L’IMAGE DES SENEGALAIS S’EST FORTEMENT DEGRADEE AU ROYAUME CHERIFIEN
L’image du citoyen sénégalais s’est fortement dégradée au Maroc ces dernières années, a constaté Abdou Sileye Diop, le président de l’Association des ressortissants et stagiaires sénégalais au royaume chérifien.
‘’Il est triste de le constater mais notre image ici a pris un sacré coup. La belle image du Sénégalais travailleur s’est délitée gravement’’, a expliqué le cadre supérieur qui a cumulé plus de 20 ans de séjour au Maroc.
''La cause de ce changement c'est l’émigration massive de Sénégalais sans grande qualification et qui s’adonnent à des activités illicites'', a-t-il reconnu parlant de plusieurs arrestations pour escroquerie.
Dans les prisions marocaines, ‘’il y a de plus en plus de citoyens sénégalais mêlés dans des histoires d’escroquerie’’, a-t-il dit, la vague à l’âme.
‘’Ces dernières années, beaucoup de nos compatriotes ont été épinglés dans des histoires de faux papiers et certaines compatriotes ont été prises dans les maisons closes’’, a regretté l’expert comptable établi à Casablanca.
Si rares sont ceux arrêtés dans des histoires de drogue, les Marocains constatent que ‘’des Sénégalais sont de plus en plus impliqués dans des activités illicites’’.
‘’Cela a pour conséquence le durcissement de l’obtention de titre de séjour’’, a-t-il expliqué, rappelant que l’administration marocaine demande davantage de documents pour obtenir un titre de séjour permanent.
''Au départ, les cadres et les étudiants dominaient dans la communauté sénégalaise du Maroc. Mais actuellement, on trouve des commerçants, des sans-emploi et des ouvriers'', a-t-il fait observer.
Il a souligné que certains qui n’arrivent pas à trouver du travail et sont souvent happés dans des activités illicites.
''Pire encore, nos compatriotes commerçants, faisant fi des lois et règlements en vigueur, ont tendance à oublier que le Maroc s’est engagé depuis longtemps dans une politique d’embellissement de ses villes'', a-t-il relevé. Selon lui, avec cette politique, ce pays ne peut pas admettre qu’on salisse ses rues.
‘’Malheureusement, certains compatriotes refusent d’admettre cela et ils vivent en marge de la loi d’où les arrestations et les crispations’’, a-t-il dit.
''En plus des autorités, ces crispations atteignent les populations marocaines qui ont du mal à reconnaitre les Sénégalais jadis qualifiés de travailleurs'', a ajouté M. Diop, indiquant qu’il y a comme une impression de vouloir exporter certaines pratiques sénégalaises dans un pays étranger.
‘’Je ne peux pas comprendre que des Sénégalais puissent s’adonner dans un pays étranger à des attitudes que nos autorités sont en train de bannir chez nous’’, a-t-il dit parlant de la gêne que procurent les marchands ambulants.
D’une petite groupe composé d’un millier de cadres et d’étudiants, la communauté sénégalaise a fortement augmenté. Elle a atteint actuellement le nombre de 50.000, a estimé Diop. Il a souligné que l’ouverture de la route Dakar-Tanger a contribué à cette ruée de Sénégalais au Maroc.
Les Sénégalais forment une petite communauté d'environ 500 personnes à Marrackech. Mais le président de l’Association a estimé leur nombre à 1500 à Agadir, 5000 à 6000 à Tanger, environ 18.000 entre Rabat et Fès et 20.000 à Casablanca.
Dans les marchés de cette ville, capitale économique du Maroc, le wolof est devenu l’une des langues les plus parlées. On ne peut faire une centaine de mètres, sans rencontrer des femmes sénégalaises.