LA BOAD VEUT OUVRIR SON CAPITAL AUX BRICS ET AU SECTEUR PRIVE
Lomé (Togo) : La Banque ouest africaine de développement organise, depuis mercredi, un forum international sur le thème : « Les banques sous-régionales de développement : nouveaux enjeux et nouveaux défis », à l’occasion de ses 40 ans. Son président, Christian Adovelande, a mis l’accent sur l’urgence d’ouvrir le capital de l’institution financière aux capitaux provenant du Brésil, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud (Brics). Objectif : répondre aux défis de développement dans l’espace Uemoa.
«Il nous parait nécessaire et urgent que la Banque ouest africaine de développement (Boad) améliore la qualité de son actionnariat. Dans cette perspective, elle devra envisager de s’ouvrir, dans le cadre de son actionnariat actuel, constitué de capitaux de la Bceao et de nos Etats, aux capitaux provenant des pays émergents du Brics (Brésil, Inde, Chine Russie Afrique du Sud), mais aussi et surtout de s’ouvrir à ceux du secteur productif privé national et international », a déclaré le président de la Banque ouest africaine de développement (Boad), Christian Adovelande. C’était au cours de l’ouverture du forum international de l’institution qui s’est tenue à Lomé, en présence de plusieurs autorités étatiques et responsables d’organisations nationales et internationales, dont les présidents malien, nigérien, béninois et togolais, respectivement Ibrahim Boubacar Keïta, Mahamadou Issoufou, Yayi Boni et Faure Gnassingbé Eyadéma.
Ouvrant les travaux, le chef de l’Etat du Bénin et ancien président de la Boad, Yayi Boni, en sa qualité de président en exercice de l’Uemoa, a, entre autres pistes de réflexion, noté que la Boad doit renforcer sa mission de banque d’investissement. « Il nous parait nécessaire et urgent que la Boad améliore la qualité de son actionnariat. Dans cette perspective, elle devra envisager de s’ouvrir, dans le cadre de son actionnariat actuel, constitué de capitaux de la Bceao et de nos Etats, aux capitaux provenant des pays émergents du Brics (Brésil, Inde, Chine Russie Afrique du Sud), mais aussi et surtout de s’ouvrir à ceux du secteur productif privé national et international », a-t-il déclaré.
Selon Yayi Boni, entrevoir une mutation de la Boad pourrait lui faire gagner davantage d’autorité, de crédibilité et de solvabilité.
Il a estimé que cette mutation lui permettra de renforcer considérablement sa capacité à mobiliser des ressources financières sur le marché, tout en lui offrant les possibilités de mettre en place un environnement des affaires attractif pour les bailleurs de fonds.
Le président Boni a également souligné la nécessité de « doter la Boad des capacités requises pour mobiliser les ressources destinées au financement des activités non marchandes » plutôt que d’aller chercher ailleurs pour le financement de ce secteur.
Relevant les performances de la Boad, le président béninois, ( président en exercice de l’Uemoa), a noté que cette institution a marqué, d’une empreinte indélébile, la vie socio-économique des Etats de l’espace Uemoa. Entre autres réalisations, la banque a consacré des moyens financiers au monde rural, à travers la construction de barrages, de retenues d’eau et de pistes de production. Pour sa part, le président du Togo, Faure Gnassingbé Eyadéma, a émis le souhait de voir la Boad, après ses 40 années, devenir « une banque régionale encore plus forte et de référence pour le financement des projets de développement intégrateurs ».
2.800 milliards de FCfa ont été investis dans 700 projets
A ce jour, la part du secteur privé dans le total des financements de la Boad est de 28 % contre 72 % pour le secteur public marchand et non marchand. Au total, la Boad a financé les économies de l’Union à hauteur de 2800 milliards de francs Cfa pour environ 700 projets. Les 60 % de ces financements sont allés à des projets nationaux et 40 % à des programmes d’intégration. La Boad a également mobilisé des ressources financières pour un montant de 1140 milliards F Cfa, dont 572 milliards sur le marché régional des capitaux.
En collaboration avec des partenaires au développement, la Banque a assuré la création d’institutions financières spécialisées telles que le Fonds Gari, Cauri investissement, la Société ouest africaine de gestion d’actifs (Soaga), la Caisse régionale de refinancement hypothécaire de l’Uemoa et la Boad titrisation. M. Adovelande a aussi noté qu’à l’avenir, la Boad compte œuvrer au financement des projets visant à permettre l’accès à l’énergie électrique aux populations qui n’en ont pas encore et à assurer le développement des infrastructures de transport, à garantir la sécurité alimentaire.
La banque compte également assurer l’accès à l’eau potable des populations qui n’en bénéficient pas et faciliter l’accès aux services financiers à un plus grand nombre de populations de la sous-région.