LA BOURDE DE CHEIKH TIDIANE MARA
Le procureur de la cour de répression l’enrichissement illicite pouvait bien nous épargner ce débat puéril relatif á l’exclusion de Karim Wade a la prochaine présidentielle. Mara aurait pu se passer de convoquer l’article 34 du Code pénal qui donne la prérogative au juge de retirer tout droit civil et civique à une personne coupable.
En insistant sur ce point dans son réquisitoire, il met de l’eau dans le moulin de certains Libéraux, qui sont convaincus que la Crei a pour unique mission d’anéantir les chances de Karim Wade, de devenir Président de ce pays.
Cheikh Tidiane Mara ne rend pas service à ce pays en voulant enfoncer de la sorte des portes ouvertes. Tout le monde sait en effet, qu’une peine de prison équivalent à 5 ans ou plus est synonyme d’inéligibilité et de pertes de certains droits, même si l’avocat Assane Dioma Ndiaye précise chez nos confrères de L’Observateur, que «l’article 34 n’a rien à voir avec la loi sur l’enrichissement illicite.»
Néanmoins, le Parti démocratique sénégalais ne fléchit pas dans sa position et ne lâche pas la rengaine. Pour Wade et Cie, la Crei est une juridiction politique au service de l’actuel pouvoir. Et malheureusement, nombreux sont les Sénégalais qui y croient.
Que vaudra maintenant le très probable emprisonnement de Karim Wade pour enrichissement illicite aux yeux de l’opinion ?
Surtout si la Cour suit intégralement le réquisitoire du Parquet spécial ? Cheikh Tidiane Mara aura véritablement scié la branche sur laquelle, la Crei s’était jusque là assise. Il l’a discréditée davantage, alors que l’idée de la traque des biens mal acquis est bien accueillie dans ce pays.
Pourtant, la Constitution sénégalaise a déjà réglé le problème de Karim Wade, né Français et officiellement Sénégalais depuis 2002. Date à laquelle il a obtenu sa Carte d’identité nationale et deux ans après que son père soit porté à la tête du Sénégal. Cette Constitution interdit tout candidat qui n’est pas exclusivement Sénégalais de briguer les suffrages de ses concitoyens.
A quoi bon demander l’inéligibilité de Wade fils et la perte de ses droits civiques et civils ? Même si le principal intéressé a fait part de son intention de renoncer à sa nationalité française, la majorité des Sénégalais n’en est pas moins convaincue que le fils de Abdoulaye Wade n’est pas présidentiable dans ce pays.
La meilleure des illustrations, ce sont les élections locales de 2009. Karim Wade a été battu à plate couture jusque dans son bureau de vote, alors qu’il convoitait la mairie de... Dakar. Ceux qui votent réellement dans ce pays, sont tranquillement assis chez eux, attendant très sagement les compétitions électorales, pour faire et leur choix et la différence.
Ce ne sont certainement pas ceux qui nous tympanisent dans les radios et nous font croire sans en être convaincus, que Karim Wade sera président de la République du Sénégal contre vents et marées....
On comprend plutôt un des avocats de l’Etat en l’occurrence Me Yérim Thiam, qui a déclaré que Karim Wade ne sera jamais le premier parmi nous. Lui, il est dans son rôle, mais pas Cheikh Tidiane Mara, qui a fait preuve d’un zèle inutile, dans son réquisitoire.