L’IMPUNITÉ FAIT PERDRE DES MILLIARDS AU PAYS
AFFAIRE DE LA DROGUE DU LAMANTIN BEACH
Faussement accusé dans une histoire de drogue, le propriétaire de l’un des plus luxueux hôtels du Sénégal hésiterait à faire des investissements supplémentaires au Sénégal, du fait de l’impunité dont semblent jouir ses accusateurs, malgré leur culpabilité reconnue.
L’hôtel Lamantin Beach de Saly Portudal fête cette année ses dix ans d’existence. Contrairement à beaucoup de réceptifs, il n’a en rien subi le poids de l’âge. Alors qu’au-delà de cinq années, beaucoup d’hôtels entament leur décrépitude, le réceptif de la famille Touly semble rajeunir encore tous les jours. Est-ce dû à sa fréquentation ?
Au moment où plusieurs autres places de Saly peinent à remplir, le «5 étoiles de luxe» donne souvent l’impression, surtout les week-ends, de refuser du monde.
Et nombreux sont les clients, Sénégalais comme étrangers, qui se félicitent, dans ce désert de qualité que devient de plus en plus la station de Saly, de la présence de ce réceptif.
Or, beaucoup se rappellent encore qu’il n’y a guère longtemps, il a failli fermer ses portes de manière dramatique.
Son propriétaire, Bertrand Touly, n’a pas oublié qu’il a fait de la prison au Sénégal pour avoir été faussement accusé de trafic de drogue dure. Un délit qui, dans ce pays, conduit directement aux Assises. Il lui a fallu beaucoup de chance pour s’en sortir sans trop de dégâts, même si moralement sa famille, son personnel et lui en sont toujours affectés.
L’un de ces employés rappelle d’ailleurs que c’est depuis mainte- nant une vingtaine d’années que la famille Touly s’intéresse à la station de Saly en particulier, et à la Petite Côte en général. Il indique que ce sont les Touly, père et fils, qui ont financé la construction du poste de santé de Saly nord, financé bon nombre d’associations locales, «en plus de construire le Lamantin».
Ce ne fut d’ailleurs pas le seul investissement dans le secteur touristique, assurent les membres du personnel. «Touly a en plus acheté l’hôtel Delta Niominka dans les îles du Saloum. Pendant 4 années, ils ont financé les pertes de l’hôtel, pertes dues à un enclavement du Saloum ; d’où des difficultés à le commercialiser.
Mais persuadés et confiant dans la destination et dans le pays, cette famille n’a pas hésité à continuer l’exploitation en perte de cet hôtel et à financer les pertes sur ses fonds propres, comme elle l’a fait avec le centre de pêche. De plus, sur 7 hectares à Nguering, ils ont eu un projet d’hôtel club, avec comme thème un Aquapark de 250 chambres avec 400 emplois directs.
Un autre projet dans la même zone, concernait une boutique hôtel Lodge de 30 chambres aux normes palace.» Malheureusement, patatras, un grain de sable, sous forme de boulette de cocaïne, est venu tout dérégler de ces projets.
Non content d’avoir été fausse- ment accusé, bien qu’heureux de s’en être tiré à bon compte grâce aux progrès de la technologie et au professionnalisme de la Gendarmerie sénégalaise, Bertrand Touly voit son accusateur, Luc Nicolaï, revenir le narguer presqu’à son nez.
En effet, alors que le promoteur de lutte a été reconnu coupable par la justice de ce pays, il n’a bizarre- ment bénéficié que d’une peine légère qui a été rapidement commuée. Alors qu’il devait encourir au moins 10 ans de prison.
Il envisage même de reprendre ses activités dans le monde de la lutte avec la complaisance et les assurances des autorités du sport, et le soutien des médias. On dit même qu’il envisage d’être reçu par le chef de l’Etat Macky Sall.
Face à cette situation, Bertrand Touly avoue à certains de ses proches ne plus se sentir vraiment en sécurité dans ce pays. Ce qui fait qu’il a décidé de ne plus faire d’investissements supplémentaires, et d’attendre voir l’évolution des choses.
L’homme d’affaires confierait en privé que si des coupables reconnus peuvent sortir de prison avec l’onction des plus hautes autorités, être reçus même par le chef de l’Etat, qu’est-ce qui pourrait les empêcher de venir un jour tenter de les dépouiller, si ce n’est attenté à leur existence même ?
Construit sur fonds propres, le Lamantin Beach a été reconstruit totalement après un incendie qui avait tout ravagé. La reconstruction avait nécessité plus de 4 milliards. C’est quasiment le même montant qui avait été mis dans le Delta Niominka.
On peut donc imaginer que des amitiés coupables et une justice complaisante auront fait perdre au Sénégal des montants quasi-équivalents encore en investissements annulés.