La lutte contre la corruption en exergue dans les quotidiens
Dakar, 22 mars (APS) - Les quotidiens traitent vendredi de la volonté réaffirmée du chef de l'Etat sénégalais Macky Sall de lutter davantage contre la corruption dans l'espoir de l'éradiquer, le sujet idéal pour un retour sur la traque des "biens mal acquis", serpent de mer de l'actualité nationale ces dernières semaines.
"Macky Sall met un doigt sur les niches de corruption", note Sud Quotidien, en faisant état de la "+volonté ferme et infaillible+" renouvelée du chef de l'Etat "de lutter et d'éradiquer, surtout au sein de l'administration, toutes pratiques contraires à la loi, quelle que soit leur forme d'expression (…)". Le président de la République a fait cette déclaration, la veille à Matam, lors de la réunion du conseil des ministres décentralisée dans cette région nord du Sénégal. A cette occasion, il "n'a pas manqué d'attirer +l'attention du collège des ministres sur les niches et pratiques de corruption incompatibles avec la dynamique d'ancrage de la bonne gouvernance+", souligne Sud Quotidien.
"Macky interpelle ses ministres" sur la lutte contre la corruption dans l'administration, relève à son tour Direct Info. "Le président Macky Sall est déterminé à combattre la corruption. Il a enjoint ses ministres à enfourcher le cheval de la guerre contre ce fléau aux conséquences désastreuses. Pour qu'on ait plus ces +seguragate+. Il y va de l'honorabilité et de la crédibilité de notre pays. Le peuple anonyme applaudit certainement à cet acte", commente ce journal.
"Macky avertit et menace", renchérit Rewmi quotidien. "Le successeur de Wade à la tête du pays veut (inverser) la tendance. Conscient du fort taux de corruption enregistré (notamment) dans l'administration publique, le chef de l'Etat a profité du conseil des ministres décentralisé de Matam pour mettre en garde son gouvernement et les membres de l'administration", écrit-il. "Macky Sall a réaffirmé sa volonté ferme et infaillible de lutter et d'éradiquer toutes les pratiques contraires à la loi, quelle que soit leur forme d'expression, parce qu'incompatibles, dit-il, avec la dynamique d'ancrage de la bonne gouvernance qui constitue une orientation majeure de sa politique", ajoute Rewmi quotidien.
De fait, "Le +Wade sans Wade (est) en marche", estime La Tribune via sa manchette du jour. Le journal évoque ainsi la persistance de certaines pratiques décriées sous le régime de l'ancien président Abdoulaye Wade. "Quand l'APR ressuscite le PDS", souligne ce quotidien, en laissant entendre que surfacturations, gré à gré et deals persistent sous le nouveau régime également. "Le feuilleton de la traque des biens mal acquis qui avait tenu le peuple sénégalais en haleine commence à livrer ses secrets. Le procureur spécial Alioune Ndao a accordé un délai d'un mois à Karim Wade pour qu'il justifie sa fortune estimée à 694 milliards de francs CFA. Seulement, au même moment, le nouveau régime est aussi accusé des mêmes tares que le pouvoir déchu : gré à gré, corruption, deals… de sorte que la rupture semble prendre des allures de déjà vu", écrit le journal.
L'Observateur ouvre sur le serpent de mer de l'actualité nationale ces dernières semaines. "La vérité sur l'arrêt de la CEDEAO", affiche le quotidien du groupe Futurs médias, en allusion à la décision de la Haute Cour de justice sous-régionale de lever l'interdiction de sortie du territoire national frappant certains responsables de l'ancien régime suspectés d'enrichissement illicite. "Malgré les déclarations urbi et orbi de l'Etat du Sénégal, du ministère de la Justice particulièrement, de n'avoir pas encore reçu la notification de l'arrêt de la CEDEAO, L'Observateur a mené sa petite enquête et (est en mesure de prouver) le contraire. L'Etat du Sénégal a bien reçu la notification de l'arrêt de la Cour sous-régionale, depuis presque un mois", écrit ce quotidien. Seulement, le gouvernement sénégalais "ne trouve pas officielle la notification qui lui a été faite, par les avocats du PDS, de l'arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO condamnant l'Etat du Sénégal pour +violation de la liberté d'aller et venir+ à (l'encontre de) certains dignitaires de l'ancien régime.
Pendant ce temps, "Vieux Aïdara en gros plan à la CREI", la Cour de répression de l'enrichissement illicite, rapporte Le Quotidien. "Après Karim Wade, Vieux Aïdara a reçu une mise en demeure du procureur spécial. (Vieux Aïdara) est invité, dans un mois, à justifier les 2,587 milliards d'actifs et 10 millions de capital de Canal Infos dont Karim Wade serait l'unique bailleur. Encore un canal qui mène vers le fils de Wade que le procureur a emprunté", écrit le journal.
Suivant la même perspective, Libération évoque un rebondissement dans l'affaire des commissions versées lors de l'attribution en 2007, à Sudatel, de la troisième licence de téléphonie. "Le doyen des juges veut X déjà identifié, Kéba Keindé et la saisie des biens de TOS (Thierno Ousmane Sy)", l'ancien conseiller de Wade déjà inculpé dans cette affaire. "Identifier X, faciliter avec tous les services amis la mise aux arrêts de Kéba Keindé objet d'un mandat d'arrêt international et répertorier tout bien enregistré au nom de TOS (Thierno Ousmane Sy). C'est la mission que le doyen des juges d'instruction a confiée aux gendarmes enquêteurs de la section de recherches (SR) de Dakar de la gendarmerie dans une délégation judiciaire communiqué via le cabinet du ministère public", rapporte le journal.
Un scandale peut en cacher un autre, comme suggéré par Le Populaire. "Karim Wade-Ema Industries : un autre scandale à l'aéroport", affiche en effet ce journal, au sujet d'un projet d'exploitation du hangar de maintenance d'avion de l'aéroport de Dakar dont la gestion a été accordée par une société coachée par Karim Wade, selon le journal. "Dans les menées de Karim Wade à l'aéroport, un dossier qui va faire du bruit parce que relevant de la façon désinvolte avec laquelle, il réglait ses affaires. Quand le prince voulait quelque chose, c'est un crime de lèse-majesté que de n'accéder à ses désirs", écrit Le Populaire. Entre autres griefs, "Ema Industries dispose de toutes sortes de dérogations fiscales pour (…)" la bonne marche de ses activités.