La faillite de l’Etat
MARCHE SENEGALAIS DU SUCRE
Interrogé hier lundi sur les ondes de Radio Sénégal, le PM a déclaré que «La Css et les importateurs ont importé au-delà des 60.000 tonnes convenues».
Selon Abdoul Mbaye, «La Css est allée jusqu’à plus de 30.000 tonnes et les importateurs jusqu’à près de 90.000 tonnes.» Une déclaration qui apparaît quelque peu surprenante si l’on considère que la saturation du marché a été constatée depuis le mois de janvier 2013. Or, la CSS n'aurait pas importé en 2013.
Dans ce contexte, faut-il rappeler que des concertations tripartites interviennent souvent entre l’Etat-la CSS et les commerçants-importateurs en cas de gap dans la production de la Compagnie sucrière, pour assurer l’approvisionnement correct du marché. C’était d’ailleurs le cas entre juin et septembre 2012. Devant un gap de 55 000 tonnes de sucre dans la production de la Css, les trois parties avaient convenu d’une répartition qui donnait à la Css l’importation de 30 000 tonnes tandis que les commerçants s’engageaient pour en importer 25 000 tonnes.
A l’arrivée, ces derniers auraient « renoncé au dernier moment », ainsi que l’affirmait Louis Lamotte dans les colonnes de Sud Quotidien, en mai dernier. Et c’est l’Etat lui même qui aurait demandé à la CSS de se substituer alors aux commerçants, en important la totalité du gap (55 000 tonnes) pour éviter au Sénégal une pénurie de sucre.
En réalité, au-delà de ce jeu de ping-pong qui a toujours caractérisé le marché du sucre et qui commence à sentir très mauvais et finit d’installer le pays dans une situation où personne ne gagne, encore moins le consommateur, cette situation met à nu une faillite des services de l’Etat chargés de veiller sur le fonctionnement du marché.
Dans sa mission régalienne et son rôle de régulateur, comment un Etat sérieux peut-il d’ailleurs se laisser ainsi dépasser au point d’être submergé, alors qu’il est censé disposer des moyens de réguler un marché d’autant plus sensible.
Cette sempiternelle guéguerre entre industriels et commerçants sucriers demeure improductive. Il suffirait probablement de permettre à l’industriel local en l’occurrence la Css, de poursuivre son programme d’investissement en cours visant à accroître ses capacités de production et, ainsi, avec toutes les commodités permettant une exploitation optimale, mettre l’entreprise devant ses responsabilités d’approvisionnement correcte du marché, en respect du cahier des charges.