L’imam rabroué en pleine prière mortuaire
Encore une histoire de mosquée et de prière mortuaire. Tout comme la politique, je n’aime pas parler de ces choses morbides. Ça tue mon inspiration et mes pulsions. Walaay, c’est la vérité. Il faut être positif dans cette vie qui est si courte. Profiter de ce que nous offre la nature pour bien vivre et longtemps. C’est cela le secret de votre serviteur. Les belles choses et la bonne chair me font vivre. Disket si ak drianke yi gnoomay dundël. Asaxfirulah. Ma princesse orientale de Keur Mbaye Fall me répète souvent que pour voir son espérance de vie augmenter de plusieurs années, il faut passer outre les choses négatives Cey sama diek bi ndaw bi, sero fott. Ma waxko teh dee grâce à elle nammuma dara, pour parler comme les jeunes. Vous imaginez que les diskett ne me font même plus courir. C’est presque grave! La seule chose à quoi je pense en semaine, ce sont les vendredis soirs pour rentrer sans perdre de temps à Keur Mbaye Fall fi dëkë neexe, là où il fait bon vivre. Euskeuy. Là-bas, sama gnaarel bi dafmay nabbi nabbe dima pamti pamte, je suis choyé, pouponné, chéri.
Entre parenthèses, il faut dire que les gens ne savent plus pardonner. Tolérance zéro. Le moindre détail peut être source de tension surtout dans les cars rapides devenus trop petits pour contenir son nombre de clients habituels. À mon humble avis, je crois que c’est à cause du coût élevé de la vie que les problèmes de nous autres goorgorlu ne cessent d’augmenter. D’aucuns vont dire que j’aime tourner autour du pot. Soit. Mais, c’est pour vous permettre de mieux comprendre le fond de ma pensée. Si je vous raconte tout ça, c’est parce que je suis tombé sur une dispute entre deux diongoma à cause d’un simple malentendu. L’une a involontairement bousculé l’autre au moment où elle montait dans le car qui démarre brusquement. Mais c’est tout ce qu’il ne fallait pas faire.
«Pourquoi tu me bouscules. Yaw yaa fuuy, tu es une effrontée. Si tu poses encore tes mains sur moi, je te casse la gueule, doomu xar…m xamuma loo doon bamay laal», insulte l’une. L’autre ne s’est pas fait prier pour répliquer. Mane damala soxla laal, je n’ai pas besoin de te toucher. Vous ne voyez pas que j’ai failli tomber lorsque le car a démarré. Et si je ne vous avais pas poussé, c’est ce qui allait arriver. Bu fekkee sa xol dafa xatt bul dugg car raapid, ne prends pas de transport en commun si vous ne voulez pas qu’on vous touche», réplique-t-elle. Et c’est le dagasante (échanges verbaux). Les deux dames se faisaient face et se lançaient toutes sortes d’insanités jusqu’à ce que je les abandonne juste à la hauteur de la gare routière de la Patte d’Oie parce que je devais prendre le «Ndiaga Ndiaye» pour me rendre chez ma deuxième épouse préférée. Les temps sont durs et c’est la dèche chez votre serviteur mo tax je ne prends plus de clando encore moins de taxi te ku xamatul fo jëm deelu fingë joogewoon (qui veut aller loin ménage sa monture).
Revenons-en maintenant à mes amis Saraxulé ou Soninké si vous préférez. Dire que je croyais que les Manjack étaient plus denses quand il s’agit de xulo (dispute). J’ai été surpris. C’était quelque part dans Dakar. Je ne veux pas nommer le quartier où s’est produit l’incident. J’étais avec un ami qui m’a proposé d’aller faire la prière de takussaan à la mosquée à quelques mètres de chez lui. Nous sommes tombés sur l’arrivée du corps. Comme les Wolofs disent souvent que tombee waral ay gaaf, nous avons été obligés de prendre part à la prière mortuaire. Waaye! Les parents de la dépouille ne se sont pas gênés à demander à l’imam, qui pensait être dans son territoire, de s’écarter.
«Bismilah ay ca serigne bi kaay fi», a suggéré un vieux qui semble être un proche parent du disparu. Il a demandé à se ranger tout à fait derrière c’est-à-dire juste après les membres de la famille à qui reviennent la lourde tâche de diriger la prière mortuaire. En tout cas, chez eux ça se passe ainsi. Ce dont je suis sûr c’est que votre serviteur ne se chamaillera jamais pour une histoire de julli neew. Je préfère les histoires de Gongo, naaku jidda, goowe saaf, xaru kecax, bekk suukar… D’aucuns se demanderont comment je suis arrivé à maîtriser tous ces noms. À force de forger, on devient forgeron. À bon entendeur, salut.
Victime de la mobilité urbaine