LA DIPLOMATE DE L'UE DONT BANJUL A DEMANDÉ LE DÉPART A QUITTE LA GAMBIE
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Banjul (Gambie), 9 juin 2015 (AFP) - La chargée d'affaires par intérim de la délégation de l'Union européenne (UE) à Banjul, Agnès Guillaud, priée par la Gambie de quitter son sol pour une raison non communiquée, est partie du pays, a indiqué mardi à l'AFP une source aéroportuaire.
"Mme Guillaud a embarqué lundi soir dans un vol de la compagnie Bruxelles Airlines à destination de la Belgique. Elle est passée par la salon d'honneur (réservé aux personnalités).
C'est tout ce que je sais de son départ", a affirmé cette source jointe à la Direction de l'aviation civile, qui a requis l'anonymat. Elle n'était en mesure de fournir aucun autre détail. Jusqu'à mardi après-midi,
aucune autre source à Banjul n'était en mesure de se prononcer sur le motif de l'expulsion de Mme Guillaud, annoncée par le gouvernement dans un communiqué diffusé le vendredi 5 juin au soir.
Banjul avait alors expliqué avoir demandé à la diplomate de l'UE "de quitter le territoire gambien dans les 72 heures", décision effective à compter du 5 juin.
"Nous sommes stupéfaits de cette annonce qui n'a été accompagnée d'aucune explication", avait réagi samedi un porte-parole de l'UE pour les Affaires étrangères à Bruxelles.
De source diplomatique occidentale, Agnès Guillaud, de nationalité française, était depuis 2011 en Gambie, dont l'UE est un des principaux partenaires économiques, avec des subventions allouées pour la période 2008-2013 totalisant 65 millions d'euros.
L'opposant gambien Ousainou Darboe avait qualifié samedi cette expulsion d'"une des pires décisions inconsidérées prises par le gouvernement gambien". "L'UE est l'un de nos plus importants partenaires au développement", avait réagi M. Darboe, responsable du Parti démocratique uni (UDP).
Ex-colonie britannique enclavée dans le Sénégal, à l'exception de sa façade maritime, la Gambie est dirigée depuis près de 21 ans d'une main de fer par Yahya Jammeh.
En 2010, l'UE avait annulé l'octroi d'une aide budgétaire en faveur de la Gambie de 22 millions d'euros en arguant de préoccupations concernant les droits de l'Homme et la bonne gouvernance.
Yahya Jammeh attaque fréquemment les pays occidentaux qui, selon lui, conditionnent leur aide à la Gambie aux droits des homosexuels.
Il s'était par exemple énervé lorsque, en décembre 2012, l'UE avait exhorté la Gambie à abolir la peine de mort, rouvrir des médias fermés -généralement pour avoir critiqué le pouvoir - et autoriser des diplomates étrangers à accéder aux prisons du pays.