LA CRISE DE L’EMPLOI DES JEUNES NE DOIT PAS ÊTRE UNE FATALITÉ MAIS UN DÉFI
Mame Mbaye Niang aux assises de l'AMSEP
L’emploi des jeunes préoccupe bon nombre de gouvernements dans le monde. Pour le ministre sénégalais de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne, Mame Mbaye Niang, cette question ne doit être perçue comme une « fatalité mais un défi ». Quant au président de l’Association africaine des services d’emploi publics (Aasep), André Nyanga Elenga, il a invité les gouvernements africains à mutualiser leurs efforts dans le domaine de l’emploi des jeunes.
Le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne a indiqué que la crise de l’emploi des jeunes ne doit pas être perçue comme une « fatalité ». « C’est un défi qui interpelle tous les gouvernements du monde, il est à notre portée », a déclaré Mame Mbaye Niang.
Il présidait hier l’ouverture de la Conférence internationale sur le thème « Innovations dans la gouvernance de l’emploi des jeunes », organisée par l’Association mondiale des services d’emploi public (Amsep), à travers l’Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (Anpej).
« Lutter contre le chômage des jeunes n’est pas une faveur faite à la jeunesse, a-t-il ajouté, il s’agit plutôt d’un enjeu de développement durable dans un monde où les jeunes constituent la majorité de la population et l’Afrique ne saurait se passer de l’apport inestimable de la jeunesse ».
Sa conviction est qu’il est donc du devoir de chaque Etat d’inscrire l’emploi des jeunes au cœur de ses priorités. C’est fort de cette conviction que le président de la République Macky Sall a inscrit l’emploi, et particulièrement l’emploi des jeunes, comme une priorité nationale dans son projet de société pour un Sénégal émergent.
C’est dans ce cadre, selon lui, que s’inscrivent les Domaines agricoles communautaires (Dac) qui constituent « une approche innovante et attractive qui devront permettre à des jeunes de disposer d’unités d’exploitation autonome et de devenir des nouveaux types d’entrepreneurs agricoles ».
Aussi, a-t-il poursuivi, le Projet d’appui des jeunes et des femmes (Papej), financé par la Banque africaine de développement (Bad) pour un montant de 18 milliards de francs Cfa, vient renforcer le dispositif d’accompagnement des jeunes dans leur processus d’insertion professionnelle, avec la mise à disposition d’une ligne de financement de 4 milliards de francs Cfa destinée au financement de projets des jeunes. Il a également salué le soutien du fonds des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Pam), une nouvelle politique de promotion de l’emploi en milieu rural en cours de formulation.
Sur le thème de la rencontre, Mame Mbaye Niang reste d’avis que « l’innovation ne doit être perçue comme la remise en cause absolue de l’ordre passé et présent mais l’évaluation critique des politiques et stratégies d’intervention des services publics d’emplois pour apporter les changements qualitatives nécessaires en vue d’une grande efficacité dans l’action ».
Priorité de leurs priorités
Pour sa part, André Nyanga Elenga, président de l’Association africaine aux services publics de l’emploi (Aasep), a souligné que « parler d’innovation et de gouvernance dans l’emploi des jeunes est une question d’actualité ». « C’est un enjeu particulièrement prégnant car il n’est pas seulement question d’innovation technologique, scientifique mais également et surtout d’innovations politiques, organisationnelles, sociales et mentales », a-t-il souligné.
Pour le président de l’Aasep, « on doit réfléchir ensemble pour essayer de résoudre l’épineux problème du chômage. Les gouvernements doivent réfléchir à des politiques actives d’emploi et partager leurs visions et politiques ». Il trouve également qu’« il est urgent que les pays africains agissent vite car le nombre de jeunes en Afrique subsaharienne va se situer autour de 182 millions en 2050, se fondant sur une étude du Bureau international du travail (Bit) ». Cette progression, estime-t-il, va engendrer « l’arrivée massive de jeunes sur le marché de l’emploi ».
« Tous les pays africains sont touchés par le chômage notamment ceux où il y a des conflits », a-t-il souligné, souhaitant que les pays africains fassent de « l’emploi des jeunes la priorité de leurs priorités, car l’Afrique regorge d’opportunités ».
« La gouvernance de l’emploi des jeunes renvoie aux stratégies d’intervention, aux moyens, aux bonnes pratiques à partager entre agences afin d’améliorer les conditions et la gestion de l’emploi des jeunes », a précisé Amadou Lamine Dieng.
De l’avis du directeur général de l’Anpej, « aujourd’hui, il nous faut échanger les bonnes expériences, dégager des pistes de réflexion qui permettront de le résoudre ».
« Les jeunes peinent souvent à avoir accès aux bonnes informations. Il faudra qu’on mette en place des stratégies et des outils qui permettront à tout demandeur d’emploi d’avoir accès aux informations sur le marché de l’emploi », a-t-il estimé.
L’autre aspect, poursuit-il, est en rapport avec l’employabilité et l’accès au financement.