LA MÉDIATION PÉNALE, UNE INSULTE AU PEUPLE SÉNÉGALAIS
ABOUBAKRY MBODJI, SG DE LA RADDHO
La célébration de la Journée internationale de la démocratie s'est tenue, hier, dans un hôtel de la place. Une occasion pour le secrétaire général de la RADDHO d’exprimer sa désapprobation par rapport à la médiation pénale qu’il considère comme “une insulte au peuple sénégalais.”
La tournure que prend la traque des biens mal acquis est négativement appréciée par le secrétaire général de la RADDHO, Aboubakri Mbodji, qui fustige la médiation pénale. Pour lui, ''il ne doit pas y avoir de médiation pénale, parce que c'est une insulte au peuple sénégalais''. Il trouve, que “c'est une limite objective à la démocratie sénégalaise'' dans la mesure où cette procédure permet aux dignitaires de l’ancien régime d’échapper à la prison après avoir restitué une partie de l’argent volé. “L’argent n’appartient pas aux députés, ni au président de la République, mais au peuple sénégalais”, déclare M. Mbodji.
C’était, hier, à l’occasion de la journée internationale de la démocratie, organisée par la RADDHO et le Centre de la démocratie et du développement (Cdd) avec le soutien d' OSIWA. Cette rencontre a été l’occasion pour le secrétaire général de la RADDHO de critiquer le gouvernement dans son architecture actuelle. Selon lui, la nomination d’un ministre de la Justice ''ne relève pas de la démocratie'', car ce dernier est “membre du gouvernement alors qu'il doit gouverner la hiérarchie judiciaire du pays''. ''On aurait souhaité quand même qu'il y est une entité juridique totalement déconnectée du gouvernement pour assurer l'indépendance de la justice'', propose-t-il.
Revenant sur le thème ''Faire mieux connaître la voix de la démocratie'', M. Mbodji dit ne pas trop se faire du souci pour la démocratie sénégalaise, car elle est sur la ''bonne voie''. ''Le Sénégal a connu l'ouverture démocratique en 1974, dit-il. ''Notre pays est parmi les pays africains -je ne dirais pas de l'Afrique de l'Ouest- qui n'a jamais connu de coup d’État''. Avant de poursuivre : ''Notre Sénégal a toujours privilégié le dialogue et la concertation. Ce qui fait que si on le compare avec les autres pays d'Afrique qui ont connu le coup d’État, nous y avons échappé''.
Cependant, tout n’est pas parfait. Et M. Mbodji en est conscient ''Nous sommes de jeunes démocraties, mais il y a des acquis substantiels qu'il faut toujours noter mais il y a également beaucoup de choses qui restent à faire'', explique-t-il. Parmi ces choses, il y a le ''respect (des) principes fondamentaux de la démocratie qui se fonde sur le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple''.
Mais aussi ''la séparation des pouvoirs'' et ''l'indépendance des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire''. Sous cet angle, explique le secrétaire général de la RADDHO, notre ''démocratie est balbutiante''. Dans la même veine, le successeur d'Alioune Tine demande aux chefs d’État de respecter strictement les instruments internationaux, régionaux, sous-régionaux et nationaux en matière de démocratie et de droits humains.
“En 2007, l’Union africaine (UA) a adopté la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Mais l’État sénégalais ne l’a pas encore ratifié. Nous l’invitons à le faire dans les meilleurs délais”. L'objectif de cette rencontre, selon M. Mbodji, est d'attirer l'attention de la communauté internationale sur l'importance de la voix des citoyens dans le débats politiques, économiques et sociaux, qu'elle soit exprimée directement ou par le biais de leur représentants élus.