LA DOULEUR DES SOINS PALLIATIFS
PRISE EN CHARGE DU CANCER AU SÉNÉGAL
L’organisation humanitaire, Human rights watch, a publié un rapport sur le cancer et la lutte pour le traitement de la douleur au Sénégal. Ce document de 95 pages donne des renseignements sur les soins palliatifs qui sont presque inexistants dans le système de santé au Sénégal. Selon les auteurs de ce document, «une minuscule fraction des patients a réellement accès aux soins palliatifs» au Sénégal. Sans oublier, la récurrence de la pénurie de morphine dans les hôpitaux.
Le Sénégal doit redoubler d’effort pour un meilleur accès aux soins palliatifs dans le cadre du traitement du cancer. Dans un rapport publié hier sur le cancer et la lutte pour le traitement de la douleur au Sénégal, l’organisation Human rights watch informe que l’usage des soins palliatifs au Sénégal est pratiquement inexistant. Dans un document de 95 pages, cette organisation qui œuvre pour le respect des droits humains, fait l’état de la situation en se basant sur une enquête qu’elle a effectuée dans 10 structures de santé à Dakar et dans les régions de Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor. Lors d’une conférence de presse, les auteurs de ce document ont déclaré que «l’association mondiale de soins palliatifs a classé le Sénégal ainsi que la plupart des pays francophones comme n’ayant aucune activité de soins palliatifs connue». «Si l’on se base sur le système d’estimation de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), approximativement, 70 mille personnes atteintes de maladies limitant l’espérance de vie ont besoin de soins palliatifs chaque année au Sénégal. Les recherches menées en 2012 et 2013 par Human rights watch au Sénégal indiquent que seulement une minuscule fraction des patients a réellement accès aux soins palliatifs», informe-t-on dans le document. D’après Angela Chung de Human rights watch, l’élément de base de l’enquête, «les informations les plus récentes renseignent que le Sénégal utilise une quantité annuelle de morphine qui suffit à peine à traiter environ 194 patients souffrant de douleurs dues à un cancer à un stade avancé». La chercheuse souligne que «jusqu’au moment de la rédaction de ce rapport, le Sénégal ne dispose d’aucun service spécifique de soins palliatifs en dehors de Dakar. Les soins palliatifs sont totalement indisponibles», regrette-t-elle.
«Soins palliatifs disponibles seulement à Dakar»
«Lors de nos visites à l’institut Joliot Curie de l’hôpital Dantec, le seul service d’oncologie du pays, nous avons pu voir de nombreux patients atteints de cancer à un stade avancé se tordant, tremblant et gémissant de douleurs sur leur lit d’hôpital», dit-elle. Elle mesure les douleurs ressenties pour ces personnes qui livraient leur dernier combat contre la maladie. Ajoutée à la pauvreté, la situation est presqu’indicible pour ces personnes. «La grande majorité des patients sénégalais qui ont besoin de soins palliatifs passent leurs dernières semaines ou leurs derniers mois chez eux. Ou ils ne reviennent que lorsque toutes les options de traitement ont été épuisées ou lorsqu’ils n’ont plus d’argent pour payer leur traitement. Si un grand nombre de patients peuvent compter sur un soutien familial fort tandis que leur maladie progresse, ils présentent souvent des symptômes qui ne peuvent être correctement traités qu’avec l’aide de personnel de santé et médicaments qui sont largement indisponibles», a-t-on expliqué. Le rapport ajoute que «ces patients et leurs familles finissent abandonnés par le système de santé au moment de leur vie où ils sont sans doute plus vulnérables et subissent d’énormes souffrances qui pourraient être évitées avec des soins palliatifs de base».
Human rights watch révèle dans son rapport «qu’au Sénégal, les soins palliatifs sont très centralisés avec des services limités et disponibles seulement à Dakar». «Il n’y a pratiquement aucun soutien pour les soins à domicile. En 2011, l’Oms indique que le Sénégal n’a aucune stratégie nationale pour les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires, le diabète ou le cancer. Il n’existe pas de registre du cancer ni de collecte d’informations sur les maladies non transmissibles», lit-on dans le document. Selon les auteurs de ce document, «il s’agit non seulement de problème d’inaction mais aussi de barrières juridiques qui freinent activement le développement des soins palliatifs. Ces barrières limitent l’accès aux médicaments». L’organisation américaine souligne que «le gouvernement n’a pas adopté de politiques en matière de soins palliatifs ni formulé une vision sur la façon dont les services peuvent être mis à la disposition des patients et pour que les barrières existantes soient corrigées».