LA DÉFENSE DE KARIM EN SURSIS
LA CONSTITUTION DE MADICKÉ NIANG, AMADOU SALL, SOULEYMANE NDÉNÉ NDIAYE ET ABC CONTESTÉE
Le procès de Karim Wade et Cie a démarré hier. En préambule, les avocats de l’Etat du Sénégal ont soulevé des observations pour écarter la constitution de partie civile des conseils des prévenus contre l’Etat, notamment ceux qui ont occupé des fonctions ministérielles. Mes Madické Niang, EL Hadji Amadou Sall, Souleymane Ndéné Ndiaye et Alioune Badara Cissé sont les cibles principales. En réplique, ces derniers ont soutenu n’avoir jamais été fonctionnaires de l’Etat et récusent aussi El Hadji Diouf et Moustapha Mbaye. Le Président va vider sur les observations lundi.
Pour le premier jour de leur procès, ni Karim Wade ni Bibo Bourgi ni aucun des autres inculpés n’ont eu l’occasion de s’expliquer sur les faits pour lesquels ils sont poursuivis. Comme l’avait annoncé «L’As», les avocats vont d’abord soulever des exceptions pour faire annuler la procédure. Ils l’ont déjà fait savoir hier au Président de la Cour de la Crei, Henry Grégoire Diop. N’étant pas encore arrivés à ce stade, les avocats de l’Etat du Sénégal, par la voix de Me El Hadji Diouf, ont fait des observations allant dans le sens d’écarter de la procédure certains conseils des prévenus. En effet, selon Me Diouf, la loi relative à l’organisation interne de l’ordre des avocats, notamment l’article 11 qui les régit, rejette la constitution d’un avocat qui a été «agent quelconque de l’Etat» ou de «collectivité » pendant un délai de 3 ans.
En d’autres termes, Mes Madické Niang, El Hadji Amadou Sall, Souleymane Ndéné Ndiaye et Alioune Badara Cissé (qui défend Karim Wade et Pape Samba Diassé) ne peuvent pas plaider contre l’Etat du Sénégal. Il a été appuyé dans ce sens par Me Félix Sow qui argue que l’article 11 est une nouvelle mouture instaurée en 2009 et qui dit que ces anciens ministres ne peuvent pas plaider contre l’Etat du Sénégal. En fait, cette mouture veut éviter que d’anciens ministres qui en savent certainement des «choses» sur cette affaire Karim Wade viennent par la suite le défendre contre l’Etat. «Je n’ai jamais été fonctionnaire de l’Etat». C’est la réplique qui lui a été apportée par Me Souleymane Ndéné Ndiaye.
A l’en croire, ils ne plaident pas contre l’Etat puisqu’il ne s’agit pas d’une affaire de détournement de deniers publics. L’ancien Premier ministre conteste la constitution de partie civile de l’Etat du Sénégal. Selon lui, Karim Wade ne peut pas être condamné à payer quoi que ce soit. Dans la même lancée, Me Madické Niang précise qu’ils ne sont pas des agents contractuels de l’Etat. «Il ne faut pas faire la confusion entre l’Etat et le peuple», argue la robe noire qui conclut que le parquet spécial représente le peuple. «Nous ne sommes par régis par le statut de la fonction publique», s’alarme Me Alioune Badara Cissé.
L’ancien ministre des Affaires Etrangères n’a pas manqué de balancer à qui voulait l’entendre : «Je me ferai le plaisir de me constituer pour tout le monde, sauf pour ceux-là qui doivent leur position à la recommandation de la Première Dame.» Les avocats de la défense ont aussi récusé la constitution de Me El Hadji Diouf et Moustapha Mbaye sur le fondement du même article. Le Président Henry Grégoire Diop a donné rendez-vous à tout le monde lundi prochain pour vider sur les observations des avocats.