L’ETAT VISE 900.000 TONNES DE PADDY EN 2015
AUTOSUFFISANCE EN RIZ
Le gouvernement du Sénégal veut tout mettre en œuvre pour atteindre l’autosuffisance en riz à l’horizon 2017. Un programme de 74 milliards de FCfa visant à produire, dès la prochaine saison, 900.000 tonnes de paddy a été annoncé, hier, en conseil interministériel présidé par le Premier ministre Aminata Touré.
Le volet riz du Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas) a fait, hier, l’objet d’un échange entre acteurs et décideurs en conseil interministériel. Présidée par le Premier ministre, cette rencontre dont l’objectif était de voir comment opérationnaliser les mesures prises par l’Etat pour atteindre l’autosuffisance en riz à l’horizon 2017 a permis de poser un jalon de plus vers l’atteinte de l’objectif de 1,6 million de tonnes de paddy que s’est fixé l’Etat.
En effet, comme l’a indiqué le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Dr Papa Abdoulaye Seck, il ressort, au terme de cette concertation, une volonté partagée de tout mettre en œuvre pour produire, dès la campagne 2014-2015, 900.000 tonnes de paddy, dont 60 % (540.000 tonnes) en irrigué et 40 % (360.000 tonnes) en pluvial. Pour y parvenir, le gouvernement a estimé les besoins à environ 74 milliards de FCfa, a-t-il déclaré.
28 milliards de FCfa déjà mobilisés
Selon Dr Seck, l’Etat a déjà réussi à mobiliser une enveloppe de 28 milliards de FCfa et compte multiplier les efforts pour dégager la totalité des fonds annoncés. « Le Premier ministre a donné des instructions au ministère de l’Economie et des Finances afin de mobiliser tous les fonds nécessaires pour réaliser cet objectif », a-t-il indiqué.
Le ministre a souligné également que la décision d’accorder une attention particulière à la production de riz pluvial à côté des efforts enregistrés pour l’irrigué constitue une rupture fondamentale. Car, d’habitude, c’est la riziculture irriguée qui supportait une grande part de l’approvisionnement du marché local. Il a aussi indiqué que l’Etat va essayer d’utiliser au mieux les innovations technologiques existantes pour intensifier la production et améliorer la qualité.
Abdoulaye Seck demande ainsi aux acteurs de la filière de miser sur la double culture pour atteindre les objectifs en riz. Comme l’a indiqué Aminata Touré, la relance de notre appareil productif agricole et agroalimentaire doit aider à réduire significativement la forte dépendance du Sénégal aux importations massives de denrées.
Pour le riz, le chef du gouvernement a déploré le fait que la production ne satisfasse pas encore les 30 % de la demande nationale et que le pays continue d’importer, chaque année, plus de 800.000 tonnes de riz blanc. Une situation qui, selon Mme Touré, creuse structurellement le déficit de notre balance commerciale de plusieurs centaines de milliards de FCfa par an.
Exploiter les potentialités de toutes les zones agro-écologiques
Pour assurer la disponibilité du riz local en quantité et en qualité, le gouvernement estime nécessaire de valoriser les potentialités cultivables en riz de toutes les zones agro-écologiques du pays. Cet engagement a été réaffirmé, hier, en conseil des ministres lorsque le volet riz du Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas) a été abordé.
Comme il a été mentionné dans le rapport présenté par le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, à l’occasion du conseil interministériel, pour la campagne agricole 2014-2015, il est prévu d’emblaver environ 90.750 ha (38.000 ha en saison sèche chaude et 52.750 ha en hivernage) dans la vallée du fleuve Sénégal. Les prévisions dans le bassin de l’Anambé sont estimées à 400 ha en saison sèche chaude et 3.500 ha en hivernage.
En zones pluviales, où les prévisions de rendements sont estimées à trois tonnes/ha en moyenne, il est attendu la mise en valeur de près de 120.000 ha du potentiel pluvial encadré par la Société de développement agricole et industriel (Sodagri), la Société de développement et des fibres textiles du Sénégal (Sodefitex), l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar), les Directions régionales de développement rural (Drdr) et les autres projets et programmes de l’Etat.
Les producteurs ont promis de jouer leur partition
Que ce soit Korka Diaw, représentante des productrices de la vallée ou Saliou Sarr, président du Comité interprofessionnel de la filière riz, les producteurs de riz se sont réjouis de l’engagement de l’Etat à accélérer la cadence pour l’autosuffisance de cette céréale.
« Nous sommes satisfaits des mesures prises et demandons au gouvernement d’accélérer la mise en œuvre », a dit Saliou Sarr, à l’issue du conseil interministériel. Sa collègue Korka Diaw a profité de l’occasion pour solliciter plus de financements dans la filière tout en exhortant les producteurs à s’impliquer davantage dans la commercialisation.
Ces derniers ont toutefois demandé à l’Etat d’autoriser le financement additionnel du programme engrais mais aussi de dénouer leur problème d’endettement auprès de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (Cncas). Selon eux, la mise en place à temps des semences et de l’urée dans les zones de production, ainsi que la transformation restent aussi un défi à relever.