"L’AVENIR DE LA FRANCOPHONIE SE JOUERA AUSSI SUR LE TERRAIN DE L’ÉCONOMIE"
MACKY SALL, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

En ouvrant, hier, les travaux du premier Forum économique de la Francophonie, le président de la République, Macky Sall, a invité à travailler ensemble à la facilitation des échanges et à promouvoir les partenariats entre secteur privé dans l’investissement et la création de joint-ventures. La langue en partage doit être, selon le chef de l’Etat, utilisée pour faciliter les contacts avec les hommes d’affaires, la communication et renforcer les échanges.
Le premier Forum économique de la Francophonie s’est ouvert, hier, dans le somptueux cadre du Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, sous la présidence du chef de l’Etat, Macky Sall.
Un moment à la fois historique car étant une première dans l’histoire de la Francophonie, mais aussi, comme l’a souligné le président Macky Sall, il est le tout premier évènement abrité par le Cicad après le 15è sommet de la Francophonie.
La présence du désormais ancien secrétaire général de l’organisation international de la Francophonie (oif), Abdou Diouf, de l’ancien Premier ministre français, alain Juppé, du ministre canadien du développement international, ministre de la Francophonie, Christian Paradis, entre autres, constitue également un bon baromètre pour mesurer l’importance de la rencontre et la qualité des contributions attendues.
En effet, cette rencontre de deux jours s’est organisée autour de plusieurs panels relatifs à plusieurs questions de développement afin de sortir des idées et des propositions devant renforcer le contenu de la charte de Dakar qui sera adoptée au terme du forum qui s’achève aujourd’hui.
Une langue qui facilite les affaires
Ouvrant les travaux, le chef de l’Etat n’a pas manqué de relever l’importance que constitue, à ses yeux, l’espace francophone qu’il considère, avant tout, comme un poids économique non négligeable.
Il représente 14 % de la population mondiale, 20 % des échanges internationaux de marchandises, 16 % du Produit intérieur brut (Pib) mondial et 14 % des réserves minières de la planète.
« L’espace francophone, c’est aussi une langue en partage qui facilite le contact avec les hommes d’affaires, la communication et les échanges », a relevé Macky Sall qui considère également cet espace comme une tradition juridique commune (ohada) et un marché intégré comme l’uemoa.
Toutefois, au-delà de toutes ces réalités, le président estime que cette force économique ne peut vivre et prospérer que dans le commerce, les échanges et l’investissement.
Dès lors, le chef de l’Etat est d’avis qu’il faut trouver des solutions à plusieurs équations, notamment la transformation du potentiel d’investissement en opportunités concrètes d’échanges et de commerce et d’investissement.
Il s’agira aussi de trouver les moyens d’accompagner et promouvoir les échanges intra-francophones, mais surtout de travailler ensemble à la facilitation des échanges entre les secteurs privés dans l’investissement et la création de joint-ventures.
Ce sont là quelques questions cruciales auxquelles, de l’avis du chef de l’Etat, le premier Forum économique de la Francophonie devra aider à trouver des réponses.
Pour Macky Sall, dans un monde ouvert et globalisé, l’avenir de la Francophonie ne peut se résumer aux problématiques de la langue, de la diversité culturelle et de la vie politique et institutionnelle. « il se jouera aussi de manière décisive sur le terrain de l’économie ».
«Nous sommes dans un monde de compétition ou la concurrence constitue l’une des règles d’or. Nous sommes, pour la plupart, liés par des accords bilatéraux où des mécanismes communautaires plus ou moins avancés avec les droits et obligations y afférents », estime le président de la république.
Au demeurant, pense-t-il, « les composantes économiques de l’espace franco- phone ne sont ni homogènes, ni d’égal distance. C’est dire qu’au-delà des clichés réducteurs et idées reçues, il nous faut, dans la recherche d’une stratégie économique de la Francophonie, tenir compte de toutes ces réalités si nous voulons faire œuvre utile dans nos analyses et propositions ».
il s’agira, selon Macky Sall, de moins définir un cadre juridique et institutionnel des échanges dans l’espace francophone, que d’imaginer des solutions pratiques et opérationnelles pour stimuler les échanges.
il s’agit aussi, par exemple, de trouver des solutions à l’accès aux crédits, aux garanties souveraines, ou bien à la question des visas en particulier pour les opérateurs privés, parmi d’autres contraintes.
Dans ce même registre, le président Macky Sall souhaite qu’une attention particulière soit accordée aux Petites et moyennes entreprises (Pme) qui, souligne-t-il, dans bon nombre de pays, portent le dynamisme de la croissance, de la création d’emplois, et de l’exportation.
Nouvelle stratégie de coopération économique
Avec la nouvelle stratégie économique adoptée par le sommet de Dakar, l’organisation internationale de la francophonie (oif) a fixé, au plus haut niveau, de nouvelles perspectives de coopération et de partenariat dans l’espace francophone.
Mais, de l’avis du président Macky Sall, pour aller de l’intention aux actes, les rôles sont partagés. Le secteur privé devra donner corps et âme à cette vision politique, tandis qu’aux Etats incombera la charge de créer les conditions nécessaires.
il estime que le sénégal peut bien y arriver eu égard aux efforts fournis dans les réformes. «J’estime, pour ma part, que nous pouvons y arriver si l’on se fie au dernier classement du doing business de la banque mondiale », ajoute le chef de l’Etat.
En effet, parmi les dix pays africains meilleurs réformateurs en environnement des affaires, rappelle le président Sall, les cinq sont des pays francophones dont le sénégal.
C’est pourquoi, en ouvrant les travaux du forum, le président de la république a invité la communauté francophone à « porter ensemble ce viatique dans la quête d’un destin commun, un espace francophone fort de sa langue partagée, fort de sa diversité culturelle, fort de ses valeurs et résolument porté par son dynamisme économique et commercial ».