L’ETAT VEUT REVALORISER L’IMAGE DES PRODUITS LOCAUX ET INCITER AU CONSOMMER LOCAL
Selon le Premier ministre, « la promotion des produits locaux est une priorité du gouvernement du Sénégal ». Notre pays doit promouvoir ses produits en insistant sur la qualité et les biens manufacturés, a ajouté, hier, le chef du gouvernement lors d’un conseil interministériel sur le consommer local.
A l’occasion d’un conseil interministériel tenu hier à Dakar, le Premier ministre, Aminata Touré, a déclaré que « la promotion des produits locaux est une priorité du gouvernement du Sénégal et (qu’elle) retient toute l’attention de Macky Sall, président de la République ».
A son avis, lit-on dans son discours, le Sénégal qui a l’ambition d’arriver à l’émergence d’ici à 2035, doit « actionner le levier de promotion des produits locaux en mettant l’accent sur la production de qualité mais aussi les biens manufacturés qui, à l’international, génèrent plus de ressources ».
Mme Touré a fait un diagnostic qui illustre la faiblesse de consommer local : « l’ouverture des marchés résultant de la libéralisation de l’économie a contribué à l’accroissement de la demande et au changement des habitudes d’achat des consommateurs sénégalais qui préfèrent les produits importés aux produits nationaux ».
Cette situation provoquée aussi par l’insuffisance de la production locale, est à l’origine de fréquentes ruptures de stocks. C’est le cas des céréales locales, puisque le Sénégal ne produit que 52 % des besoins nationaux.
« L’image des produits locaux qui est régulièrement dévalorisée par une majorité de consommateurs préférant les produits importés ne milite pas en faveur de leur promotion », estime Mme Touré.
C’est pour trouver des solutions que le chef du gouvernement a ras- semblé les ministres en charge de l’Agriculture, de la Culture, du Commerce et de la Formation professionnelle afin d’identifier les problèmes rencontrés par les produits locaux, mais aussi les leviers sur lesquels l’Etat doit agir pour augmenter, à la fois, l’offre et la demande, a précisé Aminata Touré.
Dans ce sens, le ministre du Commerce, de l’Entreprenariat et du Secteur informel, Alioune Sarr, a fait un exposé et des propositions d’amélioration de la situation. A l’issue de la rencontre, Mme Touré a encore insisté sur la nécessité de promouvoir les produits locaux.
Le chef du gouvernement a surtout invité les ministères concernés à « travailler en synergie afin de dynamiser la chaine de valeur de ces produits ».
« Ceci contribuera non seulement à la diversification des produits offerts mais aussi ajoutera de la valeur et créera des emplois », a ajouté le Premier ministre.
LA COORDINATION DES ACTIONS CONFIÉE AU MINISTÈRE DU COMMERCE
Le ministère en charge du Commerce assurera la coordination des différentes actions visant à faire la promotion des produits sénégalais et à assurer le consommer local, a fait savoir le Premier ministre, Aminata Touré, dans son discours de clôture du conseil interministériel d’hier.Ce choix s’explique par le «rôle transversal » du département ministériel dirigé par Alioune Sarr, justifie Mme Touré.
La démarche consistera à adopter une approche filière accompagnée d’une stratégie de communication sociale ciblée, insistant sur la qualité et les vertus des produits locaux, a pour- suivi le chef du gouvernement.
« Votre département identifiera rapidement un moyen de rendre disponibles les produits locaux à travers tous les circuits de distribution afin d’en améliorer l’accessibilité à l’image des produits importés », a dit Mme Touré à l’endroit de M. Sarr.
Elle préconise un encadrement adéquat à consacrer aux entreprises intervenant dans la production des biens à travers toute la chaîne de valeur. De même, ajoute-t-elle, la recherche doit se poursuivre pour identifier les possibilités d’amélioration de la qualité et de la compétitivité de nos produits, mais aussi les politiques adéquates à mettre en place.
Le Premier ministre a insisté sur le volet suivi-évaluation, estimant important de mesurer les avancées notées à l’issue de la rencontre d’hier. Aminata Touré a de- mandé à ses ministres de lui rendre régulièrement compte des résultats obtenus et des contraintes rencontrées dans la mise en œuvre des recommandations.
LES MINISTRES EXPRIMENT LEUR CONCEPTION DU CONSOMMER LOCAL
Les ministres en charge de l’agriculture, de la Culture, du Commerce et de la Formation professionnelle sont revenus sur leurs conception du consommer local et les conditions qui pourraient davantage l’encourager.
« Je suis convaincu qu’avec nos capacités de production et l’innovation technologique, notre savoir-faire, nous pourrons lentement mais sûrement nous acheminer vers ce que nous pourrons appeler le consommer local, concept que l’on pourrait renforcer en l’assimilant à une indépendance alimentaire, c'est-à-dire produire et consommer ce que nous produisons et même tirer profit des avantages au niveau du commerce international », a déclaré le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural.
Parler de consommer local, c’est aussi parler de design authentiquement sénégalais, a estimé le ministre de la Culture, Abdoul Aziz Mbaye. A l’en croire, le consommer local va permettre aux Sénégalais de se réapproprier leurs cultures à travers ce qu’ils consomment.
« On associera la créativité locale au développement de ce pays, à l’émergence, en utilisant la capacité de ce pays à créer des postes nouveaux à travers sa propre culture. C’est cela un peu le rôle de la culture : se décomplexer à travers ce qu’on consomme », a soutenu Abdoul Aziz Mbaye.
Selon lui, il s’agira de faire des produits qui correspondent aux normes internationales et de valoriser davantage l’être sénégalais dans sa dimension la plus globale.
Selon le ministre du Commerce, de l’Entreprenariat et du Secteur informel, Alioune Sarr, le premier acte de cette politique est de permettre aux ménages sénégalais de consommer davantage les produits locaux et le deuxième consiste à augmenter le volume de production pour que l’offre soit disponible.
Le troisième axe stratégique, selon le ministre, c’est la promotion du label Sénégal à l’international. Comme mécanisme pour accompagner tout cela, Alioune Sarr propose un conseil d’orientation stratégique. Il préconise de décentraliser ces rencontres au niveau local et surtout de mettre l’accent sur la communication pour le consommer local.
Pour cela, il faut que les Sénégalais soient fiers de ce qui se produit chez eux et qu’ils modifient leurs habitudes alimentaires, a poursuivi M. Sarr. A son avis, le Plan Sénégal émergent (Pse), c’est aussi en partie la sécurité alimentaire. Sur ce point, poursuit-il, les autorités misent beaucoup sur l’autosuffisance en riz.
Pour sa part, le ministre de la Formation professionnelle, Mamadou Talla, a estimé que le consommer local dépend du savoir, du savoir-faire et du savoir-être.
« Pour que l’on puisse consommer local, il faut que nos produits soient compétitifs. Et pour y arriver, il faut nécessairement que ceux qui les produisent soient, avant tout, formés », a dit M. Talla. Il a aussi insisté sur l’importance des emballages.