LA CORRUPTION ENGLOUTIT PLUS DE 1.200.000 MILLIARDS FCFA PAR AN
SELON DONALD KABERUKA DE LA BAD
Véritable fléau planétaire, la corruption coûte au monde la bagatelle de 1.200.000 milliards FCfa par an. A côté, les pots-de-vin sont évalués à 1000 milliards de dollars. Face à ce phénomène, le président de la Banque africaine de développement invite le monde à recentrer sa stratégie de lutte contre la corruption.
Faisant le procès de la corruption, le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, a révélé que, chaque année, le fléau engloutit 2.600 milliards de dollars (plus de 1.200.000 milliards de FCfa, soit 5 % du produit intérieur brut (Pib) mondial. Quant aux pots-de-vin versés, la valeur est de 1000 milliards de dollars (plus de 480.000 milliards de FCfa) , a ajouté M. Kaberuka dans un communiqué à l’occasion de la journée internationale de lutte contre la corruption célébrée hier et dont le thème, cette année, est « Zéro corruption – 100 % développement ». Des montants colossaux qui font dire au président Kaberuka que « la corruption est une menace planétaire. Elle fait obstacle au développement économique et on pourrait y voir la dune dans laquelle s’enlise la prospérité. Dans le monde globalisé et fortement interconnecté qui est le nôtre, la corruption est un des écueils les plus dangereux ». Le patron de la Bad rappelle que le phénomène ne prive pas seulement de fonds ceux qui en ont le plus besoin, elle fait aussi le lit de la mauvaise gouvernance qui favorise, à son tour, les réseaux criminels organisés. « De ce fait, elle concerne tout un chacun et peut amoindrir la prospérité, compromettre le respect des droits humains et entraver la prestation de services », estime-t-il.
Pire, continue le président Kaberuka, le fléau érode les institutions démocratiques et sape l’état de droit. Il s’y ajoute qu’aucun Etat n’est à l’abri, seulement les pays sont touchés à des degrés divers. Pour le président de la Bad, ce qui diffère, c’est aussi le contexte dans lequel s’inscrit la corruption, le niveau de tolérance qu’elle rencontre. Quant à la Bad, poursuit son président, elle a fait de la gouvernance un des piliers de sa Stratégie décennale (2013-2022), son plan d’action dans ce domaine consistant en une série d’objectifs ambitieux à l’échelon sectoriel, national et régional. « Pour nous, la bonne gouvernance et les stratégies anti-corruption participent de la lutte contre la pauvreté, qui est au coeur de notre mission », estime Donald Kaberuka. A son avis, l’argent provenant des banques est une cible de la corruption. « On peut penser que les projets financés par les banques de développement internationales offrent un terrain propice à la corruption ; car les fonds utilisés sont perçus, à tort, comme « venant de l’extérieur ». Lorsqu’il y a, à la clef, de juteux contrats portant sur des projets d’infrastructure, pots-de-vin, dessous de tables et malversations sont à craindre. Sous l’effet de la corruption, il arrive que les fonds se volatilisent et que les infrastructures ne soient pas construites, qu’elles ne le soient qu’en partie ou qu’elles le soient avec des matériaux de mauvaise qualité ; ce qui n’est pas sans danger », dit-il. A l’occasion de la journée internationale de lutte contre la corruption, M. Kaberuka invite à recentrer la stratégie contre le fléau. Il invite à concourir au même but et appelle le personnel et les partenaires de la Bad à rejeter catégoriquement la corruption