LA CONTROVERSE BIBO BOURGI
CO-ACCUSÉ DE KARIM WADE
Dakar, 1 sept 2014 (AFP) - Le procès pour enrichissement illicite de Karim Wade, fils et ministre de l'ex-président Abdoulaye Wade, a été marqué lundi par la comparution controversée de son principal complice présumé, malgré sa maladie, selon ses avocats.
La Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) a renvoyé à la fin du procès les exceptions soulevées par la défense pour demander une annulation de la procédure, a par ailleurs annoncé son président Henri Grégoire Diop.
La défense a invoqué plusieurs arguments liés notamment à la compétence de la Cour, des failles dans l'enquête préliminaire, une insuffisance du grade d'un représentant du parquet.
Ibrahima Abou Khalil Bourgi, dit Bibo, également détenteur de la nationalité française, est le principal coaccusé de Karim Wade dont il est présenté comme "un prête-non".
La Cour, qui l'avait dispensé de comparution jusqu'à la fin des exceptions de procédure, l'a appelé à la barre lundi. M. Bourgi est apparu d'abord sur une chaise roulante avant de s'allonger sur une civière, assisté de deux personnes, avec des bouteilles de perfusion, a constaté un journaliste de l'AFP.
"La Cour a décidé de faire comparaître Bibo Bourgi. Nous prenons toutes nos responsabilités", a dit le président Diop sur la base, selon lui, de diagnostics médicaux indiquant que le prévenu est en état de comparaître.
Son argument a été rejeté par les avocats de la défense qui ont fait appel à deux médecins de la clinique de Dakar où est hospitalisé M. Bourgi. "J'ai toujours donné des documents pour dire qu'il faut l'évacuer le plus vite possible" en France pour des soins, a dit l'un d'eux.
Des incidents d'audience, entre avocats de la défense et la Cour, ainsi qu'entre conseils des parties, ont provoqué plusieurs suspensions. Les débats continuaient lundi après-midi.
Karim Wade, en détention préventive depuis avril 2013, est accusé d'avoir illégalement acquis 178 millions d'euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père.
D'après la défense, son patrimoine est d'environ deux millions d'euros, gagnés pour l'essentiel quand il était trader en Europe avant de travailler auprès de son père, au pouvoir de 2000 à 2012.