LA CREI FREINE SENECARTOURS
MARCHÉ DU TRANSPORT DES PASSAGERS À L'AÉROPORT DE DAKAR
La société mise sous administration provisoire ne remplit plus les conditions du marché pour exercer son activité à l’aéroport de Dakar. Un appel d’offres en bonne et due forme a été remporté par Senecartours. Mais la Crei, pour des raisons qui lui sont propres, a décidé que la société Abs, avec ses lacunes, devrait continuer à exercer sur la plateforme, quel que puisse en être le prix.
La société de transport Senecartours devait, depuis le vendredi 10 janvier dernier, commencer à gérer les activités du transport des passagers du tarmac de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Mais jusqu’à ce jour, elle est dans l’incapacité de le faire.
Et cela, parce que le président de la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), l’a décidé ainsi, de pleine autorité. M. Cheikh Tidiane Bèye a produit une correspondance le 9 janvier, veille du jour où Senecartours devait commencer ses activités sur la plateforme aéroportuaire de Dakar, et adressée à Abdoulaye Diouf, l’administrateur provisoire de Aéroport Bus service (Abs Sa), dans laquelle il lui rappelle qu’ayant été placé à ce poste sous l’autorité de la Crei, M. Diouf n’est tenu d’obéir qu’à cette dernière.
Par conséquent, Abs ne devait pas prendre en compte la décision des Ads, approuvée par l’Armp, qui accordait le marché de la gestion du trafic du transport des passagers sur le tarmac de l’aéroport.
Or, l’attributaire de ce marché, la société Senecartours, pour se conformer aux conditions du marché en question, a déjà acheté des bus, de marque Cobus, qui sont déjà arrivés à Dakar. Et qui se retrouvent inutilisables pour le moment.
Interpellé, le directeur général de l’Agence des Aéroports du Sénégal (Ads), M. Papa Mael Diop, a avoué d’une certaine manière son impuissance. M. Diop déplore le fait que la société Senecartours ne puisse pas exercer ses activités, alors que l’opérateur a un contrat en bonne et due forme, et a engagé près de 2 milliards de francs Cfa dans l’affaire.
Le marché du transport des passagers sur le tarmac de l’aéroport, a été relancé à la fin de l’année 2012, après qu’un appel précédent ait été annulé du fait des réserves de l’Armp. En effet, pour ce marché, les Ads avaient prévu un budget de 900 millions de francs Cfa, alors que le montant total du marché s’élevait à 1,2 milliard de francs Cfa.
Pour cet appel d’offres rejeté, Abs avait été le seul soumissionnaire, mais quand l’offre a été relancée, deux autres candidats se sont déclarés, ce qui sans doute, a poussé Abs à ne pas renouveler sa soumission. Ce qui n’a pas empêché que la société Senecartours soit déclarée adjudicataire.
Abs n’a plus de contrat avec les Ads
Néanmoins, informé par le Dg des Ads de l’évolution de la situation, l’administrateur provisoire de Abs enverra à ce dernier une lettre dans laquelle il va lui indiquer qu’il considérait que son entreprise avait un contrat de sept ans, renouvelable par tacite reconduction. Selon M. Diouf, le contrat ne pouvait être cassé que par lettre recommandée avec accusé de réception, envoyée au moins 6 mois avant l’échéance.
Or, estime-t-on aux Ads, en excipant de ces motifs, l’administrateur provisoire d’Abs a volontairement occulté le fait que son contrat, qui avait été renouvelé en fin 2009, était devenu caduc avec la disparition des Ads, par décret 2012-175 signé par le ministre d’Etat Karim Wade. Ce fait l’avait d’ailleurs contraint à faire une soumission lorsque l’appel d’offres avait été lancé une première fois.
Quoi qu’il en soit, si la Crei a réussi à imposer aux Ads de ne pas respecter leurs engagements envers le prestataire choisi, Senecartours, elle n’est pas parvenue à leur imposer de contracter avec Abs. Ce qui fait que depuis le mois d’août environ, Papa Mael Diop a cessé d’honorer les factures qui lui sont présentées par Abs, au motif qu’il n’a pas de contrat, donc pas de base légale pour travailler avec cette société.
Ce qui lui a valu une menace de procès de la part de la Crei, qui s’est érigée en avocat d’une société privée ! Ce qui ne peut se comprendre, si l’on sait que les Ads ont réussi à ramener ce marché de 1,2 milliard à 750 millions de francs, au profit de l’Etat.
Cela n’est d’ailleurs pas la seule bizarrerie de l’affaire. En tentant de faire revenir les magistrats de la Crei à une prise de conscience des enjeux, le Dg des Ads aurait fait remarquer au président de la Crei que Senecartours serait justifiée d’intenter un procès contre Ads, que l’Agence était sûre de perdre. A cela, il n’a reçu qu’une seule réplique de la part de Cheikh Tidiane Bèye : «Dans ce cas, l’Etat paiera, c’est tout !» Alors que l’on parle ici de milliards…