LA DEMARCHE QUI POSE PROBLEME
RELANCE DU SECTEUR TOURISTIQUE
Un signal fort pour le secteur touristique. C’est ainsi que les professionnels du secteur touristique apprécient le lancement, il y deux semaines, par le président de la République Macky Sall, de la saison touristique 2013-2014. S’ils saluent certaines mesures annoncées par le Chef de l’Etat, ils n’en partagent pas pour autant la démarche du plan de relance décliné par la tutelle.
Ils attendaient de nouvelles mesures de relance, «il y en a eu», selon Boubacar Sabaly, président du Syndicat d’initiatives de Saly et directeur des «Bouguainvilliers». A l’entendre, le Président Macky Sall, «choqué», a répondu à la principale préoccupation immédiate des acteurs relative à la situation des plages du fait de l’érosion côtière, «en interpellant sur place le ministre de l’Environnement pour qu’une solution soit trouvée rapidement».
De même, la problématique du visa a retenu l’attention des acteurs dans le discours de Macky Sall qui promis que «des réflexions rapides» seront entamées afin d’aboutir à des conditions plus faciles d’accès au visa. Cependant, il semble que Macky Sall n’a pas écarté l’éventualité de la suppression du visa si cela s’avérait nécessaire. Toutes choses qui iraient, selon M. Sabaly, dans le sens de lever les freins à la relance.
La requalification de la station balnéaire de Saly qui date de 1975, est aussi à l’ordre du jour. Depuis cette date le plan d’occupation n’a pas été revu et, la conséquence c’est l’anarchie qui y règne. Autrement dit, Saly ne répond plus aux normes internationales.
La mesure phare annoncée par le Président Sall, selon les acteurs, c‘est la restauration prochaine, d’ici à la fin du mois en cours, de l’Anpt (Agence nationale de la promotion du tourisme). Une mesure fortement saluée par la profession qui a toujours déploré sa suppression.
Reste maintenant le Plan de relance de la destination décliné par la tutelle et qui, aux yeux de M. Sabaly, « n’est pas suffisamment partagé avec la profession».
Le rôle de l’Etat, celui des professionnels
Les professionnels estiment que, autant c’est le rôle de l’Etat de créer l’espace propice aux affaires et une forte image de la destination auprès des marchés émetteurs, autant la vente des produits est du ressort des acteurs professionnels. Sous ce rapport, «il n’est pas cohérent d’élaborer un plan de relance sans l’implication de ces derniers et sans qu’il y ait une cohésion entre l’image véhiculée et les produits vendus naturellement par ce plan risque de ne pas produire les effets escomptés», indique M. Sabaly.
La problématique au sens des professionnels, c’est qu’on ne peut pas partir d’un plan de relance d’une destination en recul sans analyser les causes endogènes et exogènes. Autrement, «il s’agit tout simplement d’un plan de promotion », estime M. Sabaly.
En tout état de cause, si le plan de relance n’est pas partagé entre les professionnels et l’institutionnel, «il n’est pas viable.»
Pour ce qui est de la saison 2013-2014 lancée officiellement par le chef de l’Etat, M. Sabaly estime qu’ «elle est déjà impactée par le visa car les programmations n’ont pas attendu, les contrats tours operators, plans de vol et autres se font longtemps à l’avance et entre les mois de janvier et mai, c’est déjà terminé et c’est toute la chaîne de distribution qu’il faut réactualiser.»
En d’autres termes, il faut se préparer pour la saison 2015 car pour cette année, selon Boubacar Sabaly, «c’est foutu ! »
En attendant que toutes les mesures annoncées par Macky Sall soient traduites en actes concrets, reste toutefois la question du financement du tourisme.
Il y a peu, le président Macky Sall avait annoncé une banque dédiée au secteur touristique. Les professionnels, dans le mémorandum qu’ils ont remis au président Macky Sall, ont rappelé le processus de développement du tourisme sénégalais et comment l’Etat et les professionnels étaient allés ensemble dans un contexte de tourisme primaire dans les années 70 jusqu’à devenir une industrie touristique. « C’est parce qu’il y a eu beaucoup de mesures d’accompagnement qui ont été prises dont la banque Soficedit qui était destinée à l’investissement touristique », rappelle M. Sabaly.
Cette banque n’existant plus, «Il nous faut désormais un instrument adapté au secteur », conclut-il.