LA CHIRURGIE AFRICAINE PLOMBEE PAR LE SOUS-EQUIPEMENT
MEDECINE
Le Congrès conjoint mondial et panafricain francophone de chirurgie a démarré, hier, à Dakar. Il regroupe le 5ème Congrès de l’Association de chirurgie d’Afrique francophone, le 7ème Congrès mondial francophone de chirurgie et le 3ème Congrès de la Société africaine de morphologie et d’organogenèse. Les spécialistes ont présenté un tableau peu reluisant de l’exercice de la chirurgie en Afrique.
En Afrique, l’exercice de la chirurgie est limité. Cette pratique médicale rencontre, entre autres difficultés, le sous-équipement et l’insuffisance des ressources humaines. Ce triste constat a été relevé hier, lors de l’ouverture du Congrès conjoint mondial et panafricain francophone de chirurgie présidée par le ministre de la Fonction publique, du Travail, du Dialogue social et des Organisations professionnelles, Mansour Sy.
« Le problème commun de la chirurgie en Afrique, c’est le manque d’infrastructures et d’équipements. Or, pour faire de la chirurgie, il faut un minimum de conditions de sécurité. Il y a aussi une disparité dans la répartition des infrastructures entre les villes et les zones rurales », a fait remarquer le président du Comité d’organisation, Cheikh Tidiane Touré. Et l’un des objectifs de ce congrès est de proposer des solutions à ces insuffisances afin d’offrir aux populations les meilleurs actes chirurgicaux. Car « des personnes continuent à mourir dans les campagnes à cause d’actes banals de chirurgie », a relevé M. Touré. D’où le but de cette rencontre qui est « d’offrir une chirurgie de qualité, en toute équité, à tout moment et à tous les lieux », a indiqué le chef de la chirurgie générale de l’hôpital Aristide Le Dantec. Il a remarqué aussi une désaffection de cette spécialité par les jeunes Sénégalais. « Il faut des actions urgentes. Les jeunes désaffectent de plus en plus cette filière, parce que ce sont de longues études et il n’y a pas de motivation. Une bourse de 100.000 FCfa ne peut pas couvrir les besoins d’une personne âgée de 29 ans et plus », a argumenté le Pr. Touré.
Dans son allocution, le ministre de la Fonction publique a exprimé toute l’importance que le chef de l’Etat accorde à ce congrès. En réponse aux préoccupations du Pr. Touré et de ses confrères, Mansour Sy a fait savoir que Macky Sall tient à l’amélioration des conditions de vie et de travail de tous les spécialistes. « Le gouvernement accorde une attention particulière aux points abordés par le Pr. Cheikh Tidiane Touré. Le président de la République a donné des instructions pour améliorer les conditions de vie de tous les spécialistes, pour que le pays puisse tirer profit de leurs compétences et expertise », a-t-il assuré. Notons que l’ouverture du congrès a été précédée par la communication du Pr. Olivier sur la médecine de catastrophe. Selon le praticien, cette médecine suppose un équilibre sur le terrain. De plus, les médecins et les paramédicaux sont tenus de faire preuve d’équité lorsqu’ils reçoivent d’un coup un flux de malades. Quel malade faudrait-il soigner en premier ? Pourquoi celui-ci devra attendre ? Pour résoudre cette équation, le spécialiste a conseillé un triage à effectuer par un médecin expérimenté. « Il faut une équipe chirurgicale idéale et des techniques chirurgicales adaptées dans des zones de catastrophes », a prodigué l’universitaire. L’occurrence des catastrophes naturelles et des accidents pose, s’il en est besoin, la formation des ressources humaines capables d’agir dans ces circonstances. Ce qui fait dire au Pr. Abderrahmane Dia, doyen de la Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, que « nous devons enseigner la médecine de catastrophe dans nos Facultés, car nous assistons de plus en plus à des catastrophes naturelles et à des accidents ».