L’HOMMAGE A CHEIKH ANTA DIOP
CONFERENCE INAUGURALE DE RENTREE DE LA FONDATION SENGHOR

La conférence inaugurale de rentrée de la Fondation Léopold Sédar Senghor, qui aura lieu ce vendredi 6 février, sera un hommage à Cheikh Anta Diop. L’Université du même nom, l’Ucad, est associée à cette cérémonie qui se tiendra justement à l’amphithéâtre de l’Ucad II. Le thème de la conférence, qui sera animée par l’historien et égyptologue le Professeur Théophile Obenga, portera sur « l’enseignement des humanités égypto-nubiennes en Afrique noire : quels fondements scientifiques ? Quelles conditions de mise en œuvre ? »
Cela fera 29 ans jour pour jour, ce samedi 7 février, depuis la mort en 1986 de l’historien, égyptologue et anthropologue sénégalais Cheikh Anta Diop, l’homme qui a donné son nom à l’Université de Dakar (UCAD). C’est d’ailleurs en ce lieu symbolique dira-t-on, que la Fondation Léopold Sédar Senghor lui rendra hommage ce vendredi 6 février, plus précisément à l’amphithéâtre de l’UCAD II. L’information est contenue dans le communiqué qui nous est parvenu.
La Fondation organise ainsi sa conférence inaugurale annuelle de rentrée, mais pas sans l’Université de Dakar qui est associée à cette rencontre. L’édition 2014 n’a lieu que maintenant parce qu’elle a été décalée, et elle sera animée par un autre historien et égyptologue surtout, le Pr. Théophile Obenga qui s’exprimera sur ce thème : « L’enseignement des humanités égypto-nubiennes en Afrique noire : quels fondements scientifiques ? Quelles conditions de mise en œuvre ? »
Ouverte à tous, la rencontre devrait commencer à 8H30, comme mentionné sur le programme, par la projection de quelques extraits de conférences données par Cheikh Anta Diop lui-même. Suivront les différentes allocutions et autres débats.
Ce n’est pas un hasard si la Fondation Senghor et l’Ucad ont décidé de confier cet exercice à Théophile Obenga, mais pour comprendre, faisons un peu d’histoire. En 1954, Cheikh Anta Diop publiait le fameux « Nations nègres et Culture – De l’Antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique Noire d’aujourd’hui », et en ces temps-là, l’ouvrage fera grand bruit. Ce qu’il dit entre autres, c’est que les premiers égyptiens étaient noirs. Il racontera plus tard comment le contenu de ce livre l’avait exposé à « la lignée des égyptiens de mauvaise foi.
20 ans plus tard, nous sommes en 1974, et c’est avec Théophile Obenga que Cheikh Anta Diop défendra sa thèse, en « binôme ». Du 28 janvier au 3 février plus précisément, un colloque international se tient au Caire en Egypte autour de la question du peuplement de l’Egypte ancienne et du déchiffrement de l’écriture méroïtique (langue du Soudan antique, et mot construit à partir du nom du Royaume de Méroé). L’initiative est de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Education, les Sciences et la Culture (UNESCO). « Par souci d’objectivité », Cheikh Anta Diop tient alors à ce que tous les plus grands spécialistes soient présents à cette rencontre.
D’après les conclusions de ce colloque, qu’il s’agisse de la culture ou de la langue, « l’Egypte pharaonique appartient à l’univers négro-africain. L’historien grec Hérodote parlera, lui aussi, de la « peau noire et des cheveux crépus » des Egyptiens. De Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga disait ceci, en 1987 : « Un fait me paraît évident, avec toute la force de l’immédiat, et qui mérite bien, je crois, d’être souligné : l’œuvre de Cheikh Anta Diop se présente désormais, plus que jamais, comme la mémoire retrouvée, reconquise, de tout le peuple africain, précisément négro-africain, tant elle a tout orchestrée, angoisses, interrogations, doutes, combats, espoirs, gestations, respirations du monde noir africain, aujourd’hui ».