''L’ÉLECTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SE FERA DANS LA TRANSPARENCE''
ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE DU PARTI
L’appel à candidatures qui sera suivi de l’élection du secrétaire général du Parti socialiste prouve que « la démocratie in- terne est une réalité » chez les socialistes, selon le porte-parole, Abdoulaye Wilane. Le maire de Kaffrine ajoute que le processus se fera dans la transparence et la démocratie.
Le Parti socialiste a lancé l’appel à candidatures pour le poste de secrétaire général. Qu’est-ce qui fonde cette démarche ?
Nous avons annoncé l’ouverture de la compétition pour le poste de secrétaire général du Ps. Les valeurs qui sont les nôtres et les pratiques politiques qui sont en cours dans le Ps recommandent que nous soyons en phase avec l’idéal démocratique, les valeurs au nom desquelles nous nous battons.
Je veux dire qu’au-delà du devoir impérieux de formation de nos militants, nous devons avoir, pour préoccupation, l’implémentation de ce que nous voulons réaliser dans le parti, à l’échelle nationale et à travers le monde.
Nous devons prouver l’idéal démocratique que nous prônons dans le parti. En d’autres termes, en démocratie, nous voulons prouver le mouvement en marchant. Je le dis et le répète, si nous entrons en politique, c’est pour servir l’humanité et notre pays. Sous ce rapport, tout ce qui est de rigueur dans un système démocratique doit l’être à l’échelle du parti. Mieux, les partis ont vocation d’être au service du pays.
C’est pour cela qu’en tant que citoyen, on peut servir le pays, son parti, quel que soit le niveau de responsabilité où l’on se trouve. Cet appel à candidatures vient démontrer, à ceux qui en doutaient, la preuve de la démocratie interne de notre parti.
L’exercice consiste à redonner aux militants la primauté dans l’affectation de la responsabilité. En démocratie, la source de la légitimité est le citoyen électeur. Aujourd’hui, c’est le militant détenteur de la carte et les militants délégués pour représenter les militants de cette instance. Pour le cas d’espèce, je veux indiquer que notre démarche consiste à faire confiance au parlement du parti dans chaque coordination.
Comment comptez-vous arriver à un tel scénario?
Les coordinations sont structurées comme suit : il y a, à l’échelle la plus proche du citoyen, le comité. C’est un ensemble de comités qui forme la section. Les secteurs envoient des délégués à la Commission administrative (Ca) de la coordination qui est composée de 200 membres parmi lesquels une représentation des jeunesses, des femmes et des sages.
Ce sont ces 200 membres qui décident, au nom et pour le compte de la coordination qui sont habilités à investir. Nous avons 138 coordinations qui seront représentées, chacune, par 200 membres qui forment le collège électoral.
C’est une sorte de suffrage universel indirect. Dans le passé, sous Senghor, on avait des délégués au congrès qui étaient au nombre de 2500 qui élisaient le secrétaire général. Aujourd’hui, nous avons élargi la base électorale, la source de légitimité de celui qui préside aux destinées du parti.
Pourquoi avez-vous décidé de procéder à ce changement ?
L’élargissement de la base électorale du parti confère au secrétaire général plus de légitimité. De ce point de vue, nous avons cette volonté de continuer à faire en sorte que le parti soit la locomotive des avancées démocratiques.
Comment les opérations vont se dérouler sur le terrain ?
Dans un premier temps, nous avons ouvert l’appel à candidatures. Chaque militant du Ps qui s’estime être à même de diriger le Ps peut se faire investir par sa coordination ou une autre coordination. L’essentiel est qu’il y ait une Ca de coordination.
Il ne s’agit pas d’avoir tous les 200 membres d’une Ca de coordination. Il suffit d’avoir la majorité d’une Ca qui vous investit et qui en informe la direction du parti à travers la commission qui supervisera ce processus. Une fois que cela est fait, le candidat s’engage à se présenter à l’ensemble des candidats.
Après la clôture du dépôt des candidatures, nous aurons trois jours pour rassembler le bien-fondé de la légalité ou la légitimité de la proposition de candidatures. Les candidatures retenues seront ensuite proclamées trois jours plus tard.
A partir du 21 mai, nous allons convoquer l’ensemble des Ca de coordination. Une fois que le vote est fait, les résultats sont cosignés dans un procès-verbal dûment établi et seront remontés au niveau central. Nous allons rassembler tous les résultats.
Chaque nombre de voix engrangé par un candidat sera totalisé. Le dépouillement se fera ensuite pour indiquer la personne élue secrétaire générale du parti à partir du congrès qui va se tenir les6et7juin.
Est-ce que des critères sont définis pour la validation des candidatures ?
Qui parle de candidature parle de critères. Le simple fait de dire qu’il faut être investi par une coordination est un élément de critère.
Comment le vote sera organisé?
Le vote se fera par bulletin secret dans les Ca dûment convoquées. Les électeurs vont présenter leur carte de membre et leur carte nationale d’identité. Une fois que le vote est fait par bulletin secret, on dépouille en présence des délégués des candidats. S’il y a un seul candidat, on le constate tout en soumettant sa candidature au Ca. Cette situation s’est présentée en 2007 et en 2012.
Quelles sont les mesures prises pour la transparence du processus ?
A travers l’élection du secrétaire général, le Ps fait la leçon à toutes les formations politiques. Le Ps est un patrimoine commun à toutes les générations. Quiconque veut y écrire sa page d’histoire de notre vie commune peut y entrer et y dérouler son combat. Les mesures seront celles que la démocratie suggère. Tout se fera dans la démocratie et la transparence.
Le consensus sera-t-il privilégié pour éviter le vote ?
La démocratie n’est pas antinomique à la recherche du consensus, parce que l’on accepte que ce que l’on veut accepter. Je signale que les renouvellements, dans les instances de base, ont été faits, pour la plupart du temps, par consensus.
On a rarement eu de cas d’arbitrage des camarades avec le vote. Mais nous épuiserons toutes les voies politiques que la démocratie permet d’explo- rer. Si l’on n’a pas de consensus, on fera recours à la démocratie. Les va- leurs de la démocratie sont univer- selles. C’est la loi de la majorité qui prime sur toute autre considération.
Est-ce qu’Ousmane Tanor Dieng peut encore être candi- dat ?
Aucun texte du parti n’interdit à Ousmane Tanor Dieng d’être candi- dat. Maintenant, cela dépend de sa base et de la base du parti.
Que pensez-vous de l’opinion de ceux qui disent qu’il doit laisser la place aux jeunes ?
Ils sont libres de penser comme cela. Je respecte tous les points de vue. Mais entre ce que les gens veu- lent et ce que les militants du Ps choisissent, il peut y avoir un déca- lage. L’essentiel est que les uns et les autres apprennent à se respecter. On peut ne pas aimer un parti politique, on ne peut pas lui donner des in- jonctions sur ce qu’il doit faire. On doit laisser les militants de ce parti décider de leur avenir.
Je respecte le point de vue de ceux qui prônent un changement, mais j’estime que le fait de diriger le parti ne se pro- clame pas, cela se mérite. Le dernier congrès avait permis la suppression du poste de premier secrétaire et la création de la fonction de secrétaire général.
Peut-on s’attendre à des ré- formes?
La vie est faite de réformes et de remises en cause. Il est tout à fait envisageable qu’à un moment donné, les gens décident de réfor- mer les instances du parti.
Jusqu’au congrès qui est habilité à réformer, le Ps fonctionne avec un secrétaire général et des adjoints. On va élire un secrétaire général qui propo- sera un bureau politique qui va être soumis aux instances habilitées.
Des jeunes demandent l’élection de Khalifa Sall à la tête du parti...
C’est tout à fait normal. L’ambition est le moteur de la vie. Mais entre ce que l’on veut et ce que l’on peut, il peut y avoir une rencontre ou séparation de destin.
Que certains le veuillent ou que lui-même le souhaite, cela peut se comprendre, mais pour l’instant, arrêtons de faire dans les divinations. Jusqu’au moment où je vous parle, je n’ai pas vu un acte politique issu d’une coordination pour proposer la candidature des deux camarades.
Combien de cartes ont été vendues ?
Environ 400.000 cartes ont été vendues. Les renouvellements se poursuivent.