L’UCAD TRAQUE TOUJOURS LE MEURTRIER
An 1 de l’assassinat de Bassirou Faye

L’émotion était palpable à l’Ucad le 14 août. Ce jour-là, les étudiants ont commémoré, dans un seul élan, l’an 1 de l’assassinat de Bassirou Faye. Comme une ritournelle, les étudiants et les autorités universitaires réclament toujours justice.
Depuis un an, un mot revient dans tous les discours : Justice. En commémorant ce 14 août l’an 1 de l’assassinat de Bassirou Faye, les étudiants et les enseignants du supérieur n’ont pas mâché leurs mots pour réclamer que cette affaire soit élucidée pour leur permettre de faire le deuil du défunt étudiant à la Faculté des sciences et techniques.
Yankhoba Seydi, coordonnateur du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) de Dakar, dénonce le flou qui entoure la gestion de ce dossier : «Vous avez tous remarqué qu’un an après, non seulement le coupable n’est pas encore identifié, mais c’est comme s’il n’y a pas de responsable à ce crime odieux. Dans tous les pays du monde, quand vous assistez à un crime dont on ne connaît pas le responsable, il y a de fortes chances qu’on ne puisse même pas trouver le coupable puisque l’acte intermédiaire entre l’acte et la culpabilité, c’est la responsabilité.»
Passablement agacé par ces «louvoiements», il poursuit : «Personne ne veut situer la responsabilité, comme si personne n’est responsable de la mort de Bassirou Faye. C’est ça qui n’est pas normal et c’est ce que le Saes condamne. Il faut que soit situé le responsable avant de parler de culpabilité.»
Assis sur des nattes, les étudiants sont unis dans la douleur. Le président de l’Amicale des élèves et étudiants ressortissants de Diourbel, Modou Diagne, après avoir réclamé justice, tout comme ses prédécesseurs au micro, profite de la tribune pour appeler l’ensemble des étudiants à un changement de comportement.
Il déclare : «Notre engagement dans ce changement de comportement doit être de rigueur pour que notre statut puisse être revalorisé à sa juste valeur et nous permettre en retour de servir notre communauté en apportant des solutions à ses multiples préoccupations.»
Ce sermon rappelle le caillassage du cortège présidentiel le 31 juillet au campus social de l’Ucad. C’est une journée dédiée au repos de l’âme de Bassirou Faye. Les hauts parleurs distillent des versets du Coran et des khassaïdes. Les étudiants psalmodient des incantations divines. Les autorités universitaires et les invités comme le maire de Diourbel, Malick Fall, sont aussi affligés que ses camarades. C’est le pic de la tristesse.
A l’image de Balla Gaye, décédé au front en 2001, Bassirou Faye, abattu par un policier, va aussi disposer d’un mémorial érigé au sein du campus. Il sera érigé sur le lieu du «crime» pour rappeler cet indicible souvenir, en attendant le procès du présumé tueur prévu en octobre comme l’a promis le chef de l’Etat, Macky Sall, lors de sa visite mouvementée à l’Ucad après que le procureur de la République a requis le renvoi du policier Tombong Oualy devant la Chambre criminelle pour homicide volontaire.
Même si deux autres policiers (Saliou Ndao et Sidy Mohamed Boughaleb) ont été inculpés par le doyen des juges pour le même assassinat. Alors que Sette Diagne, témoin oculaire du drame, a toujours soutenu que le flic Tombong Oualy, présumé meurtrier de Bassirou Faye, selon le Parquet, n’est point le vrai bourreau du défunt étudiant. Un vrai écheveau judiciaire...