L’aile citoyenne du M23 rompt le cordon
Absence de réforme institutionnelle et de politique d’emplois...
De retour dans la salle de l’Institut culturelle Daniel Brothier où tout a commencé un 22 juin 2011, l’aile citoyenne du M23 qui commémorait l’an I de la victoire sur le régime libéral a pu mesurer à quel point sa capacité de mobilisation s’est effritée. Le constat est patent : la majorité des membres de ce mouvement se sont «dilués» dans le pouvoir, comme le regrette Pr Ahmet Ndiaye dans son exposé sur les réformes institutionnelles nécessaires pour garantir l’Etat de droit au Sénégal qui n’en est toujours pas un. «Il faut que la société civile évite de se diluer à la politique. Cette salle serait pleine si certains grands acteurs de la société civile n’avaient pas donné l’impression que tout cela était fait pour des postes et des perdiem», se désole le constitutionnaliste qui a été aux avant-postes dans le combat contre le régime déchu.
Un an après, les réformes institutionnelles placées en vitrine lors de la campagne électorale semblent être rangées dans les lugubres tiroirs de l’oubli. Toutefois, c’est sans compter avec la persévérance de ce dernier qui a décidé de jouer son rôle de veille et d’alerte aux côtés du M23. Axant son intervention sur les réformes institutionnelles, M Ndiaye fait savoir que «le Sénégal n’est pas un Etat de droit. L’Etat de droit postule d’abord une séparation des pouvoirs. Aujourd’hui, il serait présomptueux de penser que nous sommes dans une séparation des pouvoirs. Le Parlement est embastillé ; la justice est embrigadée. Les autres institutions ne marchent pas, parce qu’il y a une institution carnivore qui est l’institution présidentielle», argue le constitutionnaliste. Ainsi, la nécessité est devenue impérieuse de «redimensionner humainement l’institution présidentielle, donner un contenu à la Haute trahison, de re-profiler le statut de parlementaire, de soumettre la nomination des directeurs de sociétés au vote de l’Assemblée nationale, entre autres».
D’après le chercheur Amadou Gaye, une négligence ou une mauvaise politique d’emploi par ces temps de désespérance profonde de la jeunesse pourrait annihiler la stabilité sociale au Sénégal comme ce fut le cas en Tunisie. Avec 1 million de demandeurs chaque 5 ans, le marché de l’emploi doit faire l’objet d’études. L’objectif doit être, alors, d’explorer les voies et moyens susceptibles de placer l’emploi au cœur des politiques publiques. Déjà une esquisse de solution est proposée par le paneliste qui invite l’Etat à investir les 300 milliards engrangés de la délivrance de la 4e licence de téléphonie, dans la création d’un nouvelle espace économique au Sénégal Oriental, nanti en richesses minières.