LA CÔTE D’IVOIRE ET LE GHANA, ''MEILLEURES CHANCES AFRICAINES''
CHANCES AFRICAINES AU MONDIAL
La planète toute entière l’attendait depuis quatre ans, le moment est donc venu de profiter de sa magie. La Coupe du monde de football a démarré jeudi dernier au Brésil. Pendant un mois, 32 nations vont se lancer à la conquête du plus prestigieux des trophées mondiaux pour un seul vainqueur. Sur le starting-block, cinq pays, les mêmes qu’en Afrique du Sud en 2010, l’Algérie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria tenteront de défendre les couleurs africaines. Ils se lanceront dans la compétition avec l’ambition de faire mieux que lors du précédent Mondial où seul le Ghana, quart de finaliste, a réussi à se hisser au second tour. Mais, ils n’ont pas les mêmes chances. Observateurs avisés du football africains, l’ancien international sénégalais Khalilou Fadiga, l’ex-sociétaire du Paris Saint-Germain Omar Dieng, consultant à Canal + et le capitaine de l’équipe nationale du Mali, Seydou Keita, donnent leurs avis sur les chances africaines dans ce rendez-vous international.
LOUIS CAMARA ANCIENNE GLOIRE DU FOOTBALL
‘’Les Africains manquent de rigueur dans l’organisation’’
Les chances africaines sont certes réelles dans cette édition du Mondial, la 20e du genre, mais le manque de rigueur dans l’organisation pourrait être fatal aux représentants du continent noir, selon Louis Camara.
L’ancienne gloire du football sénégalais des années 1970 déplore, par ailleurs, l’erreur des dirigeants sénégalais d’avoir choisi le Maroc pour recevoir les Ivoiriens lors du dernier match des éliminatoires du Mondial. Le Sénégal avait sa place dans ce Mondial brésilien.
C’est l’avis de Louis Camara, l’une des anciennes gloires du football sénégalais des années 1970. L’ancien milieu de terrain de l’Espoir Dakar puis du Diaraf n’arrive toujours pas à accepter le choix du Maroc pour recevoir les Ivoiriens dans un match autant décisif.
Et pour justifier son désaccord, Louis Camara a « failli faire circuler une pétition, parce que le match retour, on devait le gagner. Il fallait tout simplement jouer le match en Gambie. Je l’ai dit partout dans les journaux ».
Si la Fédération sénégalaise de football l’avait suivi, « le Sénégal serait aujourd’hui qualifié pour le Mondial », insiste Louis Camara. D’autant que la Gambie « fait partie du Sénégal. C’est un Etat enclavé dans le Sénégal ».
Il demeure, en tout cas, convaincu que si ce match retour du dernier tour des éliminatoires (1-1) contre les Ivoiriens se jouait chez le voisin gambien, le stade serait plein. « Pourquoi aller jouer à Casablanca?» s’interroge-t– il.
A titre de réponse, l’ancien milieu de terrain relayeur ou offensif des « Lions » de la génération 1970 trouve que le Sénégal « a refusé de se qualifier ». Ce qui est « plus grave, la Fifa avait suspendu le stade Léopold Sédar Senghor ». Des chances africaines au Mondial 2014, le coordonnateur général du Conseil de surveillance et d’orientation du Diaraf ose penser qu’elles sont « réelles ».
Mais « il faut que les équipes africaines croient en leur valeur. On a des équipes avec des joueurs de rang mondial, mais le défaut majeur africain à ce niveau, c’est le manque de rigueur dans l’organisation», regrette l’ancienne gloire du football sénégalais. D’après lui, leur génération (celle des années 1970) est la meilleure.
« Nous avons raté deux fois l’occasion de jouer le mondial. Une fois, nous avons eu à disputer un match de barrage contre le Maroc à Las Palmas dans les années 1969-70. Ensuite, nous n’avons pas eu la chance, malgré une brochette de grands joueurs dans l’équipe, de remporter la Can en 1965 en Tunisie et en 1968 à Asmara.
« Cette équipe de 2002 a bénéficié de tout ce que nous avons fait avant eux. Nous avons posé les jalons et en 2002, il y a eu une explosion d’une très belle génération. Mais franchement, notre génération était beaucoup plus talentueuse. Il y avait parmi nous des joueurs de rang mondial. Entre autres, Matar Niang, Issa Mbaye, Amadou Thiam, le goal de la Ja ».
Il s’y ajoute que l’équipe de 2002 était essentiellement constituée de joueurs professionnels « aguerris hors du Sénégal », alors que leur génération « était composée de joueurs locaux », renchérit l’ancien sociétaire du Diaraf qui a aussi fait des piges à l’Olympique de Nîmes, en France, à l’époque.
FADIGA, ANCIEN INTERNATIONAL SÉNÉGALAIS :
‘’Les chances sont présentes’’
« Les chances sont toujours présentes parce qu’il y a des équipes qui ont de la valeur. La Côte d’Ivoire, même si elle est dans un groupe difficile, comme le Ghana, peut réaliser de belles choses. Après, il y aura des équipes qui pourront créer la surprise.Moi, j’aime beaucoup la manière dont Stéphane Keshi a amené cette équipe nigériane jusqu’à la qualification à la cette Coupe du monde. Je pense que ce sont des équipes sur lesquelles on peut compter. Au niveau du jeu, je pense que la Côte d’Ivoire, avec des joueurs comme l’extraordinaire Yaya Touré, l’expérimenté Didier Zokora, Gervinho, etc., ont les capacités d’aller loin ».
OMAR DIENG, ANCIEN JOUEUR DU PSG, CONSULTANT À CANAL+
« Une pièce sur la Côte d’Ivoire et le Ghana »
« Je mettrai une pièce sur la Côte d’Ivoire et le Ghana. La Côte d’Ivoire parce que c’est très difficile de jouer contre une équipe qui arrive en fin de cycle. Et dire que cette équipe a huit joueurs qui vont arrêter leur carrière après la Coupe du monde en dit long. En général, les joueurs qui arrêtent leur carrière ont toujours envie de sortir par la grande porte. Déjà, il y a une possibilité pour aller au bout, pour ne pas dire sortir du groupe. Pourquoi le Ghana ? Parce que je pense que c’est sa troisième Coupe du monde et ils ont une équipe qui arrive en maturité, qui produit du jeu. Je pense qu’ils ont vraiment pris la mesure de cette compétition. Ils savent jouer ce genre de matches avec beaucoup de détachement, sans pression et en général les équipes qui jouent sans pression vont toujours au bout. Plus les groupes sont compliqués, plus les Africains hissent leur niveau de jeu. Dans le groupe du Sénégal au Mondial 2002 il y avait la France, le Danemark, l’Uruguay, mais on est quand même sorti. Donc, je pense qu’on peut aller au bout avec ces équipes-là ».
SEYDOU KEITA, CAPITAINE DU MALI :
« Très important de ne pas perdre le premier match »
« C’est très difficile de dire exactement qui va aller le plus loin possible. Ce que je souhaite, c’est que les équipes africaines aillent loin. On a envie que le drapeau africain soit le plus haut possible. Mon favori, c’est l’Afrique. Quand on regarde sur les papiers, la Côte d’Ivoire a beaucoup d’atouts, mais on a vu en 2010 le Ghana qui méritait d’aller en demi-finale. J’espère qu’une équipe va au moins passer le premier tour. Après, vous savez que les confrontations directes tout est possible. En tout cas, je croise les doigts tout en pensant que l’Afrique fera quelque chose de bien cette année. D’où l’importance de rentrer très vite dans cette compétition. Dans ce genre de compétitions, les premiers matches sont très importants. C’est toujours très important de ne pas perdre le premier match, après ça devient moins compliqué ».