L’APR FACE A LA RECONFIGURATION DE LA CARTE POLITIQUE : L’HEURE EST GRAVE
(Dakar) Le journaliste Abdoulaye Mbodj analyse l’évolution de la situation politique qui a connu selon lui deux faits importants : notamment l’agitation à Fekkee Ma Ci Boole, le mouvement de l’artiste-compositeur dont l’aile dure demande la séparation définitive avec le président Sall malgré la nomination de leur leader au poste de conseiller du président avec rang de ministre et la sortie de Rewmi d’Idrissa Seck de la coalition majoritaire Bennoo Bokk Yakaar mercredi dernier. Selon Abdoulaye Mbodj qui ne rate pas Idrissa Seck dans son analyse, le parti du Président Macky Sall (Alliances pour la République) est face à un recomposition politique qui n’est pas sans danger pour lui. iGFM vous fait ci-dessous l’économie du texte.
«La sortie d’Idrissa Seck de Bennoo Bok Yaakaar, et la non reconduction de Youssou Ndour au ministère de la culture, même si l’homme est finalement nommé ministre-conseiller auprès du président de la république, signent, quoi que puissent penser des deux hommes leurs détracteurs, une nouvelle reconfiguration de la carte politique. Youssou Ndour bien que casé va très certainement résister mal à la très forte pression de l’aile dure de son mouvement Fekke ma Ci Bollé qui lui demande non sans insistance de prendre ses distances d’avec Macky Sall. Yousssou Ndour est devant un dilemme. Partir ou rester. L’hypothèse la plus probable est que Youssou Ndour finira par partir pour éviter toute éventuelle rébellion à l’intérieur de son mouvement. Quand ? la question reste posée. Mais au vu de la pression de ses amis tout laisse croire que Youssou Ndour ne restera pas longtemps auprès du président de la république. Ses amis pensent qu’il bénéficie d’un quotient politique élevé dans l’opinion sénégalaise de l’intérieur comme de l’extérieur et que sa collaboration avec Macky Sall nuit plus au mouvement qu’il ne le revigore.
Un peu partout dans la diaspora européenne des voix de Fekke ma ci Boolé commencent à s’élever réclamant ouvertement le départ de Youssou Ndour du camp présidentiel. Sa nomination comme ministre conseiller, expliquent certains de ses partisans relève d’une stratégie politique savamment calculée et dont ils invitent leur leader à prendre ses gardes. Selon eux la stratégie est de confiner Youssou Ndour dans ce poste pour lui priver du temps nécessaire de s’occuper de son mouvement. On se souvient de l’écho favorable que la fameuse déclaration de Youssou Ndour « j’ai demandé au président de me libérer », au lendemain du remaniement du gouvernement, avait trouvé auprès de ses partisans. Depuis lors, comme si quelque chose se prépare, plusieurs sections du mouvement s’activent pour relancer Fekke Ma Ci Boolé dans plusieurs endroits du territoire et dans la diaspora. Cette fameuse déclaration avait sonné comme un rappel des troupes sur fond de mobilisation pour la redynamisation de Fekke Ma Ci Boolé. Un rappel des troupes que la diaspora a bien saisi d’autant qu’elle rumine sa déception. Elle considère que son investissement auprès de ses camarades de l’APR lors de la campagne électorale, n’a pas été récompensé puisque aucun membre de Fekke ma ci Boolé n’a été nommé ambassadeurs ou consuls. Tous les postes, se désolent-ils, ont été attribués aux militants de l’APR. Autre cause de la nouvelle reconfiguration de la carte politique, le départ d’Idrissa Seck de Bennoo Bok Yaakaar. Désormais c’est plus que clair. Idrissa Seck est opposant. Passé maître dans l’art de la démagogie Idrissa Seck a déjà affiné l’angle d’attaque de sa communication. Expliquer sa rupture d’avec Macky Sall par son désaccord de la politique gouvernementale. Un discours qui pourrait, il faut l’avouer, bien passer puisque l’homme a érigé le mensonge en stratégie politique. Et c’est dans les masses rurales que ce discours pourrait éventuellement faire mal à Macky. La politique gouvernementale souffre d’un déficit patent de communication. Et c’est dans cette brèche qu’Idrissa Seck va s’engouffrer pour ternir sans vergogne la politique du gouvernement. Il va sillonner le Sénégal des profondeurs et la diaspora en prêchant la parole mensongère teintée du lyrisme qu’on lui connaît, focaliser ses attaques haineuses sur Macky Sall. Face à cette nouvelle reconfiguration de la carte politique, l’APR risque d’être prise au dépourvu. Surtout dans la diaspora où le parti ne semble plus exister. Des Délégations des sénégalais (DSE) mises en coupe réglée, des sections qui n’existent que de nom. C’est un boulevard qui s’ouvre devant Idrissa Seck si l’APR continue de rester dans son évanescence. Quant à Youssou Ndour il bénéficie d’une importante popularité dans la diaspora surtout au niveau des jeunes issus de l’immigration sénégalaise. Celle-là même qui avait voté massivement en faveur de Macky Sall lors de l’élection présidentielle dernière. L’heure est grave pour l’APR.»
Abdoulaye Mbodji Journaliste (Promotion 2005/ Ecole Supérieure de Journalisme de Paris).