"LA GAUCHE SENEGALAISE DOIT SE REQUINQUER POUR NE PAS DISPARAITRE"
SOULEYMANE GUÈYE CISSÉ, COORDONNATEUR DEPARTEMENTAL DE LA LD A RUFISQUE
Coordonnateur départemental de la ligue démocratique à Rufisque, Souleymane Gueye Cissé tient à voir une gauche solide capable de prendre les rênes du pays en 2022. Il dégage des pistes surtout pour son parti en pleine reconstitution selon lui. Aussi, le patron des « jallarbistes » rufisquois jette un regard critique sur la gestion de sa ville, Rufisque.
Il se pose actuellement à la ligue démocratique, un problème de leadership depuis le départ d’Abdoulaye Bathily de la tête de votre parti qui aujourd’hui, perd de plus en plus de son dynamisme. D’après vous, quel est réellement le problème ?
Je ne crois pas que le parti a perdu de son dynamisme. Il a récemment participé aux élections locales sur toute l’étendue du territoire. Il n’y a pas aussi un problème de leadership. C’est vrai que la Ld est dans une phase transitionnelle. En fait, notre secrétaire général, Mamadou Ndoye reste l’un des grands leaders de manière incontestable du pays. C’est un ancien leader syndical, un ancien ministre qui a de l’expérience, qui a duré dans le combat. Je crois que luimême a toujours incarné personnellement un leadership réel dans ce pays. Donc, je crois qu’il a été la personne la mieux indiquée pour gérer la transition. Parce que nous ne voulons pas que la Ld soit un second Pai. Il y a eu des renouvellements très forts au congrès passé. Certes on a mis à la tête Mamadou Ndoye qui est de l’autre génération. Mais quand même, notre génération et ceux sont un peu plus âgés que nous, dominent la première instance du parti qui est le comité central et même le bureau politique et aussi le secrétariat permanent. Donc, notre parti s’est beaucoup renouvelé. Et nous devons continuer parce que la Ligue démocratique représente le fer de lance de la gauche historique. Donc, nous sommes obligés de tenir bon et de mener une bonne transition pour que la gauche ne disparaisse pas.
Mais, avec la vieille génération qui la dirige actuellement, est-ce que la gauche sénégalaise a des chances de prendre e pouvoir un jour ? Est-ce que la gauche à un avenir certain ?
Oui. La gauche a un avenir. Les partis qui n’ont pas d’avenir perdent au fur et à mesure leurs produits. Nous qui vous parlons, nous sommes de purs produits de cette gauche. Je suis à la ligue démocratique depuis l’âge de 16 ans. Je ne l’ai quittée et je n’envisage pas de la quitter. C’est nous la génération de 1988 et je me rappelle bien, nous étions au lycée Abdoulaye Sadji. Nous avions porté en son temps le combat du mouvement étudiant. Nous avions été les véritables précurseurs des évènements politiques de 1988 et nul n’ignore le rôle que cette année a joué dans la démocratie sénégalaise parce que c’est 88 qui a généré les élections démocratiques et transparentes de 1993. Et c’est dans ce sillage là qu’on est allé vers la première alternance. Donc, c’est cette combinaison-là entre la génération de 1968 et celle de 1988, qui a amené l’alternance en 2000. D’ailleurs, c’était un moment extrêmement important pour le pays. Actuellement, nous de 88, notre combat n’est principalement pour la démocratie. Mais c’est principalement un combat pour le développement. Et génération accomplissant sa mission ou la trahissant, nous de 88, entendons accomplir cette mission. D’autant l’actuel président du Sénégal est né en 1961, en 2022, son remplaçant devra être trouvé dans notre génération. Mais d’ici, la gauche doit se requinquer.
Parlant de la ville et du département de Rufisque, bon nombre d’observateurs sont d’avis que la localité souffre de sa gestion. D’après vous, se pose-t-il réellement un problème de gestionnaires dignes de ce nom ?
Nous l’avons dit lors des dernières élections, Rufisque a mal voté. Si vous regardez bien, c’est ce qui était contesté qui a été reconduit. Cela est dû en parti en partie aux transferts d’électeurs. Je crois que l’Etat doit revoir cela parce que les centres d’inscriptions sont installés dans les communes et dirigés par des secrétaires municipaux. Dans cette situation, le maire en place a les cartes en main pour transférer le nombre d’électeurs qu’il veut et ce sont des politiciens professionnels. Certains ont abandonné leurs activités. Si vous voyez bien, à Rufisque Est, Albé Ndoye a quitté là où il travaillait. Donc, ce sont des gens qui font de la politique exclusivement.
Ils ont le temps de transférer et de reconduire le même système. Maintenant c’est éclaté parce qu’il n’y a pas de parti dominant et par des combinaisons, on a élu un maire qui avait 900 voix, qui était à la retraite politique. Et qui aujourd’hui vient continuer cette retraite à la municipalité. Je crois que pour diriger une collectivité locale, il faut avoir une certaine force physique, une certaine force mentale. Il y a aussi, à la commune de Rufisque, des forces obscures mises en place par le lobby canadien, des commerçants qui étaient des fournisseurs de la municipalité.
Donc, il y a toute une combinaison d’intérêts de lobbies et d’hommes d’affaire qui est arrivée. C’est ce qui fait mal. Les gens prennent la politique comme un moyen de promotion individuelle et individualiste. Si nous ne prenons garde, qu’on ne soit pas étonné qu’un vendeur d’héroïne venu d’ailleurs vienne demain diriger une ville du Sénégal. C’est ce qui fait que nous devons prendre nos responsabilités, mieux conscientiser les masses, mieux mobiliser pour faire face à ces fléaux-là.