LA BCEAO ET LE SFI VONT CREER DES BUREAUX D'INFORMATION SUR LE CREDIT
Une lueur d’espoir pour les exclus du système de financement traditionnel , la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Société financière internationale (Sfi) viennent de sceller un accord pour la mise en place de bureaux d’information sur le crédit.
Dans le dernier rapport du Doing business, les Etats membres de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) ont été classés parmi les pays aux économies les moins performantes en facilité d’obtention de crédit. Ils étaient classés à la 129ème place sur 185 pays au titre du critère relatif à l’obtention de prêts. C’est parce que « l’étendue de l’information sur le crédit » fait partie des critères de sélection des pays. Sur ce point, les pays de l’Umoa ont obtenu une faible note dans le Doing business 2013 qui se justifierait par l’absence de crédit bureau. Pour combler le gap, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Société financière internationale (Sfi), filiale de la Banque mondiale, ont signé, hier, un protocole d’accord de coopération afin de promouvoir les bureaux d’information sur le crédit dans les Etats membres de l’Union. Ces structures collectent auprès des organismes financiers, des sources publiques et des grands facturiers, des données sur les antécédents de crédits ou de paiement d’un emprunteur et offrent plus de possibilités d’accès aux crédits aux particuliers et petites et moyennes entreprises. Ces données seront traitées sous forme de rapports de solvabilité.
L’accord scellé entre la Bceao et la Sfi participe aussi de l’amélioration du climat des affaires en facilitant la disponibilité des informations et des conseils nécessaires à la promotion de ces bureaux d’information dans les huit pays de l’Union. Ce projet, indique la secrétaire générale de la Bceao, Mme Fatimatou Zahra Diop, figure dans le plan d’actions approuvé par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa, conformément à leur ambition d’améliorer le climat des affaires dans les pays de l’Union et d’accroître le financement des économies des Etats membres. « Au regard des attributions institutionnelles de la Sfi, le gouverneur de la Bceao a accepté la proposition qui lui a été faite par le vice-président de votre institution, d’accompagner la banque centrale dans la conduite de la réalisation de ce projet », a relevé Mme Diop. Cette dernière a ainsi réaffirmé la détermination de la Bceao à poursuivre le renforcement et la modernisation de l’infrastructure financière dans la zone.
« Les bureaux d’information sur le crédit, qui collectent et distribuent les informations sur la solvabilité des entreprises et des particuliers, sont l’une des façons les plus simples et efficaces d’accroître l’accès au crédit, en particulier pour les segments de la population généralement en marge des structures traditionnelles de prêts », a indiqué Mme Yolande Duhem, directrice régionale de la Sfi pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Cet accord, poursuit-elle, permettra à son organisation d’appuyer la Bceao à promouvoir ces bureaux d’information et à mettre en place la règlementation nécessaire pour leur gestion.
Un faible taux d’accès au financement à relever
L‘Afrique subsaharienne est la région où le taux d’accès au financement est le plus faible. Selon la Sfi, seuls 7 % des personnes adultes ont un crédit, alors qu’au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ce taux se situe à 22 %, contre 40 % en Asie de l’Est et Pacifique et plus de 80 % dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde). Par ailleurs, les économies des pays de l’Umoa, comparativement à ceux en développement, sont caractérisées par une faiblesse des ressources mobilisées au profit des secteurs productifs. Au 31 décembre 2012, les crédits bancaires ont représenté 21,4 % du Pib dans l’Union, contre 36,3 % au Nigeria, 103,1 % au Maroc et 182,2 % en Afrique du Sud. En dehors des facteurs liés à la faiblesse de l’épargne, cette situation se justifierait surtout par le rationnement du crédit découlant de l’asymétrie d’information entre les prêteurs et les emprunteurs.
L’indisponibilité de données fiables sur la solvabilité des emprunteurs expliquerait ce déficit d’information ne pouvant pas, par ailleurs, permettre aux prêteurs de procéder à une évaluation adéquate des risques devant fonder leur décision. La création des bureaux d’information sur le crédit devrait ainsi améliorer sensiblement la situation et combler cette insuffisance en donnant aussi l’opportunité d’améliorer le classement au Doing business grâce au relèvement de la note sur les indicateurs relatifs à « l’étendue de l’information sur le crédit » et au « pourcentage d’adultes couverts par un registre ».