature, en réalité, Macky Sall ne change pas grand-chose à l’avenir de ses relations avec son ancienne Première ministre. Ils sont destinés à s’affronter…
Grand gagnant des locales, donc, Khalifa Sall. Parce qu’il est le rare rescapé du Parti socialiste à tenir un fief honorable, digne de son rang. Même Tanor, qui s’épuise à survivre à Mbour, ne contrôle pas de département.
Aïssata Tall Sall, qui vient de retrouver une nouvelle jeunesse avec sa victoire étriquée de Podor, s’estime heureuse d’avoir la carrière sauve après la dérouillée subie aux renouvellements du Ps. Aminata Mbengue Ndiaye, n’en parlons pas : hormis sa mauvaise éducation, elle se fait laminer chez elle… C’est un miracle qu’elle ne soit pas virée du gouvernement pour inconduites répétées.
Pour tout dire, devant Khalifa Sall, au Ps, il n’y a rien, ni personne ! Or, le parti de Léopold Sédar Senghor, qui brigue les suffrages des Sénégalais alors qu’ils sont encore citoyens et sujets français, ne saurait manquer de présenter une candidature aux prochaines échéances. Son histoire, l’Histoire tout court, le lui interdit.
Khalifa Sall, donc, s’impose comme le principal concurrent de Sa Rondeur pour 2017. Un statut enviable qui lui ramènera à bride abattue tous les frustrés de la République, dont le clan Wade au premier chef. Ses relations avec le Père Wade même avant 2012 sont plus que convenables. Elles le seront davantage s’il reste la meilleure chance de déboulonner Sa Rondeur en 2017.
Le Père Ma Wakhoon-Wakhète, qui n’en est pas à un reniement près, n’aura aucun mal à larguer la famille libérale pour proclamer Khalifa Sall comme son héritier spirituel. Ce ne sera qu’un retour aux origines… Rappelez-vous, le Pds, en 1974, parti de contribution, travailliste, de gauche.
Pour que la tête de Sa Rondeur roule par terre, il y mettra sa science, sa capacité de nuisance, ses moyens et ses dernières forces. Il ne fallait pas jeter Karim Wade en prison, voilà tout !