MULTIPLE PHOTOSL'ÉTERNELLE PANNE DE MESSI
En 1978, l'Argentine organise sa première Coupe du monde dans une période dictatoriale confuse. Les généraux au pouvoir confirment Cesar Luis Menotti, qui avait pourtant mené la participation désastreuse au Mondial-1974 en Allemagne de l'Ouest, avec une dernière place dans la poule B du second tour de qualifications (4-0 devant les Pays-Bas et 1-0 devant le Brésil). Il fallait alors redorer le blason terni de la dictature.
Menotti va faire confiance à des joueurs expérimentés comme Kempes, Passarela, Ardiles, Bertomi et Luque, pour arriver en finale et battre les favoris néerlandais, après prolongations (3-1).
L'"Albiceleste" perd ce titre mondial en 1982 en Espagne et Carlos Bilardo arrive pour reprendre un groupe engourdi depuis son succès de 1978. En direction du Mondial-1986 au Mexique, il dispose de deux atouts majeurs : l'ossature de son club, Estudiantes de la Plata, et surtout les services de Diego Maradona qui brillait avec Naples.
Diego Maradona dont l'aura pèse aujourd'hui sur Messi et lui vaut les remarques les plus dures en Argentine.
Bilardo va surtout surprendre en alignant un 3-5-2 avec un libero et deux stoppeurs, un milieu tournant de cinq joueurs et une attaque en tiroir de deux éléments. Avec une attaque Valdano-Maradona, mais aussi Burruchaga en chef de défense et Ruggeri comme meneur au milieu, l'Argentine va survoler le Mondial mexicain avec un prodigieux Maradona, s'adjugeant son deuxième trophée.
Ce fut le dernier succès derrière lequel la sélection argentine court toujours.
Quatre ans après, l'Italie ne lui sourira pas autant que le Mexique. Les innombrables blessures et la méforme affichée par Maradona, victime d'une tumultueuse vie italienne, ne l'empêchent pas d'arriver en finale, mais ce sera pour plier devant la Rfa.
Plusieurs autres sélectionneurs vont s'aligner après Bilardo, comme Alfio Basile puis Marcello Bielsa en 2002, voire Jose Pekerman. Ce dernier, quand il arrive, couve alors un gamin de 18 ans, Lionel Messi. En direction du Mondial-2006 en Allemagne, il bâtit son équipe autour du jeune Barcelonais. L'Argentine se fait éliminer en quarts de finale par l'Allemagne, mais la belle destinée de Messi commence à s'écrire. Surtout avec le Barça. Car pour l'"Albiceleste", l'histoire cale toujours. En dix ans, Messi n'a remporté aucun titre majeur, malgré trois finales en Copa America (2007, 2015) et en Coupe du monde (2014).
En Argentine, les débats ne manquent pas de verser dans la comparaison avec Maradona. Pour les inconditionnels argentins, seuls comptent les résultats produits pour leur football. Ce qui se fait sur le "Vieux continent" leur est étranger. Et l'image laissée par Maradona à la Coupe du monde 1986 au Mexique est devenue une fixation. "El Pibe de oro" leur a rapporté, seul sur ses épaules, le titre Mondial. Messi leur offre d'éternels et lassantes secondes places.
Et cela commence à agacer Messi lui-même qui, en refusant le titre de Meilleur joueur de cette Copa America, a montré son dépit de l'échec final. Le génie du football actuel ne peut plus se contenter de demi-portions. Ni son public d'ailleurs, qui attend un titre majeur depuis 1986.
Dans le contexte actuel, le groupe argentin a commencé à se fissurer. Maschaerano envisage de quitter l'"Albiceleste". Et un autre débat mené par Maradona se pose : Messi est-il profondément habité par l'âme du football argentin ? Son brassard acquis dans sa jeunesse pèse-t-il très lourd ?
Messi a raté le coche avec ses couleurs nationales. Il a eu des occasions de rattraper Diego Maradona, mais ce dernier peut toujours afficher sa différence avec la "Puce". Cette dernière est peut-être faite pour le seul bonheur catalan.