L’Etat menace, les enseignants reculent
CRISE SCOLAIRE A MBACKE
Entre ce qui se dit dans les instances nationales du grand cadre unitaire des syndicats d’enseignants et la réalité sur le terrain, il y a une grande marge. Beaucoup d’enseignants, de peur de voir leur salaire coupé, ont tout bonnement décidé de déposer les armes. De 35% il y a deux semaines, le taux des enseignants grévistes est passé à 12% cette semaine.
(Correspondance) - La menace de ponction sur les salaires brandie depuis avant-hier par le ministre de l’Education nationale commence à porter ses fruits dans le département de Mbacké. Beaucoup d’enseignants du moyen secondaire estiment qu’il est temps d’arrêter la grève pour l’intérêt supérieur de l’école.
D’autres pensent que des ordres de recettes sur les salaires vont à coup sûr réduire leur pouvoir d’achat, alors qu’ils n’arrivent même pas à joindre les deux bouts avec leur maigre salaire de contractuel.
«J’arrête, j’ai des obligations à la fin du mois. Je suis un soutien de famille, je ne pourrai pas résister à des coupures de salaires», laisse entendre un prof de Maths dans un Cem dans la commune.
Sur le terrain, seuls 11,81% enseignants ont respecté le mot d’ordre du grand cadre des syndicats de l’enseignement dans les collèges d’enseignement moyen contre 32,14% la semaine dernière. Ses chiffres officiels donnés par l’inspection départementale de l’éducation et de la formation de Mbacké illustrent que beaucoup d’enseignants, qui avaient adhéré à la grève, commencent à prendre du recul. «J’ai écouté le directeur de l’information sur les ondes d’une radio de la place, mais il m’a convaincu. Je faisais la grève, mais j’ai décidé d’arrêter ce mardi, non pas à cause des ponctions sur les salaires, mais surtout pour sauver l’année scolaire. Les enfants sont victimes de cette grève mal placée», soutien un autre professeur qui a requis l’anonymat. En somme, dans les quatre Cem de la commune, seuls quelques enseignants du Cem Mbacké 2 observent la grève du grand cadre local.
L’élémentaire résiste
Au niveau de l’élémentaire par contre, les enseignants maintiennent la mobilisation même si le pourcentage de grévistes a connu une légère baisse. De 68,37% la semaine dernière, la défection de quelques enseignants fait que le pourcentage est de 63,37% cette semaine. Cette baisse est due, selon les syndicalistes, au fait que certains enseignants avaient accepté d’aider à la correction des épreuves de l’examen blanc. Mais en tout état de cause, la poursuite de la grève dans l’élémentaire n’aura en fait aucun effet négatif sur les élèves des cours moyens deuxième année qui ont déjà bouclé le programme et n’attendent que les examens du Cfee et de l’entrée en sixième. «Chaque semaine même si on a deux jours de révision (…) jusqu'à la veille des examens, c’est déjà bien», renseigne un maître du Cm2. Autrement dit, quoiqu’il advienne, l’année scolaire est sauvée dans l’élémentaire à Mbacké. Et pour le moyen secondaire, il n’y a pas péril en la demeure car les enseignements se déroulent normalement dans presque tous les Cem du département et le lycée d’enseignement général.
Toutefois, les autorités scolaires sont à pied d’œuvre pour éviter toute surprise désagréable. Instruction a été d’ailleurs donnée aux directeurs d’école d’acheminer au plus vite au niveau des IEF la liste des enseignants grévistes de leurs établissements respectifs. Ceci permettra, non seulement, de rendre compte à la hiérarchie pour d’éventuelles ponctions sur les salaires, mais surtout de connaître les enseignants non grévistes sur qui l’Etat pourra compter pour surveiller les examens du CFEE prévus dans la deuxième quinzaine du mois de juin au cas où un mot d’ordre de boycott des examens est lancé.