LA GOUVERNANCE, UNE EXIGENCE URGENTISSIME
L'éclatement de l’"Affaire PAMECAS" a sonné comme un vrai électrochoc au sein du secteur de la microfinance au Sénégal. Tant par l’envergure de cette institution, de son poids dans le secteur (2ème rang), la personnalité de son patron emblématique, Mamadou Touré, une icône du milieu. Tombé de son piédestal après un autre Mamadou Touré, celui-là même qui a "fait" ce qui est devenu le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS). On dirait une malédiction...
Loin de là, la question est que le secteur de la microfinance a connu une progression fulgurante, brassant des fortunes (220 milliards FCFA de crédit) alors que les mécanismes de supervision et de contrôle n’ont pas suivi. Avant, c’était une simple Cellule qui s’occupait de la réglementation du secteur au sein du ministère des Finances. Heureusement, elle a été érigée en Direction avec un staff conséquent. Ce qui leur permet d’aller souvent sur le terrain pour contrôler l’action des mutuelles, rurales comme urbaines, qui ont énormément contribué à financer les activités génératrices de revenus des populations pauvres, environ 2 millions de bénéficiaires.
Aujourd’hui, la Banque Centrale s’intéresse davantage au secteur par la mise en œuvre d’un nouveau cadre juridique, un suivi ordonné des IMF en difficulté, une modernisation des systèmes d’information et de gestion, la consolidation du dispositif de surveillance et le renforcement de la viabilité des IMF. Bref, une amélioration de la gouvernance du secteur.
Le mot est lâché ! La gouvernance était le principal point d’achoppement d’un secteur, victime de son trop rapide succès. L’argent coulait à flots, le personnel était peu formé, mal payé et souvent démotivé. Certains dirigeants et administrateurs s’en mettaient plein la poche, "en veux-tu, en voilà"... Il est vrai que le secteur souffre d’un faible niveau de professionnalisation, de la défaillance des systèmes d’information et de gestion, de l’absence de logiciel performant et adapté, de la défaillance des organes de gouvernance, d’un développement organisationnel non maîtrisé, d’un déficit de la qualité des ressources humaines...
Et ce qui devait arriver ne tarda point à survenir. Le secteur est aujourd’hui sous surveillance stricte des autorités qui ont engagé un plan d’assainissement, un système de contrôle et un dispositif de règles de conformité inspirées des normes internationalement reconnues, un Code d’éthique et de déontologie, validé par tous les membres de leur association professionnelle (AP/SFD). Il urge aussi de moderniser et renforcer les capacités des instances et organes délibérants pour leur permettre de jouer pleinement le rôle d’orientation stratégique, de suivi et de contrôle qui leur est dévolu.
Sur un autre plan, dans le sillage du Sommet de l’OIF, s’est tenu à Diamniadio, le 1er Forum économique de la Francophonie avec un agenda très clair : "une Union économique francophone à bâtir et des opportunités de développement économique à saisir". La question est de savoir comment dynamiser ce potentiel de la communauté économique francophone et mettre l’Afrique au cœur du rendez-vous de l’émergence ? Auparavant, à Saly, la Fédération Internationale des Experts comptables francophones a organisé ses Assises sur le thème : "Economie informelle et économie émergente : la profession comptable francophone s’engage". Et les conclusions ont été portées à l’attention des dirigeants de la Francophonie, présents à Dakar...