L’A.B.C. DE LA POLITIQUE
Faudra-t-il encore que je me répète puisque je l’ai dit à longueur d’articles dans cette même rubrique. Je n’aime pas du tout la politique et les hommes qui la font dans notre pays. Des politiciens qui s’amusent avec le peuple en lui faisant miroiter des choses irréalisables. Autrement dit, qui mentent à notre bon peuple exactement comme sous d’autres cieux, des hommes politiques racontent des histoires aux populations. Cela dit, lorsqu’il arrive quelques rares fois que certains politiciens tiennent des propos censés, je reste suspendu à leurs lèvres et j’écoute ce qu’ils disent avec un plaisir non dissimulé.
Me Alioune Badara Cissé, l’ex-coordonnateur de l’APR (Alliance Pour la République), puisqu’il a été démis de cette fonction, fait partie de cette race d’hommes politiques que j’admire. Je le suis depuis sa défenestration du ministère des Affaires étrangères. A l’époque, j’avais apprécié le fait qu’il ne parlait pas avec un cœur gros, c'est-à-dire celui d’un déçu ou jaloux, mais avec la tête.
C’est connu, dans la cour du roi, on ne rencontre souvent que des courtisans, des zélés, des laudateurs, flatteurs et autres. On y croise rarement des personnes qui disent la vérité au roi parce que, tout simplement, tous ces courtisans ont peur de perdre leur place ou leurs privilèges, s’ils ne cherche pas à se faire attribuer un strapontin qui les rendrait heureux pour le restant de leurs jours. Et Dieu sait qu’ils sont nombreux au sein du pouvoir, les courtisans. « A.B.C », donc, je le suis depuis quelques mois et j’ai même commencé à le prendre en estime et en affection pour son courage intellectuel.
En voilà un homme libre ! Ce qui est rare sous nos cieux où l’on épouse volontiers la « vision » du Prince juste pour pouvoir bénéficier de prébendes. Et tant pis si, en réalité, ses vues sont diamétralement opposées à vos convictions profondes. A supposer que vous en ayez, bien sûr ! Autant dire que nos politiciens ne croient en rien et ne possèdent pas non plus une once de dignité. Me Alioune Badara Cissé, lui, est un homme racé comme il n’en existe plus. Il ne semble pas obnubilé par le pouvoir et ses ors. Il est le seul à oser dire au président ce que la plupart de ses collaborateurs murmurent tout bas. Et pour avoir tenté d’ouvrir les yeux à son président de Parti, on lui a ôté tous ses pouvoirs. Sauf, bien sûr, sa liberté de parole et de pensée.
Sa récente sortie m’a fait découvrir un homme droit dans ses bottes et qui voit plus loin que la pléiade de conseillers du président Macky Sall. Il nous conforte dans notre position s’agissant de Bara Gaye, le patron des jeunesses travaillistes et libérales, lorsqu’il estime que la place de ce jeune homme n’est pas en prison mais au sein de sa famille. A propos de l’émissaire de Wade, Alioune Aïdara Sylla, qui croupit en prison aussi, « A.B. C. » a formulé ce que tous les hommes honnêtes et épris de droit et aussi de justice pensent. C'est-à-dire que le monsieur subit un déni de justice.
Au même titre que Karim Wade et tous ces messieurs qui croupissent en prison en vertu de cette funeste chasse à l’homme appelée « Biens mal acquis » alors que des voleurs, on en trouve partout dans notre pays et jusqu’au saint des saints du pouvoir. Juste pour dire que la pourriture est partout. Ça, on doit oser le dire et tous ceux qui se disent démocrates doivent en faire autant. Ses collaborateurs ne disent pas la vérité au président de la République et ils maquillent les faits pour lui dire que le Sénégal ne s’est jamais mieux porté que sous son magistère. Et ce jusqu’au jour où il découvrira qu’il n’était entouré que de faux zélés.
Et là, la chute risque d’être brutale et la désillusion cruelle à l’instar des notes du Doing business qui placent notre pays dans un rang qui pourrait faire rigoler ses détracteurs. Monsieur le président, écoutez « A.B.C. », réveillez-vous car l’heure est grave. S’agissant justement de votre ancien numéro deux au sein de votre parti, celui-là même que vous venez de limoger de ses fonctions de coordonnateur de l’APR, il vaut mieux l’avoir à vos côtés qu’hors du pouvoir. Et puis, nous ne sommes plus dans les années soixante où la pensée était unique. Réveillez-vous, Monsieur le Président, avant qu’il ne soit trop tard !