LA CORRUPTION, ENCORE ET TOUJOURS !
LA POLICE, LES PARTIS POLITIQUES ET LA JUSTICE... LES PIRES DE TOUS
Les nombreux mécanismes de lutte contre la corruption mis en place par les autorités gouvernementales tardent à donner des résultats escomptés. Le phénomène de la corruption reste solidement ancré dans les mœurs des Sénégalais, si l’on en croit le Forum civil (section sénégalaise de Transparency International) qui a publié hier le baromètre de la corruption 2013.
Et dans le classement établi par le Forum Civil des secteurs les plus touchés par le fléau, la Police, les partis politiques et le système judiciaire occupent les premières places.
Des recherches effectuées sur le terrain entre septembre 2012 et mars 2013, il ressort que 57% des personnes interrogées soutiennent avoir eu à verser au moins un pot-de-vin dans certaines structures et autres secteurs de l’Etat. Et selon 61% des Sénégalais sondés, le niveau de corruption a augmenté entre 2012 et 2013, en dépit de la mise en place de nombreux mécanismes de lutte contre ce fléau.
Indexée à tort ou à raison comme l’un des corps de métiers les plus corrompus dans le pays, la Police aura du mal à se défaire de cette crasseuse réputation. D’autant que dans le classement «Perception de l’existence de la corruption par institution sur une échelle de 1 à 5», elle occupe la première place en se plaçant au niveau 4,1. Les hommes en kaki sont, cependant, à égalité avec les partis politiques.
Dans ce classement, le système judiciaire, la Fonction publique et le Parlement pointent respectivement aux troisième, quatrième et cinquième rangs et se situent dans les niveaux 4, 3,7 et 3,6. Viennent ensuite le système de santé (3,5), le secteur de l’Education (3,4), les médias (3,4), le secteur privé (2,9), les communautés religieuses (2,5) et la société civile (2,5). En se situant dans le niveau 2,3, l’Armée qui ferme la marche s’illustre comme le secteur le moins gangrené par la corruption.
Quand les impôts imposent les pots-de-vin
Pour obtenir un service ou se faire délivrer un papier au niveau des impôts, les citoyens doivent se prémunir d’une enveloppe devant servir à graisser l’agent trouvé sur les lieux. La pratique des dessous de table, note la section sénégalaise de Transparency international, y est érigée en règle. En effet, 59% des personnes interrogées soutiennent avoir versé des pots-de-vin aux impôts. Ils sont talonnés par le Service de délivrance de permis, de droits de timbres et d’enregistrement (55%). Au même moment, 54% des citoyens déclarent avoir payé des bakchichs à la Police là où 53% indiquent l’avoir fait avec la Justice.
Le Sénégal était plongé depuis de nombreuses années dans une situation de corruption endémique et l’avènement du nouveau régime avait fait nourrir beaucoup d’espoir quant au recul du phénomène. Surtout que des actes forts ont été posés allant dans le sens de lutter efficacement contre ce fléau qui gangrène l’économie du pays et fragilise les institutions.
Parmi ces dispositifs, on peut citer la loi portant Code de transparence sur les finances publiques, la loi portant création de l’Office national contre la fraude et la corruption (Ofnac) et la réactivation de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). S’y ajoute la loi de consolidation des prérogatives de la Cour des comptes.
Les populations donnent une mauvaise note au régime de Macky
Malgré tous ses dispositifs, 68% des personnes interrogées jugent très inefficace le combat du gouvernement contre la corruption.
C’est ce qui pousse surtout le Forum Civil à demander l’accélération de la mise en place de l’Ofnac, le renforcement des pouvoirs de la Cour des comptes, des réformes sur le Conseil constitutionnel et le Conseil d’Etat. Mouhamadou Mbodji et ses camarades souhaitent aussi l’accélération des réformes sur la décentralisation, la réforme foncière et d’assurer une meilleure articulation institutionnelle (Cnri et Acte III de la décentralisation), l’amélioration de l’accès à l’information aux citoyens par l’adoption d’une loi et l’adoption des lois sur le financement des partis politiques et sur les conflits d’intérêts.
A cet effet, le Forum demande à bannir toute tentative de médiation pénale sur la traque des biens mal acquis et invite l’Etat à gérer de manière transparente l’argent reçu de cette traque.