LA FINANCE ISLAMIQUE COMME ALTERNATIVE POUR LE DÉVELOPPEMENT
De part ses qualités et ses opportunités, les experts considèrent la finance islamique comme une alternative qui pourra impulser le développement dans les pays de l’espace Uemoa. Toutefois, il se pose un problème de réglementation appropriée.
Partant du constat qu’il existe une méconnaissance de la finance islamique, la Compagnie Indépendante de la Finance Islamique en Afrique (CIFIA) et le Centre de Recherche en Gestion des Entreprises (CREGE) ont décidé d’apporter des éclairages sur la question au cours d’un panel organisé le 11 juillet dernier à l’Ucad 2. Le thème «Réglementation Bancaire Et Pratique De La Finance Islamique Dans L’espace UEMOA, Contraintes Et Perspectives» a été exploré.
Ce fut l’occasion de montrer la performance de ce model de financement. « La finance islamique est le seul système qui a résisté à la dernière crise financière. Actuellement, l’ensemble de ses actifs font plus de 2.000 milliards de dollars alors qu’ils étaient de l’ordre de 826 millions en 2010 » a avancé le président de CIFIA, El Hadji Bara Diene, dès l’entame de la cérémonie. Le décor est alors planté pour justifier le contexte du panel. Il poursuit : «Les pays développés comme la France, l’Angleterre, l’Allemagne et les Etats-Unis font tout pour opérationnaliser la finance islamique à cause de ses avantages alors les pays en voie de développement comme les nôtres doivent comprendre son importance et l’adopter».
Abdou Karim Diaw, expert du domaine s’est attelé à expliquer la notion de Finance Islamique. « La finance islamique est une finance qui respecte l’essentiel des principes financiers conventionnels dans le respect strict des normes de la charia» a-t-il affirmé.
La finance islamique est une finance basée sur des principes religieux. Elle doit être en conformité avec les règles de transactions financière contenues dans la Charia. Selon le président de la CIFIA, El Hadji Bara Diène« c’est cette conformité qui donne à la finance islamique son caractère éthique. Ce qui lui permet de se mettre au service de l’humanité». Elle se veut une finance saine priorisant l’orthodoxie éthique que le profit à tout prix c’est-à-dire qu’elle ne vise d’intérêts.
Louant les qualités éthiques de la finance islamique, le président du comité scientifique du panel, Pr Ibrahima Samba Dankoko a insisté sur la nécessité pour le Sénégal de prendre à bras le corps des résolutions pour pouvoir expérimenter cette nouvelle finance qui « respecte l’Homme dans ses principes, ses produits et ses méthodes». Face aux besoins de financement du développement, il stipule : « La finance islamique est une alternative pour les pays en voie de développement qui pourront bien saisir les opportunités qu’elle offre »
Le principe du partage des profits et des pertes est l’un des points forts du système. Un principe qui prône l’équilibre de la gestion des risques contrairement à la finance classique où le banquier se protège dans un système de sûreté laissant le client seul devant le danger.
Au regard des différentes présentations, la principale contrainte qui endigue le déploiement de la finance islamique est l’absence de réglementation adéquate pour son application effective. En effet, les normes en vigueur au Sénégal en particulier et dans les autres pays de la communauté Uemoa sont éditées suivant les besoins de la finance conventionnelle et classique occidentale.
La réglementation bancaire de 2008 du Sénégal régit la finance classique et suppose l’intérêt. Elle ne prévoit pas une exception à la spécificité de la Finance Islamique qui exclut l’intérêt. C’est situation a amené M. Mballo THIAM, consultant en droit bancaire, participant au panel à s’interroger sur la possibilité de l’application de la Finance Islamique dans ce contexte. « Au préalable, il faut satisfaire les exigences d’ordres juridiques pour une bonne pratique de la Finance Islamique. »
Cette réalité ressort le poids de l’influence de la gouvernance externe mise en œuvre dans la régulation sous régionale avec des instruments de l’Uemoa et de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique des droits des affaires (OHADA), sur les tentatives de mise en œuvre de la finance islamique.
Ainsi obtient-on le point focal de la cérémonie. L’essentiel des débats se sont reposé sur les contraintes réglementaires et juridiques. Ils ont permis de dégager des pistes de suggestions aux autorités monétaires et bancaires pour l’aménagement d’un espace adapté à la finance islamique. Ce qui donnera aux populations sénégalaises et africaines l’opportunité de jouir des privilèges de cette finance mal exploitée car mal connue selon les panélistes.
Toutefois, certaines structures financière ont ouvert des brèches vers la finance islamique. Il s’agit en l’occurrence de la Banque Islamique du Sénégal, Pamecas, Melis Sarl. La signature des accords entre le gouvernement du Sénégal et la banque islamique de développement et la disposition d’une ligne de crédit sont des initiatives encouragent.
La tenue de ce panel s’inscrit dans le volet training des activités de CIFIA dont le but est de promouvoir la connaissance de la Finance Islamique dans le milieu intellectuel notamment universitaire.