LA DIRECTION DU TRESOR, USAID, OXFAM, SHELL, OILIBYA PORTENT PLAINTE
TRAFIC HAUT DÉBIT DE VISAS
L’affaire évoquée par EnQuête dans son édition d’avant-hier, mardi 8 avril, relative au trafic présumé de visas à très grande échelle, n’en finit pas de dérouler ses effets. Alors qu’on pensait que le défilé des plaignants était bouclé, voilà qu’on nous égrène une belle suite. Selon des sources proches de l’enquête, la Direction générale du Trésor public, l’Usaid, l’Oxfam, Shell, Oilibya, Cde, la Société générale des banques du Sénégal (Sgbs) ont aussi porté plainte.
Ces grosses boites sont victimes des agissements du gang des trafiquants de visas. Pour rappel, la Division des investigations criminelles (DIC) a déféré lundi dernier au parquet un gang de sept délinquants à col blanc qui avaient réussi à arnaquer plusieurs représentations diplomatiques dont l'ambassade de Portugal à Dakar. C'est celle-ci qui a déclenché les poursuites en portant plainte contre X à la DIC, après avoir soupçonné un trafic.
Plusieurs personnes sont tombées dont le cerveau, le bien célèbre Noël Diouf qui avait son état major à la Cité Keur Gorgui sur la Voie de dégagement nord (VDN). La Police judiciaire a dû fouiner pour casser le réseau incriminé. Elle a ainsi pu recouper plusieurs informations auprès de services de l'Etat.
Après une perquisition effectuée chez les “trafiquants”, les enquêteurs se sont en effet rendu compte que le réseau était plus sophistiqué qu'ils l'imaginaient. Et que plusieurs services de l'Etat étaient... piratés. Les cachets saisis sont de parfaites copies de ceux des services du Tribunal régional de Dakar, du Conseil économique, social et environnemental (CESE), de la Direction générale des Impôts et Domaine (DGID), de l'Institution de prévoyance retraite (IPRES), de la Caisse de sécurité sociale (CSS), du Crédit Mutuel et de plusieurs autres structures bien connues à Dakar.
Au total, il s'agit d'une soixantaine de cachets, imités avec une précision chirurgicale. Les présumés trafiquants se débrouillaient toujours pour que les ordres de mission et autres documents concernent de “hauts cadres” de l'Etat. Pour que l'attention ne soit pas éveillée, on faisait aussi en sorte que les dossiers présentés concernent de vrais faux directeurs de structures ou d'institutions avec de “gros salaires” qui n'incitent pas à l'immigration...
Environ 150 passeports ont aussi été saisis aux domiciles des personnes interpellés ; signe qu'ils s'adonnaient, selon la Police, à un vrai trafic de visa. Selon des sources dignes de foi, cette affaire ne devrait pas suivre la procédure ordinaire des flagrants délits mais devrait être imputée à un cabinet d’instruction. D’autres têtes devraient, tomber…