LA COLLECTIVITÉ LÉBOUE VALIDE LE PRÊCHE DE L’IMAM SAMB
Maintien du mandat du président de la République à 7 ans
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Les membres de la collectivité léboue sont en phase avec l’imam Moussa Samb de la Grande mosquée de Dakar. A leur tête le Grand Serigne de Dakar, ils ont porté «leurs robes d’avocats» hier, face à la presse pour défendre l’imam qui a été critiqué parce qu’ayant demandé au président de la République de ne pas réduire son mandat de 7 ans à 5 ans. Comme il l’avait promis.
Le Grand Serigne de Dakar vole au secours de l’imam ratib de la Grande mosquée de Dakar. Les différentes réactions notées à la suite du sermon de Moussa Samb le jour de la Korité, n’ont pas laissé indifférents les dignitaires lébous. Ils estiment «qu’on est en train de lui faire un mauvais procès» et qu’ils sont «fiers et honorés» de l’avoir à la tête de la Grande mosquée de Dakar.
En conférence de presse hier au siège de la collectivité léboue, le Grand Serigne de Dakar a fait un discours de plusieurs minutes pour défendre l’imam Moussa Samb qui avait demandé au président de la République de ne pas réduire son mandat. Selon Abdoulaye Makhtar Diop, il a eu raison de dire à Macky de garder son mandat de 7 ans. D’après le dignitaire lébou, «cet homme dans le cadre de sa mission est obligé de parler de politique, car elle est au centre de la vie des individus».
«Nous sommes entièrement d’accord et le soutenons dans ce sens», a-t-il dit. Avec des arguments «juridiques», M. Diop soutient que Macky Sall n’a aucun moyen, du point de vue de la loi, «même s’il le veut, de réduire son mandat».
«L’article 27 de la Constitution dit que le président de la République est élu pour 7 ans, ce mandat est renouvelable une seule fois et ne peut être modifié que par voie référendaire. L’article 27 n’a pas dit tout mandat du Président, s’il l’avait dit, ça voudrait dire le mandat en cours et le mandat à venir», a-t-il expliqué.
Le Grand Serigne de Dakar a précisé par la même occasion que «le Conseil constitutionnel du Sénégal n’est pas législateur, il est tenu de vérifier la constitutionnalité de toutes les lois et d’interpréter la Constitution». «Or dans la Constitution du Sénégal, on ne parle nulle part de réduction du mandat du Président. Je mets au défi, sans passion politique, les juristes attitrés de cette question pour qu’on l’évacue une bonne fois pour toute», a-t-il lancé.
Poursuivant son argumentaire, Abdoulaye Makhtar Diop soutient que le président de la République, en saisissant le Conseil constitutionnel, ne peut lui poser que deux questions. «La première : Est-il possible par voie référendaire de réduire le mandat ? Si le référendum est organisé, les résultats peuvent-ils servir à réduire la durée du mandat ? (...)».
Pour lui «le problème ne se posera pas en terme d’analyse de la Constitution, mais en terme d’étude et d’analyse de sens du vote de mars 2012». «Le conseil constitutionnel va dire le Président a été élu avec 1 million 9400 voix, si un référendum est organisé 4 ans après avec 700 000 Sénégalais qui disent réduisons le mandat. Est-ce que c’est logique juridiquement que 700 000 Sénégalais qui disent réduisons le mandat effacent le vote de 1 million 9400 Sénégalais ?
C’est ça que le Conseil constitutionnel va dire», a-t-il argumenté. Pour le chef de la collectivité léboue, il faut que «le Président aille au bout de son mandat et des élections auront lieu en 2019». «Tout ce qu’on dit de l’imam Samb, on le dira du Conseil constitutionnel. On dira quand il rendra sa décision que c’est un organe politique», prévient-il.
Moyen politique de réduire le mandat ?
Quid du moyen politique par lequel le Président Macky Sall peut passer pour réduire son mandat ? Doit-il démissionner après 5 ans au pouvoir ? Abdoulaye Makhtar Diop est convaincu que les Sénégalais ne vont pas accepter «l’incertitude et l’instabilité» qui va naître de cette décision. «Il est dit dans la Constitution que quand le Président démissionne, il est remplacé par le Président de l’Assemblée nationale (...) On se rendra compte pour la première fois de la mauvaise écriture de l’article 49 de la Constitution», a-t-il déclaré.
Interprétant cet article de la Constitution sénégalaise, il soutient que durant la période de transition, l’article 49 ne s’applique pas. «Ça veut dire que si le président de la République suppléant arrive, le Premier ministre et le gouvernement doivent rester, or la règle de droit élémentaire veut que la délégation de pouvoir disparaisse avec celui qui l’a donnée. On entre dans un conflit», a-t-il dit.