L’OPPOSITION EN ORDRE DE BATAILLE
LE PDS MARCHE MARDI PROCHAIN, LE 8 OCTOBRE

Les libéraux et leur alliés de l’opposition comptent faire une démonstration de force lors de la manifestation qu’ils comptent organiser le 8 octobre prochain à Dakar.
Bien qu’ils n’aient pas encore reçu notification de l’autorité préfectorale, les libéraux préparent activement la ''marche de la colère'' qu’ils ont prévu d’organiser le 8 octobre prochain. Oumar Sarr et Cie, en alliance avec L’Ipr/Booloo Taxawu askan wi entendent ainsi marquer leur ''solidarité'' à l’endroit de leurs ''frères'' détenus en prison (Karim Wade, Bara Gaye, Aziz Diop, etc.) ; mais aussi apporter leur ''soutien au peuple (qui) est resté trois semaines sans eau''. Pour la réussite de la manifestation, le Parti démocratique sénégalais (PDS) ne lésine pas sur les moyens. Il compte investir, dès aujourd’hui, la banlieue de Dakar pour battre le rappel des troupes.
''Nous voulons sensibiliser les populations sur les enjeux de cette marche. Nous voulons que les populations viennent spontanément'', fait savoir Abdou Khafour Touré, membre du Comité directeur du PDS. L’autre défi à relever pour les libéraux, c’est de mobiliser les ténors de l’opposition. A cet effet, Mayoro Faye, responsable libéral, informe que le coordonnateur du PDS, Oumar Sarr, a pris contact avec Pape Diop, le leader de Bokk Gis-Gis qui ''va participer à cette marche''. Mais, selon un proche de l’ancien président du Sénat, rien n’a encore été décidé. ''Nous allons nous réunir le dimanche pour décider si oui ou non nous prendrons part à la marche'', dit notre interlocuteur.
S’agissant d’Idrissa Seck, Mayoro Faye révèle que le coordonnateur du PDS va le rencontrer ''pour définir dans quelle mesure il (Idy) compte participer à la marche''. Mais, il est peu probable que l’ancien Premier ministre y vienne, si l’on croit à des responsables de Rewmi. ''On ne veut se mêler ni de près ni de loin à cette marche'', se démarque-t-on. D’ailleurs, ces responsables n’ont pas apprécié la récente sortie de Serigne Mbacké Thiam, qui, sur la Sen Tv, déclarait : Idy ''n’a jamais voulu aller voir Karim Wade en prison malgré toutes mes démarches dans le sens d’un réconciliation''.
Et que ''le seul combat qui vaille (…) c’est la libération de Karim Wade''. Des propos que nos interlocuteurs qualifient de ''chantage'' exercé sur le Rewmi.
Une ceinture de sécurité contre toute infiltration
En tous les cas, les libéraux devront faire mieux que lors de leur marche du 23 mars 2013 qui a connu un franc succès. Car, dans un contexte social très difficile marqué par la pénurie d’eau, les inondations, ou encore le chômage, cette manifestation constituera sans doute pour les populations un exutoire. Ce qui serait un mauvais signal pour le président Macky Sall qui, à quelques mois des élections locales, a besoin de conforter sa majorité.
Au niveau du ministère de l’Intérieur, on ne se prend pas trop la tête avec cette marche. D’après des informations venant des renseignements généraux, ''aucun dispositif particulier n’a été pris'' pour la manifestation. Alors que des jeunes se réclamant de l’Alliance pour la République ont annoncé une contre manifestation, au même moment et au même lieu, les libéraux disent avoir pris toutes les dispositions sécuritaires.
''En plus des forces de l’ordre, nous allons utiliser des ceintures de sécurité, que constitueront les jeunes du parti, pour protéger nos femmes, nos vieux. Et empêcher que l’on nous infiltre'', renseigne Mayoro Faye.
...DES SÉNÉGALAIS APPRÉCIENT DIVERSEMENT
La marche du Parti démocratique sénégalais (PDS) prévue le 8 octobre prochain fait couler beaucoup d'encre et de salive dans la capitale sénégalaise. Si certains pensent que le régime de Me Wade est à l'origine des difficultés que rencontre le pays, d'autres par contre estiment que l'heure n'est plus au bilan du PDS, mais plutôt au respect des promesses faites par Macky Sall lors de la campagne électorale de 2012 pour sortir le peuple de la misère.
La marche du PDS contre la pénurie d'eau, les délestages, les inondations, la corruption, la mal gouvernance et l'incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes des populations continue d'alimenter les débats dans la capitale sénégalaise. Si certains citoyens pensent que le régime de Me Abdoulaye Wade a plongé le pays dans la détresse et le désarroi, d'autres critiquent par contre la morosité ambiante, avec le chômage qui enfonce la jeunesse dans une inquiétante précarité. ''La marche du PDS vient à point nommé. Car nous les chefs de famille sommes fatigués. Le Président Macky Sall n'a pas respecté ses promesses qu'il avait faites lors de la campagne électorale. Tout ce qu'il nous avait dit n'a pas été respecté à la lettre'', a dit Amadou Ba, un père de famille âgé de 75 ans.
Selon lui, le régime de Macky Sall a fini de montrer son incompétence à prendre en charge les problèmes récurrents dans tous les secteurs. Un avis balayé d'un revers de main par Alioune Cissé, sexagénaire et gérant du groupe laboratoire d'analyse à l'institut des sciences de la Terre (IST) à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). ''Les gens n'ont qu'à faire doucement. Macky Sall n'a même pas deux ans au pouvoir ; comment voulez-vous qu'il règle tous les problème des Sénégalais ?'', s'interroge-t-il, avant de poursuivre : ''Macky est en train de réparer les erreurs commises par le régime de Wade. Il vient d'attaquer les problèmes du peuple. Déjà, le sac de riz qui était au temps de Wade à 17 000 francs Cfa est revenu à 12 500, voire 13 000 francs Cfa''. Notre interlocuteur de conclure : ''les prix des denrées de première nécessité ont été revus à la baisse''.
Un avis partagé par Cheikh Tidiane, un papetier installé au ''Couloir de la mort'', selon qui ''le PDS devrait se taire. Car, tous ces problèmes ont été leurs oeuvres liées à la mal gouvernance, à la gabegie du régime Wade et fils''. Pour Ami Collé Ndiaye, une vendeuse d'arachides installée en face de l'UCAD, ''l'heure n'est pas à la parlote mais plutôt d'y joindre l'acte afin de sortir le peuple de la misère qui a fini de tourmenter les populations depuis le temps colonial''. Elle ajoute que 'l'APR, le PDS, le Ps, tous sont les mêmes. Il suffit qu'on les élise et une fois au pouvoir, ils oublient la mission qui leur a été assignée. c'est-à-dire résoudre les problèmes que rencontrent les populations''. Cet avis ne cadre pas avec celui de Mame Ngor Guèye. Cet homme d'affaires, vêtu d'un grand boubou bleu, rencontré devant son domicile au Point E, pense que ''le PDS a plein droit d'organiser la marche. Car, si le pays va mal, nous avons le droit en tant que citoyens de descendre dans la rue pour crier notre colère''. Il poursuit : ''tant qu'il n'y a pas de manifestation, les autorités étatiques pensent que tout va bien et ne changent pas de position pour résoudre les difficultés des populations''.
Interrogé sur la question de la marché du PDS, Daouda Ndoye, étudiant en Master I au département de Droit à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, n'a pas hésité un seul instant à ''vomir'' sa colère sur le régime actuel. «Macky Sall est en train de faire reculer le pays'', a-t-il dit. Selon lui, au vu de nombreuses erreurs commises par Macky Sall, notamment l'augmentation des inscriptions à l'université, on peut dire sans risque de se tromper qu'il contribue à la réduction du taux de scolarité et à l'augmentation du taux d'échec des étudiants, en particulier ceux qui sont issus des familles pauvres. ''Comparé aux réalisations de Me Wade, telles l'augmentation des centres de santé, des offres d'emplois par le volontariat et le vacatariat et des universités qui passent de 2 à 5 universités dans le pays, l'attribution des bourses à tous les étudiants avec le système de la bancarisation, j'en passe'', a-t-il dit avant de marteler que ''Compte tenu de toutes ces, réalisations, l'ombre de Wade vaut mille fois mieux que Macky''.